Stéphane Gemmani président du samu social Vinci-Codex lors du débat public Place Gre'net à Grenoble Hébergement d'urgence : quelles issues au fatalisme © Nils Louna - placegrenet.fr

Fin de l’hé­ber­ge­ment incon­di­tion­nel : Stéphane Gemmani, “floué”, inter­pelle Emmanuel Macron

Fin de l’hé­ber­ge­ment incon­di­tion­nel : Stéphane Gemmani, “floué”, inter­pelle Emmanuel Macron

EN BREF – Le conseiller régio­nal Stéphane Gemmani vient d’a­dres­ser au pré­sident de la République Emmanuel Macron une lettre tein­tée d’une pro­fonde amer­tume. Le fon­da­teur du Samu social de Grenoble semble en effet incré­dule face à une direc­tive minis­té­rielle qui met fin au prin­cipe d’hé­ber­ge­ment incon­di­tion­nel. Et, de ce fait, exclut les per­sonnes en obli­ga­tion de quit­ter le ter­ri­toire français.

Un pas vers la rup­ture ? Le conseiller régio­nal Stéphane Gemmani, sou­tien affi­ché d’Emmanuel Macron durant la cam­pagne pré­si­den­tielle, adresse au désor­mais pré­sident de la République une lettre rem­plie d’a­mer­tume. Celui qui fut fon­da­teur du Samu social de Grenoble ne cache pas son désap­poin­te­ment face à une cir­cu­laire gou­ver­ne­men­tale met­tant fin au prin­cipe d’hé­ber­ge­ment inconditionnel.

Suite à la révélation d'une circulaire ministérielle mettant fin au principe d'hébergement inconditionnel, Stéphane Gemmani interpelle Emmanuel Macron.© Joël Kermabon - Place Gre'net

Stéphane Gemmani. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Stéphane Gemmani rap­pelle avoir, « modes­te­ment mais acti­ve­ment », contri­bué à l’é­cri­ture d’une par­tie du pro­gramme du can­di­dat Macron. Son champ d’ex­per­tise ? Les ques­tions de pau­vreté, avec notam­ment une contri­bu­tion inti­tu­lée « Pour un héber­ge­ment d’urgence dif­fus, pérenne et incon­di­tion­nel ». Une pro­phé­tie… inversée ?

Une cir­cu­laire met­tant fin à l’hé­ber­ge­ment inconditionnel

Le courrier du préfet de Haute-Savoie demandant aux associations d'adresser une liste mensuelle des personnes hébergées circule sur les réseaux sociaux.

Le cour­rier du pré­fet de Haute-Savoie deman­dant aux asso­cia­tions d’a­dres­ser une liste men­suelle des per­sonnes héber­gées cir­cule sur les réseaux sociaux.

Révélée par Le Monde, une cir­cu­laire éma­nant du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et du ministre de la Cohésion des ter­ri­toires Jacques Mézard, a mis de facto fin à l’hé­ber­ge­ment incon­di­tion­nel. Elle a ainsi acté que « l’État n’était tenu d’assurer l’hébergement des per­sonnes aux­quelles une obli­ga­tion de quit­ter le ter­ri­toire (OQTF) avait été noti­fiée que pen­dant le temps stric­te­ment néces­saire à leur départ ».

Le dimanche 10 décembre déjà, le ministre de l’Intérieur avait pro­vo­qué la colère des asso­cia­tions en leur deman­dant de col­la­bo­rer avec les auto­ri­tés pour le contrôle des per­sonnes hébergées.

Sur les réseaux sociaux, cir­cule par ailleurs un docu­ment signé de la pré­fec­ture de Haute-Savoie, deman­dant aux « ges­tion­naires des dis­po­si­tifs d’ur­gence » de com­mu­ni­quer chaque mois la liste nomi­na­tive des per­sonnes héber­gées. Et ceci en pré­vi­sion d’une action d’as­si­gna­tion à rési­dence des OQTF.

Un appel à « l’hu­ma­nisme » et « l’in­dul­gence » du président

Pour Stéphane Gemmani, « les deman­deurs d’asile, les per­sonnes en situa­tion irré­gu­lière ou les res­sor­tis­sants de l’Union euro­péenne dému­nis d’autorisation de tra­vail doivent […] être pris en charge, sans dis­tinc­tion de sta­tut admi­nis­tra­tif en centre d’hébergement d’urgence ». Et le conseiller régio­nal d’a­jou­ter : « Aucune dis­cri­mi­na­tion ne sau­rait se jus­ti­fier léga­le­ment pour dis­tin­guer les pres­ta­tions offertes à ce public. »

Quand Corinne Lepage et Stéphane Gemmani tenaient une réunion de soutien à Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle © Joël Kermabon - Place Gre'net

Quand Corinne Lepage et Stéphane Gemmani tenaient une réunion de sou­tien à Emmanuel Macron durant la cam­pagne pré­si­den­tielle… © Joël Kermabon – Place Gre’net

Aussi appelle-t-il à la « géné­ro­sité », à « l’hu­ma­nisme » et à « l’in­dul­gence » du pré­sident de la République, quitte à redou­bler de com­pli­ments à son égard. « Vous êtes homme d’esprit, avec cette intel­li­gence aiguë, vive et par­fois mor­dante », écrit-il. Avant d’a­jou­ter : « Et parce que vous êtes cet homme, avec le rang qui est main­te­nant le vôtre, vous ne pou­vez cau­tion­ner une telle ges­tion de ces popu­la­tions. »

« Cette déshu­ma­ni­sa­tion qui s’opère au plus haut de l’État est aux anti­podes des situa­tions que nous pou­vons trou­ver quo­ti­dien­ne­ment au sein de nos villes, de nos rues », affirme encore Stéphane Gemmani. Qui rap­pelle les « 14 mil­lions de réfu­giés » que compte le monde, témoins « d’une inci­dence inquié­tante des vio­la­tions des droits de l’homme, de conflits poli­tiques et eth­niques, d’un dés­équi­libre éco­no­mique et déjà, d’un désastre éco­lo­gique ».

Un plai­doyer pour des solu­tions durables

Mais au-delà de la ques­tion même des réfu­giés, le tout récent Chevalier à l’ordre natio­nal du mérite plaide pour « de nou­velles solu­tions durables », tel qu’un héber­ge­ment « dif­fus », mieux réparti entre les com­munes, sur de petites uni­tés, selon les capa­ci­tés et les moyens. Tout en pour­fen­dant, à l’i­mage des asso­cia­tions de ter­rain, la « ges­tion au ther­mo­mètre », déblo­quant de nou­velles places d’hé­ber­ge­ment en période hiver­nale, voire d’ur­gence en cas de grand froid.

Occupation d'un amphi de l'Université-Grenoble-Alpes pour loger des migrants. © Manuel Palvard - Place Gre'net

Occupation d’un amphi de l’Université Grenoble-Alpes pour loger des migrants. © Manuel Pavard – Place Gre’net

« Dans les années 60, plus de 65 000 per­sonnes vivaient dans des bidon­villes et la France a fait un choix juste en agis­sant pour la résorp­tion de l’habitat indigne. Aujourd’hui, on estime que 20 000 per­sonnes vivent dans des bidon­villes et beau­coup sont blo­quées aux marges de l’hébergement d’urgence. Alors que le défi est sans com­mune mesure par rap­port à ce qu’il fut il y a cin­quante ans, les issues semblent plus éloi­gnées que jamais ! », juge, pes­si­miste, Stéphane Gemmani.

FM

Florent Mathieu

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