Un groupe d’éleveurs emmené par le maire de Chichiliane en Isère conteste les analyses génétiques officielles menées sur le loup. Celles-ci vont donc être confrontées aux mesures effectuées par un laboratoire allemand missionné par ces éleveurs, lesquelles avaient conclu à la prédominance du loup hybride en France. Le nouveau plan quinquennal doit entrer en vigueur d’ici la mi-février.
Un collectif d’éleveurs emmené par le maire de Chichiliane en Isère réclame depuis un mois que la transparence soit faite autour des analyses génétiques du loup en France. Que les mesures officielles du laboratoire missionné par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) soient comparées à celles menées par un autre laboratoire, allemand, diligenté par ces même éleveurs.
La balle est désormais dans leur camp. Dans un courrier parti ce lundi 22 janvier, l’ONCFS accepte en effet une confrontation scientifique.
Alors que le nouveau plan quinquennal Loup doit entrer en vigueur d’ici la mi-février, que les ministres concernés – l’Agriculture d’un côté, la Transition écologique de l’autre – ont des points de vue diamétralement opposés, la bataille fait rage dans le camp des éleveurs.
En novembre dernier, ils avaient rendu publics les résultats d’analyses effectuées par un laboratoire allemand. Sur la maigre base de vingt échantillons complets, le laboratoire ForGen n’avait trouvé aucun loup pur, seulement des hybrides de lignée non italienne. De quoi remettre en question les quotas de loups à abattre ? Seul le loup pur Canis lupus est en effet protégé par la Convention de Berne. C’est en tout cas ce sur quoi tablent ces éleveurs.
Pour l’ONCFS, le taux de loups hybrides est inférieur à 10 %
Le laboratoire officiel, missionné par les pouvoirs publics, ne dit pas du tout la même chose. Dans des échantillons analysés l’été dernier, Antagène trouve un taux d’animaux hybrides de… 7,7 %. Et l’ONCFS est pour le moins réservé quant à la méthode employée et les résultats affichés par le laboratoire allemand. L’office pointe des « lacunes importantes » dans les étapes du prélèvement et de manipulation des échantillons, les marqueurs recherchés ou écartés comme la lecture et l’interprétation des résultats.
Éleveurs et élus réclament aussi plus de moyens pour protéger les troupeaux © J‑L Borelli – Ferus
« D’autres éléments présentés dans l’étude ne sont pas de nature scientifique ou technique mais politique, visant à remettre en cause de façon globale les actions de l’État sur le dossier du loup », souligne l’ONCFS.
« Le collectif se place de façon évidente dans une posture, fusse-t-elle par ailleurs légitime au débat, de contestation et de revendication. »
Dans l’attente de la confrontation, l’ONCFS est formel. « Nous pouvons affirmer que les résultats présentés ne sont pas de nature à remettre en question les résultats publiés récemment par l’ONCFS. »
Pendant ce temps, la pression anti-loup de relâche pas. Ce 23 janvier, plusieurs députés de montagne devaient être reçus à Matignon. Ceux-ci s’inquiètent en effet de l’augmentation de la population de loups en France (360 estimés à ce jour) et du nouveau plan qui fixerait à cinq cents le nombre à atteindre d’ici 2023 pour que l’espèce reste viable.
Aux premiers rangs, la députée iséroise Marie-Noëlle Battistel (Nouvelle gauche) et les élus savoyards Emilie Bonnivard et Vincent Rolland (Les Républicains), qui réclament de faire sortir le loup de la classification de la convention de Berne sur les espèces protégées. Le prochain plan quinquennal fixerait le nombre de loups à abattre à 10 %, voire 12 % moyennant dérogation, de la population.
PC