FOCUS – Pôle emploi a dressé le bilan de son année 2017 et de ses nouvelles perspectives pour 2018 en Auvergne Rhône-Alpes. Le directeur régional Pascal Blain se réjouit d’un « bilan positif » et de « chiffres encourageants », liés à la baisse du taux de chômage à l’échelle régionale et départementale. Ces efforts doivent toutefois être soutenus en 2018 pour lutter notamment contre la précarisation de l’emploi et les offres non pourvues.
« C’est un bilan positif, les résultats sont encourageants », a assuré Pascal Blain, le directeur régional, en visioconférence à Meylan ce jeudi 25 janvier, à l’occasion du bilan de l’année 2017 de ce service public.
Avec une population jeune, la région Auvergne Rhône-Alpes – deuxième les plans de la démographie et de la création de richesses – a également un fort potentiel en matière d’emplois. Par ailleurs, 28 % de sa population est diplômée de l’enseignement supérieur. Malgré ces atouts, certains secteurs peinent toujours à recruter, tout particulièrement dans le BTP, la restauration et l’aide à la personne. D’autres secteurs connaissent les mêmes difficultés en raison d’un manque de compétences, tels que le numérique ou la santé.
« Nous voulons améliorer la situation des plus fragiles économiquement »
Pour dynamiser l’embauche, Pôle emploi s’est fixé des objectifs prioritaires pour 2018. « On espère que la reprise économique va gagner en vigueur. Nous voulons améliorer la situation des plus fragiles économiquement », explique le directeur. À savoir, les jeunes, les seniors, les travailleurs en situation de handicap ou encore les personnes issues de milieux défavorisés.
L’établissement compte aussi « insister sur le digital » et se félicite déjà de l’arrivée de ses nouveaux outils numériques qui facilitent la recherche d’emploi. D’ailleurs, en Isère, près de 7 personnes sur 10 seraient satisfaites des services de Pôle emploi, soit 69,9 % des inscrits, assure Bénédicte Brugiere-Kada, la directrice territorile.
« Évidemment, ce chiffre pourrait encore s’améliorer, mais c’est encourageant », consent Pascal Blain, qui compte encore renforcer les performances de Pôle emploi. Ces progrès passent par des efforts de communication, afin que les entreprises et les demandeurs d’emplois aient davantage connaissance des services proposés. Ils nécessitent aussi « d’améliorer l’image parfois fausse et négative de Pôle emploi », poursuit-il.
Retour à l’emploi, mais la précarité subsiste
Premier constat encourageant : le taux de chômage a baissé de 0,8 point pour les personnes de catégorie A – c’est-à-dire sans emploi au cours de l’année – en Auvergne Rhône-Alpes. Grâce aux 508 000 offres relayées par Pôle emploi, près de 408 000 personnes ont pu trouver un emploi en 2017.
En Isère, les chiffres avoisinent ceux de la région, avec une baisse du chômage de 0,6 % en 2017. Le département compte plus de 80 000 retours à l’emploi, sur un total de 97 700 demandeurs, catégories A, B et C confondues (ces deux dernières comptabilisant les demandeurs d’emploi exerçant une activité professionnelle réduite).
Ces chiffres sont encourageants, bien que ce succès soit à relativiser. En Isère, 82 % des embauches sont des contrats de moins d’un mois, contre 5 % de contrats longue durée. « C’est une tendance régionale mais aussi nationale de la précarisation de l’emploi », explique Pascal Blain. « Mais il ne faut pas avoir peur des contrats courts. Aujourd’hui, on doit souvent passer par ce type de contrat pour être ensuite recruté en CDI », explique à son tour la directrice Isère.
La précarité de l’emploi touche toutefois principalement les catégories socio-professionnelles les plus fragiles. Et 10 % des demandeurs à Pôle emploi sont des travailleurs handicapés. Les efforts doivent donc se poursuivre en matière d’accessibilité.
L’établissement enregistre par ailleurs 46 350 entrées en formation en Auvergne Rhône-Alpes. Une réussite puisque 58 % des bénéficiaires auraient accédé à un emploi dans les six mois suivant la formation, assure le directeur régional.
Des offres d’emploi qui restent à pourvoir, faute de candidats
Alors qu’une importante part de la population demeure au chômage, 1 092 offres ont été retirées en Isère en raison d’un manque de candidats. « Dans certains secteurs manuels, comme la soudure ou la chaudronnerie, par exemple, les offres sont bien plus nombreuses que les demandes », précise ainsi la directrice Isère. Pôle emploi compte d’ailleurs se mobiliser en faveur de ces offres non pourvues, à l’horizon 2018.
Il existe également une méconnaissance et un manque de communication entre employeurs et demandeurs d’emploi. « Parfois, les entreprises renoncent à publier leurs offres sur Pôle Emploi par méconnaissance ou par découragement. Pourtant, on encourage vivement les employeurs à faire appel à nos services », poursuit la directrice. Les entreprises peuvent ainsi déposer leurs annonces directement le site Pôle emploi, qui vérifie leur légalité et s’assure de leur caractère non discriminatoire.
Une formation « savoir-être »
Selon les observations de Pôle emploi, les employeurs s’intéressent de plus en plus au “savoir-être” du demandeur d’emploi : sa personnalité, ses compétences personnelles et son aptitude à s’intégrer dans l’entreprise. En raison de la dévalorisation des diplômes sur le marché du travail – appelé paradoxe d’Anderson – ce nouveau critère de sélection prime parfois sur le niveau d’études.
D’où finalement l’importance de miser sur le savoir-faire lié à l’expérience et sur les qualités personnelles pour décrocher un emploi. « Certains travailleurs ont du mal à identifier et à valoriser leurs compétences. Beaucoup se sous-estiment et ne parviennent pas à mettre en avant leurs qualités sur un CV ou lors d’un entretien d’embauche », observe Bénédicte Brugiere-Kada.
C’est pourquoi Pôle emploi cherche à creuser davantage cet aspect. Le directeur régional a ainsi annoncé fin décembre 2017 l’arrivée d’une formation “savoir-être”. L’idée ? Apprendre à valoriser et à faire ressortir du lot sa candidature avant et après l’embauche. « Il est parfois difficile de comprendre les codes en entreprise, la bonne attitude à adopter avec un employeur, les codes vestimentaires à tenir, comment s’intégrer etc. Pourtant, ce sont des facteurs décisifs », ajoute la directrice.
Anaïs Mariotti
Pôle emploi veut davantage collaborer avec les lycées et les universités
La région compte environ 15 000 décrocheurs scolaires par an, selon Pascal Blain. Ce qui pose de grandes difficultés, le niveau Bac étant maintenant exigé dans la quasi-majorité des secteurs.
« Il y a quelques années, il était plus facile d’exercer un métier manuel sans avoir le Bac. Désormais, on demande souvent des compétences en vente, en commerce ou en marketing », observe la directrice territoriale.
Pôle emploi se donne ainsi pour mission de travailler davantage avec les lycées et les universités pour sensibiliser les plus jeunes au marché du travail. « C’est un axe de développement que nous souhaitons approfondir pour 2018 », poursuit la directrice. Toutefois, l’enjeu se situe aussi et surtout au niveau national et européen pour relever les nombreux défis liés à la jeunesse et à la précarité.