FOCUS - L'université de Grenoble est-elle allée trop loin en demandant l'intervention de la brigade anti-émeutes le 22 mars dernier pour disperser les manifestants à un colloque Frontex organisé sur le campus ? Alors que les responsabilités dans l'envoi des forces de l'ordre ne sont pas complètement éclaircies, la nécessité et la manière dont ont été conduites les opérations, qui ont fait une dizaine de blessés, posent question. Des étudiants et enseignants réclament une enquête.
Commencé pacifiquement, le rassemblement s'est terminé avec l'intervention de la police anti-émeute © Giovanna Crippa- Place Gre'net
Ils sont près de deux cents, étudiants et enseignants de l'Université Grenoble Alpes mais aussi d'autres campus en France ou simples citoyens. Tous ont une signé une lettre ouverte adressée à la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche pour demander l'ouverture d'une enquête de responsabilités après les violences qui ont émaillé jeudi 22 mars la tenue du colloque « De Frontex à Frontex ».
Objectif : faire la lumière sur les responsabilités dans l'envoi de policiers anti-émeutes sur le campus. Sur la nécessité et la manière dans la conduite de l'opération aussi. Une intervention que les signataires jugent disproportionnée et qui s'est soldée, selon leur décompte, par une dizaine de blessés parmi la centaine de manifestants présents ce jour-là.
Une demande de réquisition des forces de l'ordre signée de l'université de Grenoble
Qui a, le 22 mars, demandé l'intervention des forces de l'ordre ? À ce moment-là, le président de l'université avait botté en touche, renvoyant la responsabilité sur le préfet de l'Isère. Au conseil d'administration le lendemain matin, Patrick Lévy avait enfoncé le clou. Interpellé par la FSU, il avait alors répondu ne pas être à l'origine de la demande d'évacuation des manifestants.
Dans un communiqué, la FSU va plus loin. Selon elle, le président – qui n'a pas souhaité s'exprimer – se serait dit prêt à rappeler au préfet ses prérogatives en tant que président d'université sur la question de la présence policière sur le campus et dans le bâtiment universitaire. Prêt également à recueillir tous les témoignages et faire, lui aussi, la lumière sur ce qui s'est passé.
Les forces de l'ordre n'avaient-elles rien à faire sur le campus, avant et pendant le colloque ? C'est oublier que la police peut conduire ses missions de surveillance sur tout le territoire, tant sur les espaces privés que publics, nous fait-on remarquer en préfecture.
C'est oublier surtout que la direction de l'université a bien ce jeudi 22 mars, jour du colloque, demandé la réquisition des forces de l'ordre, comme le montre la lettre adressée au préfet que nous nous sommes procurée…
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