EN BREF – En multipliant sa production d’énergies renouvelables par trois d’ici 2020, Gaz Électricité de Grenoble ambitionne de couvrir la consommation électrique d’une ville comme Grenoble en quatre ans. En misant à fond dans l’éolien. Mais pas dans les Alpes…
Grâce à un plan d’investissement de 125 millions d’euros, Gaz Électricité de Grenoble ambitionne de couvrir d’ici 2022 en énergies renouvelables l’équivalent de la consommation d’une ville comme Grenoble. L’entreprise locale de distribution, qui fournit la capitale du Dauphiné en électricité mais également depuis 2017 onze autres communes iséroises et savoyardes*, compte multiplier par trois sa production d’énergie verte.
De 144 GWh, obtenus essentiellement grâce à l’hydroélectricité, la production devrait, d’après les plans de GEG, atteindre 398 GWh dans quatre ans du fait notamment du boom de… l’éolien. À elle seule, l’énergie éolienne, qui fournit aujourd’hui 16 GWh, devrait représenter demain… 209 GWh, soit plus de la moitié de la production. Elle détrônerait alors même l’hydraulique, fournisseur historique dans les Alpes.
GEG veut faire tourner cinq parcs éoliens
« L’éolien est le plus générateur d’opportunités », souligne la directrice générale de GEG, Christine Gochard. GEG va donc mettre les bouchées doubles. Car, pour l’heure, elle ne fait tourner qu’un parc, à Rivesaltes, dans les Pyrénées orientales. Demain, l’électricien grenoblois espère en développer quatre autres, en Picardie, dans la Somme, l’Oise et l’Est de la France, et s’affranchir des résistances locales. « Pour certains projets, il y a quelques oppositions locales, reconnaît Christine Gochard mais d’autres sont purgés de recours. »
Demain, l’énergie produite par GEG sera donc verte. Mais plus si locale. En attendant, la société grenobloise semble confiante. Elle faisait en tout cas bonne figure vendredi 9 mars devant un parterre de partenaires et d’élus. Il faut dire que GEG a réussi une belle opération en ramenant en peu de temps sous son giron onze régies municipales. Après Allevard en 2017, dix régies viennent en effet de tomber dans son escarcelle, il y a quelques jours. De quoi damer le pion à Enedis (ex-ERDF).
Cela devrait pour l’instant s’arrêter là. Les autres communes du département ? Il leur est impossible pour l’heure de fusionner avec GEG, légalement parlant. « La loi n’autorise pas celles qui ne sont pas en régie à quitter Enedis », nous expliquait ainsi en amont de la petite réception Vincent Fristot, le président de GEG, également adjoint à la ville de Grenoble en charge de l’urbanisme, du logement, de l’habitat et de la transition énergétique.
Une nécessaire décentralisation énergétique pour Eric Piolle
« Les énergies renouvelables sont l’avenir de l’énergie, estime le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle. Elles sont ici capables d’être produites en quantité suffisante pour alimenter Grenoble. Mais à l’échelle nationale, nous ne pouvons pas faire le changement nécessaire. Faisons en sorte que cette décentralisation énergétique devienne une réalité. »
En attendant, trois équipements sont entrés en service début 2018. Outre la centrale hydraulique de Bozel en Savoie et le parc solaire de Susville, au sud de l’Isère, les ombrières photovoltaïques installées sur trois parking-relais à Gières, Seyssins et Vif ont démarré leur production. De quoi donner des ailes à GEG ?
Patricia Cerinsek
* GEG dessert en tout trente-sept communes en Isère et en Savoie, en électricité, gaz naturel ou propane.