FIL INFO – Les députés européens ont demandé lundi 12 mars l’ouverture d’une enquête sur les conditions de la nomination du chef de cabinet de Jean-Claude Junker au rang de secrétaire général de la Commission européenne. Pour la députée européenne du sud-est Françoise Grossetête (LR), avec cette nomination, l’Europe se tire une balle dans le pied.
La députée européenne Françoise Grossetête, conseillère régionale Rhône-Alpes jusqu’en 2015 (LR), est sortie de ses gonds lors du débat lundi 12 mars autour de la nomination très contestée, il y a trois semaines, de Martin Selmayr, le chef de cabinet allemand de Jean-Claude Junker au rang de secrétaire général de la Commission européenne.
« Les institutions de l’Union européenne n’appartiennent pas aux hauts fonctionnaires mais aux citoyens. Les premiers sont là pour servir les seconds, pas pour se servir eux-mêmes, ce dont la Commission est responsable devant le Parlement », a vilipendé la vice-présidente du Parti populaire européen (PPE), le groupe conservateur à qui le président de la Commission européenne doit en grande partie sa nomination.
A Bruxelles, il ne reste plus grand monde pour soutenir Martin Selmayr. Dans l’hémicycle du Parlement européen, il ne restait même plus personne ce 12 mars. Pas même Jean-Claude Junker… notablement absent des débats. Les députés européens réclamaient pourtant que la transparence soit faite sur les raisons de la nomination du haut-fonctionnaire allemand, certains y voyant même un coup d’État.
« Quoi de mieux pour donner du grain à moudre aux eurosceptiques ? »
« Ce débat autour de l’affaire Selmayr laisse croire que des fonctionnaires non élus prendraient de facto les rênes de l’institution au nez et à la barbe de commissaires prévenus en dernière minute », soulignait la députée européenne Rhône-Alpes, Paca, Corse.
De fait, comme le souligne Jean Quatremer dans Libération, le commissaire allemand Gunther Oettinger, chargé de l’administration, aurait découvert la veille la manœuvre du collège des commissaires validant en moins d’une minute la promotion de Selmayr de la fonction de directeur à celle de secrétaire général adjoint – un poste pour lequel il était l’unique candidat –, puis à celle de secrétaire général après la démission “surprise” du titulaire de la fonction.
En pleines négociations de sortie de la Grande-Bretagne et à un an des élections européennes, l’affaire est du plus mauvais effet. « Franchement, nous nous tirons une balle dans le pied !, s’est exclamée Françoise Grossetête. Quoi de mieux pour nourrir le discours anti-élites ? Quoi de mieux pour donner du grain à moudre aux eurosceptiques et entretenir le mythe d’une Europe technocratique dirigée derrière des portes closes ? »
Au terme du débat, le Parlement a décidé de confier à la commission du contrôle budgétaire une enquête sur les conditions de la nomination de Martin Selmayr. En avril, les députés européens décideront s’ils votent une résolution qui pourrait aller jusqu’à placer la Commission sous surveillance.
PC