FIL INFO – Alors que la feuille de route tracée par le préfet pour tenter de juguler la pollution de l’air dans la cuvette grenobloise doit être soumise au vote des conseillers métropolitains ce vendredi 6 avril, deux élus montent au créneau. Et réclament un audit des actions entreprises par la Métro.
La France et, derrière, la Métro vont-elle s’épargner une amende pour leur incapacité à lutter contre la pollution de l’air ? Alors que l’épée de Damoclès de Bruxelles se rapproche doucement des têtes, l’heure est au colmatage.
Illico presto, les préfets ont été priés de tracer une feuille de route déclinant tout un tas de mesures censées rassurer la Commission européenne sur l’efficacité, ou tout du moins la bonne volonté, des pouvoirs publics. À Grenoble, cela donne une compilation de 65 actions plus ou moins nouvelles, plus ou moins convaincantes, plus ou moins abouties aussi.
Des mesures qui n’ont qu’à moitié convaincu les élus grenoblois le 26 mars dernier. Ce qui n’a pas empêché les conseillers municipaux de voter la feuille de route dans leur très grande majorité. L’heure n’est manifestement pas aux tergiversations…
Un plan d’actions élaboré à la hâte
Vendredi 6 avril, rebelote. Revoilà la feuille de route du préfet, cette fois sur la table des conseillers métropolitains. D’ores et déjà, ça tousse dans les travées. Notamment du côté des deux élus du groupe Indépendants de gauche, Jeanne Jordanov et Georges Burba. Pour eux, le plan d’actions a été élaboré « à la hâte » et ils peinent à voir dans les actions mises en œuvre par la Métro des résultats suffisamment tangibles.
« Il est aujourd’hui nécessaire de comprendre comment et pourquoi la Métropole, première agglomération à l’échelle nationale à se doter d’un plan Climat dès 2005 et encore citée en exemple en 2014, est depuis devenue une des zones sanctionnées par l’Union européenne », soulignent les deux élus dans un communiqué.
Est-ce à dire que toutes les mesures mises en route, tous les efforts déployés, n’ont servi à rien ? Pour y voir clair dans ce catalogue de mesures, plans, schémas et autres labels qui se sont empilés depuis des années, Jeanne Jordanov et Georges Burba réclament un audit des actions entreprises. Et s’interrogent.
Pourquoi la Métro a en 2016 perdu son label Cit’ergie* alors que, dans le même temps, des villes comme Grenoble, Fontaine ou Échirolles se sont engagées dans cette même démarche ? Pourquoi la mise à jour du plan Air énergie climat, qui doit être terminée d’ici décembre 2019, a pris trois ans de retard ?
Pourquoi aucune étude indépendante n’a encore été finalisée quant aux impacts de l’opération Cœurs de ville, cœurs de métropole sur la qualité de l’air (CVCM) ? Cette étude, elle est toutefois sur les rails… Depuis début 2018, Atmo Auvergne Rhône-Alpes mène une vaste campagne de mesures qui s’étendra sur l’année, au-delà du périmètre de CVCM, pour mieux mesurer les effets de potentiels reports de circulation. Étude qui devrait délivrer ses résultats début 2019.
En attendant, la roue tourne. Et Bruxelles s’impatiente. Ne peut-on pas aller plus vite ? Si, répondent les deux élus de gauche. En misant sur la prime air-bois pour renouveler le parc d’équipements de chauffage non polluants. En fixant à 2022 la limite obligatoire pour le remplacement de tous les appareils pas aux normes et en mettant à l’amende les contrevenants. Mais aussi en améliorant et en augmentant de manière « conséquente » l’offre de transports en commun, le tout accompagné d’une politique tarifaire ambitieuse.
A suivre… Ce 5 avril, le syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise arrête son très attendu projet de plan de déplacements urbains 2018 – 2030. Après dix ans d’errements politico-administratifs et judiciaires…
PC
* Le label récompense les collectivités en Europe engagées dans la mise en œuvre de politiques énergétiques et climatiques considérées comme exemplaires.