REPORTAGE VIDÉO – L’appel à la grève lancé par l’intersyndicale du groupe Carrefour, en réaction au plan « Carrefour 2022 » menaçant 2 400 emplois, a été très largement suivi par les salariés des hypermarchés de l’agglomération grenobloise. Le mouvement, inédit, va se prolonger durant tout Pâques, deuxième plus gros week-end en matière de chiffre d’affaires. Le début d’un bras de fer pour les salariés qui ne digèrent toujours pas les 356 millions d’euros distribués aux actionnaires du géant de la distribution.
Les clients qui se sont rendus dans les enseignes Carrefour de l’agglomération grenobloise ont dû faire contre mauvaise fortune bon cœur ce samedi 31 mars, jour de très forte affluence marquant le début du week-end de Pâques. Devant les entrées, de nombreux salariés avaient en effet répondu présents suite au mot d’ordre de grève générale lancé par l’intersyndicale FO, CGT et CDFT.
L’objet de cette ébullition sans précédent ? La lutte contre le plan choc « Carrefour 2022 » d’Alexandre Bompard, PDG du groupe. Un plan qui met en péril, selon les syndicats, 2 400 emplois et prévoie restructurations, fermeture de magasins ou mise en location-gérance d’enseignes de proximité.
Ajoutez à cela les projets d’automatisation des caisses, et les revendications salariales d’employés dont la plupart, malgré leur ancienneté, perçoivent tout juste un Smic. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la division par dix, cette année, de la prime de participation aux bénéfices.
De nombreux métiers « en danger » dans le groupe Carrefour
Sur les tracts distribués aux clients surpris, certains même un peu énervés, les grévistes expliquent leur démarche. Et que de nombreux métiers sont « en danger » dans le groupe. Notamment les employés préposés aux caisses menacés par des caisses automatiques déjà opérationnelles dans certains établissements.
Quant aux rayons électroménager, culture, textile, bazar et Drive, ils sont également dans la tourmente, Alexandre Bompard envisageant de les confier à la sous-traitance « au détriment de la qualité du service », estiment les syndicats.
C’est donc pour « éviter une casse sociale historique » et préserver leur pouvoir d’achat que durant toute la journée, les salariés ont déambulé dans les galeries avant de bloquer complètement l’accès des rayons aux clients. Dans d’autre hypermarchés comme notamment celui de Saint-Égrève c’est même à une fermeture totale du magasin que se sont heurtés les clients pas toujours très compréhensifs.
Pour autant, « la plupart comprennent et soutiennent le mouvement », nous confie Patrice Brun, délégué CGT à Carrefour Meylan. Retour en images sur quelques séquences de cette première journée de grève au magasin Carrefour de Meylan.
« Les magasins avaient anticipé mais pas pour les produits frais »
Quid de l’approvisionnement ? « Les entrepôts sont fermés depuis 48 heures maintenant et donc le réassort ne se fait plus », déclare un responsable CGT. Quelques clients matinaux ont tout de même pu accéder à des rayons achalandés avant que l’entrée ne soit bloquée… à l’exception des produits frais.
« Les magasins avaient anticipé mais pas pour ce qui concerne ces produits comme les commandes de poisson, de viandes. C’est de l’ultra-frais, il faut que ce soit vraiment au jour le jour », nous explique un chef de rayon.
Quid de la suite ? Le mouvement va durer jusqu’à ce lundi 2 avril. « Après, chaque magasin a mis en place le mouvement de façon différente mais la CGT a anticipé la possibilité d’un conflit à long terme sachant qu’il est peu probable que les choses évoluent vite car il y a beaucoup de points à régler », nous apprend Patrice Brun, délégué CGT.
Notamment pour ce qui concerne les négociations salariales gelées jusqu’alors mais qui viennent de reprendre avec la direction. Le syndicaliste ne se montre toutefois guère optimiste. « La plupart du temps, elle [la direction, ndlr] impose ses décisions et n’en déroge pas », déplore-t-il. L’objectif ? Parvenir à un accord sur un montant de 1 800 euros bruts « ce qui n’est pas excessif puisque nous avons calculé que ça correspond exactement aux besoins d’un ménage moyen ».
Sollicitée, la direction de Carrefour Meylan n’a pas souhaité s’exprimer.
Joël Kermabon