Première cérémonie de parrainages républicains de demandeurs d'asile de l'année 2018 à l'Hôtel de ville de Grenoble. © Clémentine Robert - Placegrenet.fr

Demandeurs d’a­sile : un film et 48 par­rai­nages répu­bli­cains réa­li­sés à Grenoble

Demandeurs d’a­sile : un film et 48 par­rai­nages répu­bli­cains réa­li­sés à Grenoble

REPORTAGE VIDÉO – La pre­mière céré­mo­nie de par­rai­nages répu­bli­cains de l’année avait lieu ce ven­dredi 26 jan­vier, à la mai­rie de Grenoble, en pré­sence de l’Association de par­rai­nage répu­bli­cain des deman­deurs d’asile et de pro­tec­tion (Apardap) et des élus locaux. Elle était pré­cé­dée par la pro­jec­tion du docu­men­taire Lignes de par­tage de Thierry Mennessier qui suit le quo­ti­dien de deman­deurs d’asile à Grenoble.

Première cérémonie de parrainages républicains de demandeurs d'asile de l'année 2018 à l'Hôtel de ville de Grenoble. © Clémentine Robert - Placegrenet.fr

Première céré­mo­nie de par­rai­nages répu­bli­cains de l’an­née à l’Hôtel de ville de Grenoble. © Clémentine Robert – pla​ce​gre​net​.fr

« Jamais vous ne com­pren­drez. » C’est ce que répond Reza lorsqu’on lui assure que l’on com­prend sa situa­tion après lui avoir annoncé qu’il n’au­rait pas de travail.

Reza est l’un des deman­deurs d’asile filmé par Thierry Mennessier, réa­li­sa­teur du film Lignes de par­tage, pro­jeté ven­dredi 25 jan­vier avant la pre­mière céré­mo­nie de par­rai­nages répu­bli­cains de l’année.

En s’intéressant aux tra­jec­toires indi­vi­duelles des deman­deurs d’asiles et en les fil­mant dans des lieux fami­liers à tous les Grenoblois, à l’image du Jardin de Ville ou des quais de l’Isère, Lignes de par­tage per­met au spec­ta­teur de mieux sai­sir cette réa­lité. Et donne des noms et des visages aux statistiques.

Des par­rai­nages répu­bli­cains symboliques

Après un bref dis­cours d’Eric Piolle, la copré­si­dente de l’Apardap, Patricia L’Ecolier, est elle-même inter­ve­nue ainsi qu’Ibrahima Coulibaly, pré­sident de Bouquins sans fron­tières, actuel­le­ment sous le coup d’une Obligation de quit­ter le ter­ri­toire fran­çais (OQTF). Tout deux ont vive­ment cri­ti­qué la poli­tique migra­toire de l’État.

Quarante-huit par­rai­nages ont ensuite été pro­non­cés. Filleuls et par­rains se sont ainsi suc­cédé aux bureaux des élus, dans un joyeux brou­haha, pour for­mu­ler leurs vœux et signer leurs cartes de par­rai­nage. Parmi eux, le réa­li­sa­teur Thierry Mennessier qui est devenu le par­rain d’un des acteurs du film. Si ces cartes n’ont aucune valeur juri­dique, elles lient par­rains et filleuls et attestent que ces der­niers ont quelqu’un sur qui comp­ter.

Retour en images sur cette céré­mo­nie de par­rai­nages républicains :

Reportage : Clémentine Robert

TROIS QUESTIONS À THIERRY MENNESSIER :

« J’ai fait en sorte que le film ne puisse prê­ter le flanc à aucune instrumentalisation »

Retour sur la première cérémonie de l'année de parrainages républicains de demandeurs d'asile à Grenoble, précédée par la projection de Ligne de partages. Thierry Mennessier et son filleul. © Clémentine Robert - Placegrenet.fr

Thierry Mennessier et son filleul.

Comment s’est pas­sée la prise de contact avec les acteurs du film ?

J’ai fait un tra­vail d’immersion assez long où j’ai essayé de mesu­rer les pro­blèmes et, petit à petit, j’ai ren­con­tré des gens avec qui j’ai com­mencé à parler.

J’ai pu voir cer­tains avec qui ça me parais­sait pos­sible de faire quelque chose et j’ai pu leur deman­der « Est-ce que tu serais d’accord pour que je te filme ? »

Ça s’est fait assez sim­ple­ment en fait, assez natu­rel­le­ment, sans que j’aie vrai­ment à cher­cher. Il y a des gens qu’on a décou­verts en tour­nant et d’autres que j’avais ren­con­trés bien avant.

Dans cer­tains cas, il y a eu une autre rela­tion qui s’est nouée. On s’est dit « On va conti­nuer un bout d’histoire avec toi » parce qu’il y avait une com­pli­cité, une affec­tion. C’est très affec­tif en fait.

Est-ce que quand on fait un film comme celui-là, on a for­cé­ment un fond militant ?

Évidemment, j’ai des convic­tions mais je ne me sens pas mili­tant au sens où on l’entend habi­tuel­le­ment. J’ai des convic­tions pro­fondes sur la dignité humaine, sur le rap­port à l’être humain. Peut-être que c’est une forme de mili­tan­tisme mais je ne me sens pas endoc­triné. C’est pour ça que ce film est fon­da­men­ta­le­ment poli­tique, parce qu’il parle des gens et non pas d’une entité sta­tis­tique. En ce sens-là, pour moi, il fait œuvre poli­tique. Il porte un regard sur des personnes.

Signature Parrainage Républicain 2018

Cérémonie de par­rai­nages répu­bli­cains à Grenoble. © Clémentine Robert – pla​ce​gre​net​.fr

J’ai l’habitude de dire qu’au théâtre les choses existent parce qu’on les nomme. En amour aussi. Au cinéma, les choses existent parce que, tout d’un coup, on les regarde et on les écoute. C’est un petit peu la même chose qui se pro­duit là. Je choi­sis de regar­der et d’écouter cer­taines per­sonnes pour voir ce qui fait à la fois leur dif­fé­rence et le rap­pro­che­ment que nous avons avec eux.

C’est parce qu’on regarde une per­sonne qu’elle prend de l’intérêt pour nous-mêmes. On peut très bien ne pas les voir et être dans l’ignorance. C’est peut-être là, l’acte militant.

Quelles attentes avez-vous concer­nant ce film ?

Je suis très sur­pris des réac­tions quand on fait des avant-pre­mières. Les gens sont très tou­chés par le film. J’en suis évi­dem­ment très content mais, pour l’instant, ce sont des gens qui sont plu­tôt acquis à la cause.

J’ai fait en sorte que le film ne puisse prê­ter le flanc à aucune ins­tru­men­ta­li­sa­tion, que ce soit dans un sens comme dans l’autre. Qu’on ne puisse pas nous dire : « Pourquoi vous avez choisi ceux-là ? Parce qu’ils sont exem­plaires ? » Non, ils ne sont pas plus exem­plaires que d’autres. Ce ne sont pas des figures héroïques, ce sont des figures ordi­naires, justement.

L’acte mili­tant, il est là : qu’on ne puisse pas uti­li­ser quoi que ce soit du film à des fins instrumentalisées.

Propos recueillis par Clémentine Robert

CR

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