FIL INFO – La Région Auvergne-Rhône-Alpes exprime ses craintes face à la prochaine réforme de l’apprentissage impliquant notamment les entreprises à travers les branches professionnelles. Une « privatisation » dont la Région présidée par le nouveau patron des Républicains Laurent Wauquiez ne veut pas entendre parler et taxe de parisianisme.
Pour le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, la réforme de l’apprentissage « témoigne d’une vision parisienne erronée qui oublie les spécificités de notre pays ». Une réforme que le gouvernement souhaite pourtant voir copilotée par les régions et les branches professionnelles… L’occasion d’un beau psychodrame entre les élus régionaux et le Medef.
Si le contenu exact de la réforme n’est pas encore connu, la Région Auvergne-Rhône-Alpes met en garde contre un texte qui pourrait « mettre en péril » l’équité entre les différents territoires, au détriment des plus ruraux, mais aussi compromettre des centres de formation et même, in fine, « l’avenir de certains métiers ».
Mésentente entre les régions et le Medef
La vice-présidente de la Région déléguée à l’Apprentissage Stéphanie Pernod-Beaudon le réaffirme sans ambages : « Jusqu’à présent gestionnaires de la politique de l’apprentissage, les Régions ont pu garantir des formations correspondant aux besoins et aux spécificités des emplois nécessaires pour le développement des entreprises de leur région ».
Une assertion qui fait écho aux propos de Pierre Gattaz, cité par Les Échos : « Les régions donnent à l’apprentissage un rôle d’aménagement du territoire. Les entreprises considèrent cette voie comme la réponse au besoin de formation des jeunes et à leurs besoins d’emploi. Les objectifs ne sont donc pas les mêmes », écrivait le président du Medef.
Une « privatisation de l’apprentissage » ?
La Région, présidée par le nouveau patron des Républicains Laurent Wauquiez, n’hésite pas à dénoncer une « privatisation du fonctionnement de l’apprentissage au profit des intérêts particuliers des branches [professionnelles] ». Et juge que la multiplication des acteurs « prive de la vision de proximité acquise par l’expérience des Régions » et induira en outre de nouveaux frais de fonctionnement.
Stéphanie Pernod-Beaudon défend, elle, un apprentissage gérée par les Régions et vante « un pilotage fin » des ressources des centres de formation d’apprentis « en fonction de leurs besoins, des besoins des territoires et des entreprises ».
Elle prédit avec la réforme une chute du nombre d’apprentis à court terme et craint voir à long terme « se dupliquer à l’apprentissage les défauts du système de la formation professionnelle ».
FM