REPORTAGE VIDÉO – Ce mardi 23 janvier, une trentaine de surveillants de la maison d’arrêt de Varces ont bloqué une nouvelle fois et sans heurts l’entrée de leur établissement. Après des négociations avec le ministère de la Justice jugées infructueuses, les organisations syndicales avaient appelé leurs troupes à reconduire leur mouvement, les invitant au blocage total de l’institution. Principalement en cause, les agressions de gardiens, les salaires jugés trop chiches et l’inadaptation de l’institution au phénomène de radicalisation de certains détenus.
Six heures du matin, ce mardi 23 janvier, devant la maison d’arrêt de Varces. Une trentaine de surveillants allument un feu de palettes et de troncs d’arbres face à l’entrée du centre pénitentiaire. Leur objectif ? Empêcher toute extraction de détenus et interdire l’entrée d’intervenants extérieurs tels que des personnels de l’Éducation nationale ou des psychologues.
« Il faut qu’une réforme indemnitaire et statutaire soit engagée »
Tandis que les négociations entre les trois organisations syndicales pénitentiaires représentatives (Ufap-Unsa, FO, et CGT) et le ministère de la Justice se poursuivent à Paris, les blocages des lieux de détention se multiplient un peu partout en France.
La mobilisation des personnels, entrée dans sa deuxième semaine, ne faiblit pas, les syndicats ayant appelé leurs troupes à paralyser totalement l’institution, en attendant les résultats des négociations avec la Garde des Sceaux qui ont repris ce 23 janvier dès 14 heures.
Retour sur ce début de matinée revendicative qui s’est déroulé sans heurts et dans le calme.
Reportage Joël Kermabon
Si les surveillants de Varces, tout comme leurs collègues d’autres centres pénitentiaires, se sont une nouvelle fois mobilisés, c’est toujours pour protester contre les violences dont ils sont l’objet quotidiennement. Cependant, d’autres revendications sont venues se greffer sur cette première intention : plus de moyens, plus de sécurité, de meilleures rémunérations et conditions de travail, moins de population carcérale et aussi plus de reconnaissance de la part de l’administration.
« Nous voulons plus de personnel et notre administration a du mal à recruter. Mais pour attirer les gens vers notre métier de surveillant encore faut-il qu’une réforme indemnitaire et statutaire soit rapidement engagée », explique Dimitri Garot, responsable local du syndicat Ufap-Unsa.
« Les salaires sont très bas dans la fonction publique pénitentiaire. En règle générale, un fonctionnaire est payé 1 500 euros en début de carrière alors qu’un fonctionnaire de police de même ancienneté touchera 200 euros de plus que nous. », déplore Dimitri Garot.
Revalorisation rapide et importante des salaires
Autre son de cloche que celui du représentant du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS), majoritaire à Varces : « L’administration fait le nécessaire puisqu’elle recrute beaucoup de personnel mais quand bien même elle y parvient, les gens ne restent pas, ils démissionnent », analyse Philippe Houet, le secrétaire local du SPS.
Pour ce dernier, seule « une revalorisation rapide et importante des salaires » permettra de recruter le personnel nécessaire au bon fonctionnement de l’institution. Ne serait-ce qu’eu égard à la dangerosité du métier.
Quid de la poursuite du mouvement, à Varces ? La prudence est de mise. « Nous ne voulons pas nous mettre en danger. Nous avons ici beaucoup de stagiaires et il faut que ces gens-là puissent prendre leur travail en temps et en heure pour ne pas être sanctionnés », expose Philippe Houet. « Nous essaierons de faire durer le mouvement le plus longtemps possible en espérant avoir un jour gain de cause. »
Et les détenus radicalisés, y en a‑t-il à Varces ? « Oui, il y en a et ils circulent dans les coursives au même titre que les autres détenus. Il n’y a pas de séparation ici », répond le syndicaliste.
Joël Kermabon