FIL INFO – L’association pour le développement des transports en commun de Savoie interpelle Nicolas Hulot et Élisabeth Borne après les recommandations du Conseil d’orientation des infrastructures de différer le chantier des accès au Lyon-Turin.
L’association pour le développement des transports en commun (ADTC) de Savoie ne trouve pas à son goût le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI). Rapport qui recommande de remettre à plus tard les accès ferroviaires au Lyon-Turin pour se concentrer sur la modernisation de la ligne Dijon-Modane,
Elle vient donc d’adresser un courrier aux ministres de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot et aux Transports, Élisabeth Borne.
Entre les renforcements d’installations électriques et l’amélioration de l’exploitation, moderniser le tronçon Dijon-Ambérieu-Chambéry-Montmélian-Saint-Jean-de-Maurienne coûterait 700 millions d’euros, dixit le rapport. Étalée dans le temps, cette opération permettrait d’apporter « une première réponse à la problématique du contournement ferroviaire lyonnais pour les trafics nord-ouest/sud-est, tout en soulageant le nœud lyonnais, et aux besoins liés à l’ouverture le moment venu du tunnel international du Lyon-Turin ».
Un montant sous-estimé pour l’ADTC. Qui fait remarquer qu’il n’inclut ni les aménagements nécessaires à la protection du lac du Bourget, ni l’ajout d’une troisième voie, « au minimum », pour la traversée du nœud ferroviaire de Chambéry.
Pour l’ADTC, ce doublement de voies ne permettra pas de concurrencer la route
Quant à l’étude, préconisée par ce panel d’élus et d’experts, de solutions pour disposer d’une infrastructure à deux voies circulables à vitesse performante entre Saint-André-le-Gaz et Chambéry, elle existerait déjà pour l’association savoyarde.
« Cette étude a déjà été réalisée en 1997 par la SNCF, dans le cadre des accès au tunnel de base au Lyon-Turin, fait remarquer Jérôme Rebourg, président de l’ADTC Savoie et membre de la FNAUT Auvergne Rhône-Alpes. Elle indique que le coût des aménagements de l’infrastructure serait d’environ 600 millions d’euros pour un relèvement de la vitesse de 90 km/heure à 120 km/heure et un gain de temps de 5 minutes. »
« Ces 600 millions sont à majorer fortement, du fait de l’évolution des normes, en particulier pour traiter les quarante passages à niveaux, et de l’urbanisation largement renforcée depuis 1997. » Pour l’ADTC, ce doublement ne permettra pas de concurrencer la route, et notamment l’A43, « beaucoup plus directe vers Lyon ».
L’ADTC demande une réunion en urgence avec la SNCF
L’association, qui se dit « sidérée » par les préconisations du COI, demande la tenue d’une réunion avec la SNCF afin de connaître la disponibilité des sillons fret pour la traversée de Chambéry « sans supprimer de TER et TGV aux heures de pointe ». Pour l’ADTC, le nœud ferroviaire de Chambéry est dans l’incapacité d’absorber autant de trafic, couplée avec l’augmentation en 2017 des poids-lourds vers l’Italie : + 8 % via le tunnel du Mont-Blanc et + 4,8 % via le tunnel du Fréjus.
« Ces 80 000 poids-lourds supplémentaires correspondent à plus de deux fois le nombre de poids-lourds embarqués par les cinq navettes quotidiennes (par sens) de l’autoroute ferroviaire alpine entre Aiton, après Chambéry et Ambassano, en Italie », calcule l’ADTC. À ce rythme et simplement pour absorber cette hausse, il faudra ajouter plus de cent trains par jour sur la ligne historique, à l’ouverture du tunnel de base en 2029. »
PC