FOCUS – Alors que la qualité de l’air en France, notamment à Grenoble, est plus que jamais d’actualité, la Ville organisait ce jeudi 25 janvier sa journée de la qualité de l’air intérieur en partenariat avec le Réseau français des villes santé (RFVS) de l’OMS. Une journée qui a débuté par la visite du « site exemplaire » de l’école Simone Lagrange dans le quartier de la Presqu’île, dont l’ouverture est prévue pour la rentrée 2018.
« Quand les enfants viennent à l’école, il ne faut pas qu’ils repartent plus malades », martèle Fabien Malbet, adjoint aux Écoles de la Ville de Grenoble. Cela semble tomber sous le sens. Pourtant, l’air que nous respirons contient un nombre important de substances chimiques particulièrement nocives pour les enfants. Or ces derniers passent 90 % de leur temps dans un environnement clos, alors que l’air intérieur est deux à trois fois plus pollué que l’air extérieur… lui-même déjà particulièrement pollué à Grenoble.
À l’occasion de sa journée de la qualité de l’air intérieur, la Ville de Grenoble organisait ainsi une visite de la future école Simone Lagrange, premier établissement à remplir les nouvelles normes prévues par le Plan municipal pour la qualité de l’air intérieur.
L’établissement, situé à la croisée des quartiers Jean Macé et Presqu’île, accueillera des enfants répartis en quatorze classes (cinq maternelles et neuf élémentaires) mais aussi un centre de loisirs.
Pour assurer la santé de tous ces jeunes enfants au sein du bâtiment, la Ville a décidé de jouer sur deux leviers : des débits importants de ventilation et une faible émissivité des matériaux. Tous les produits utilisés, aussi bien sur les murs qu’au sol et au plafond, sont de classe A+, la meilleure note selon la réglementation.
Les 950 m3 de bois non cirés utilisés dans la construction du bâtiment permettent quant à eux d’éviter l’émission de composés organiques volatils (COV) dont le taux a été testé sur le mobilier.
Pour assurer la qualité de l’air et son renouvellement continu, un système spécifique de ventilation a par ailleurs été mis en place. Alors que la réglementation nationale impose un débit minimum de 15 m3/h/enfant, les responsables du projet ont décidé d’anticiper le futur règlement de la qualité de l’air intérieur prévu en 2023, et d’augmenter le débit à 30 m3/h/élève.
Des changements d’usage essentiels au maintien d’un air de qualité
La qualité de l’air des environnements intérieurs résulte certes de la qualité de la construction des bâtiments et des matériaux utilisés mais aussi de l’usage que l’on fait de l’établissement. « Le gros enjeu que doit relever la collectivité est celui de l’entretien pour ne pas dégrader l’objectif de départ », souligne ainsi Bruce Roy, chef du service maîtrise d’ouvrage.
Une attention toute particulière sera donc portée à l’entretien régulier du système de ventilation, en particulier les filtres et les ventilateurs.
Un suivi post-réception est également d’ores et déjà prévu au cours de l’année, et ce à trois reprises.
Des efforts qui demandent l’implication aussi bien du personnel que de l’équipe enseignante. Afin d’appréhender les nouvelles fonctionnalités du bâtiment comme le réglage automatiquement du chauffage, la pédagogie reste ainsi la pierre angulaire du projet.
Cette école pionnière en la matière est amenée à servir d’exemple aux prochains aménagements. Le conseil municipal prévoit déjà un budget de 8 millions d’euros pour restaurer trois établissements de l’agglomération grenobloise.
Juliette Oriot
Des agents polluants particulièrement néfastes pour l’enfant
La qualité de l’air que nous respirons au quotidien dépend de la concentration de substances et d’agents polluants dans l’environnement qui peuvent être de nature biologique ou anthropique. On y retrouve des composés organiques volatils (COV) type benzène, tétrachloréthylène, formaldéhyde ; du dioxyde d’azote (CO2) ou des particules fines.
La teneur de ces agents dans l’air résulte donc aussi bien de la qualité de l’air extérieur que des modes de vie (tabagisme, entretien…), des matériaux de constructions (peintures, colles…), sans oublier la présence de bio-contaminants (allergènes, moisissures…).
Leur forte volatilité et propagation dans l’atmosphère peut engendrer des effets indésirables sur les êtres vivants, notamment chez les personnes vulnérables comme les enfants. Ainsi la ville de Grenoble a mené un auto-diagnostic sur 31 crèches et 43 écoles. Le teneur en formaldéhyde était respectivement de 90 % et 67 % inférieure à la valeur guide réglementaire (30µg/m3). Un résultat qui a mené à la prise en compte de la qualité de l’air intérieur dans la réalisation de nouveaux bâtiments.
À noter également que, depuis le 1er janvier 2018, le ministère de la Santé impose une surveillance obligatoire de la qualité de l’air intérieur dans les établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de 6 ans, les écoles maternelles et élémentaires.
D’autres performances environnementales à l’école Simone Lagrange
Un aménagement géothermique
La géothermie avec pompe à chaleur est un des systèmes de chauffages les plus économiques et écologiques. L’école à la croisée entre le Drac et l’Isère profite d’une nappe phréatique à température constante (15° C). Une pompe à chaleur « pompe » ainsi la chaleur présente dans la nappe et la restitue en la démultipliant, afin de chauffer ou de rafraîchir les bâtiments. De quoi éviter une trop grosse consommation énergétique, tout en utilisant une source d’énergie renouvelable de manière non polluante.
Lumière et économie d’énergie
Dans la plupart des espaces, des puits de lumières ont été aménagés dans les salles, amenant luminosité et chaleur. Les dortoirs des maternelles sont quant à eux éclairés par le biais de ballons gonflables/lumières à basse consommation d’énergie.
Une construction certifiée « Bois des Alpes »
Le bâtiment est constitué à 250 m3 de bois venant de ressources locales, fourni par des scieurs certifiés Bois du Dauphiné, de la Scierie Blanc et de la Scierie Eymard.