DÉCRYPTAGE - L'association Vivre à Grenoble et deux riverains sont assignés devant le tribunal de grande instance de Grenoble pour avoir déposé un recours contre le projet de construction de logements sur l'emplacement de l'ancien garage Galtier. Le bailleur social Grenoble Habitat juge la procédure, encore en cours, abusive et réclame pas moins de 2,3 millions d'euros. Une « mesure d'intimidation », jugent les intéressés.
Deux millions trois cent mille euros, c'est la somme que réclame le bailleur social Grenoble Habitat en assignant Vivre à Grenoble et deux Grenoblois – Marie-Pierre Merel et Emmanuel Vincent – devant le Tribunal de grande instance (TGI). La raison ? L'association et les deux riverains du Chemin Meney ont déposé un recours contre le “chantier Galtier”.
Situé sur l’emplacement de l'ancien garage Galtier, le terrain de près de 7 500 m2 doit accueillir pas moins de 150 logements, dont près de la moitié sociaux. L'endroit semble idéal pour construire : le terrain, qui jouxte le cours de la Libération et la rue des Alliés, est directement desservi par la ligne de tram E. Mais le projet est loin de plaire à tout le monde…
Un chantier en contradiction avec le Plan local d'urbanisme ?
Pour Marie-Pierre Merel et Emmanuel Vincent, qui habitent tous deux à deux pas du chantier, le projet représente une « densification » de la population du quartier, et contredit le Plan local d'urbanisme (PLU) dessiné par la Ville de Grenoble. Qui, rappelons-le, est actionnaire à plus de 50 % de Grenoble Habitat, et a nommé sa conseillère municipale Maryvonne Boileau présidente du bailleur social.
Soutenus par l'association Vivre à Grenoble, les deux riverains ont ainsi déposé un recours devant le tribunal administratif, considérant par exemple que le projet n'est pas aux normes en ce qui concerne le nombre de places de parkings prévues pour les résidents futurs et actuels. La proportion d'espaces verts leur pose également souci, insuffisante malgré l'ajout d'une placette… « en béton poreux », nous précisent les habitants.
L'un des points clés du recours concerne la hauteur des immeubles en prévision. Si celle-ci n'excède pas les normes du PLU, il n'en va pas de même lorsque les bâtiments sont à proximité d'un nouveau chemin créé pour l'occasion. Pour Grenoble Habitat, les règles ne changent pas : le chemin en question n'est pas une “voie”. « C'est une voie, avec des entrées d'immeuble, qui aura des adresses ! », répond Marie-Pierre Merel. Son nom serait même déjà choisi : l'allée des Cerisiers.
« Abus de droit » contre « mesure d'intimidation »
Autant de points que, sans surprise, conteste Grenoble Habitat. Pour elle, le recours déposé contre son chantier traduit la « volonté de nuire » des requérants, qui font « preuve d'une parfaite mauvaise foi dans la mesure où ils […] ne disposent d'aucun argument juridique sérieux au soutien de leur argumentation ». C'est du moins ainsi qu'elle le formule dans son assignation, avant de juger que le recours déposé est un « abus de droit » qui mérite sanction.
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