FOCUS – Les États généraux de l’alimentation ont pris fin en Isère avec une dernière réunion le 17 novembre. La première phase de cette consultation, qui portait sur la rémunération des agriculteurs, a d’ores et déjà donné lieu à des propositions nationales. Le point avec la députée Monique Limon, chef de file des États généraux pour l’Isère, sur les premières pistes qui se dégagent de cette seconde phase, consacrée à l’accès à une alimentation saine et durable.
Les États généraux de l’alimentation sont terminés… au moins sur le territoire isérois. Avec un dernier séminaire organisé le 17 novembre au lycée agricole de La Côte Saint-André, la députée En marche de la 7e circonscription de l’Isère Monique Limon a posé le point final à la seconde phase de cette grande entreprise de concertation dont elle a été la chef de file dans le département.
Seconde phase ? La première concernait en effet la question de la rémunération des agriculteurs. « Le point de départ, c’était d’abord de réfléchir à comment on arrive à faire en sorte que les agriculteurs vivent de leur métier, et c’est pourquoi le premier chantier portait sur la création et la répartition de la valeur. Une fois ceci fait, nous avons eu ensuite le deuxième chantier, portant sur l’alimentation saine, durable et accessible à tous », explique la députée.
Mettre en relation la France rurale et la France urbaine
Les parlementaires de l’Isère n’ont pas encore compilé les résultats des concertations, mais Monique Limon dresse déjà les grandes lignes : aller vers 50 % de bio dans la restauration collective, lutter contre le gaspillage alimentaire, ou encore le recours excessif aux « phytosanitaires ». Entendez les pesticides. Sujet d’actualité à l’heure où le glyphosate défraie la chronique.
Mais le souhait le plus brûlant de la députée reste de réconcilier la France rurale et la France urbaine qui semblent se méconnaître de plus en plus. « Même dans nos petites villes, je pense qu’on a besoin de réexpliquer, de faire connaître, de redorer le blason de l’agriculture. Il y a besoin de pédagogie et d’éducation, surtout auprès des enfants. [Il faut] leur dire comment ça se passe, comment ça pousse… et, pourquoi pas, créer des envies », explique-t-elle.
Des États généraux divers… voire fourre-tout ?
Prise en compte des coûts de production, information des consommateurs, valorisation du modèle alimentaire français, sécurité sanitaire, accès à l’alimentation pour tous… Ces États généraux n’ont-ils pas tout de l’événement fourre-tout avec, in fine, le risque de tourner à l’usine à gaz ?
Monique Limon, Élodie Jacquier-Laforge et Cendra Motin lors de leur rencontre avec les syndicats agricoles, le vendredi 4 août 2017 © FDSEA
Certainement pas, répond Monique Limon, qui met en avant les propositions formulées par Emmanuel Macron lors du “discours de Rungis” au mois d’octobre. « Une charte vient d’être signée par les syndicats, en attendant un projet de loi en 2018 pour mieux cadrer les négociations », insiste-t-elle.
Point fort des premières décisions rendues : un renversement du rapport de force.
Ce serait désormais le producteur qui fixerait un prix en y intégrant le coût de production, et non les structures de vente industrielles qui imposeraient un prix aux agriculteurs. D’autres dispositions font également partie des pistes retenues : renforcement de la médiation et des contrôles, encadrement des promotions ou de la revente à perte…
« La réalité d’un travail très dur »
Pour la parlementaire Monique Limon, ce travail n’aurait pu se faire sans les remontées de terrain. Et celle-ci de détailler les nombreuses exploitations ou structures agricoles visitées, et les professionnels et syndicats rencontrés dans le cadre de tables rondes des États généraux : ferme de production de lait, regroupement de producteurs, entreprise Gelifruit, exploitations bio, restaurants collectifs travaillant avec des producteurs locaux… Un travail d’échanges accompli avec les autres législatrices du département.
Rencontre entre parlementaires de l’Isère et syndicats agricoles, le vendredi 4 août 2017 © FDSEA
Le dossier de 80 pages qui en résulte mentionne ainsi les sept députées* des circonscriptions les plus rurales. Celui-ci révèle une double réalité du métier d’agriculteur aujourd’hui : « La réalité d’un travail très dur, et la réalité de gens qui se démènent, qui sont inventifs et qui y arrivent », décrit Monique Limon. « Tous, quelles que soient leurs situations aiment leur métier. Ils l’aiment, et aimeraient en vivre sans dépendre des subventions ! », ajoute-t-elle.
Reste maintenant à savoir quelles dispositions législatives et quelles propositions émergeront de ces États généraux de l’alimentation. Et par quelles réalités de terrain, ou quelles tensions entre acteurs économiques, elles se traduiront.
Florent Mathieu
* En l’occurrence les députées des 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e et 10e circonscriptions, soit respectivement la socialiste Marie-Noëlle Battistel et les marcheuses Catherine Kamowski, Cendra Motin, Monique Limon, Caroline Abadie, Élodie Jacquier-Laforge (Modem investie LREM) et Marjolaine Meynier-Millefert.