FOCUS – La biennale Experimenta, organisée par l’Hexagone scène nationale arts sciences de Meylan, a lieu cette année du 1er au 10 février. Stands, conférences et spectacles y croisent les sciences et les arts, selon le credo désormais bien identifié de la salle. Aperçu sélectif.
Sans doute avez-vous déjà repéré la biennale portée par l’Hexagone scène nationale arts sciences. De même que le salon Experimenta qui, lui, a lieu chaque année dans la Maison Minatec, au moment de la fête de la science. À l’automne donc.
Attention, en 2018, l’Hexagone rebat ses cartes et lance la biennale Experimenta – qui embrasse le salon du même nom, toujours à Minatec, une série de conférences et une dizaine de spectacles – non plus en octobre, comme à l’accoutumée, mais du 1er au 10 février.
Le credo de la biennale reste, lui, inchangé : présenter des stands et des tables rondes (pour le salon) ainsi que des spectacles dans diverses salles de l’agglomération, dont l’Hexagone de Meylan, bien sûr. Ces temps, résultant de la rencontre de scientifiques et d’artistes, débouchent le plus souvent sur des réflexions éminemment actuelles, la scène nationale ne se faisant pas le chantre du progrès technologique à tout crin.
En témoigne notamment la conférence malicieusement nommée « Gafa vous ! », organisée samedi 10 février à la Minatec. Les intervenants y évoqueront la brûlante question des données personnelles exploitées par les quatre géants du web que sont Google, Apple, Facebook et Amazon (les fameux “Gafa”).
La noce des cultures ancestrales et technologiques
« Les rituels vaudou ont été très galvaudés. Dans le spectacle, on est au plus proche du rituel authentique », prévient Nicolas Ticot, qui signe la mise en scène de Digital Vaudou (jeudi 1er février à l’Hexagone). Le titre prend des allures d’oxymore.
Comment s’approcher des formes traditionnelles de la culture vaudou d’Afrique de l’Ouest en les frottant aux nouvelles technologies ? Ces dernières prennent ici la forme de projections à 360 degrés sur un tulle encerclant le danseur et chorégraphe Vincent Harisdo. Lui apporte sa connaissance de la culture vaudou et par là-même valide le propos du metteur en scène quant à l’authenticité du spectacle.
Des propositions d’artistes occidentaux tentant de représenter les aspects les plus traditionnels du culte vaudou, ce danseur originaire du Bénin en reçoit. S’il a accepté celle-ci, c’est bien à condition de ne pas mystifier cette culture.
Comment s’explique-t-il, du reste, l’engouement que le monde occidental lui voue ? « Les Occidentaux sont blasés. Ils ont mais veulent être, au contraire des Africains qui sont mais veulent avoir », avance Vincent Harisdo, avant de citer la fameuse phrase que l’on attribue à André Malraux : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. »
Reste à voir si cette culture ancestrale trouvera un terrain d’échange favorable avec les nouvelles technologies qui émaillent la scénographie du spectacle.
Adèle Duminy
COUP DE CŒUR
Si vous ne connaissez pas encore le nouvel équipement culturel le Déclic, dont s’est dotée récemment la ville de Claix, c’est l’occasion d’y faire un tour.
Le Projet Stroh-Linden / Kolkowski – # 9, de la Fausse compagnie, y est programmé vendredi 9 février. Voilà cinq ans que cette compagnie développe son projet Stroh.
L’adjectif renvoie aux instruments du même nom, à savoir des instruments à cordes et à pavillons. Ce système d’amplification mécanique touche d’abord le violon, créé par Mr Stroh à Londres à la fin du XIXe siècle, avant de s’étendre à d’autres instruments à cordes comme la contrebasse ou le violoncelle.
Le hic, c’est qu’on n’en trouve plus des masses en circulation, ce qui rend ces instruments terriblement onéreux. La Fausse compagnie s’est donc lancée dans une opération de reconstruction, aidée en cela par différents luthiers. En résulte un Strohband inédit qui étonne autant par l’unicité de ses instruments que par la beauté de ses expérimentations musicales et sonores. Pour les rétifs aux technologies numériques, plus représentées dans la programmation de la biennale, c’est le moment de prendre un bol d’air pur.
Le Déclic, Claix, à 19 heures – Tarifs : 5 ou 10 euros
Infos pratiques
EXPERIMENTA, LE SALON
du 8 au 10 février à la Maison Minatec – Entrée libre
EXPERIMENTA, LE FORUM
du 8 au 10 février – Entrée libre
Onze tables rondes
EXPERIMENTA, LES SPECTACLES
du 1er au 10 février