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General Electric annonce la suppression de 760 emplois en France. Et démantèle un peu plus le site de Belfort. Grenoble épargné ?

GE Hydro à Bercy : les syn­di­cats veulent encore croire au sou­tien du gouvernement

GE Hydro à Bercy : les syn­di­cats veulent encore croire au sou­tien du gouvernement

FOCUS – Durant trois heures d’en­tre­vue au minis­tère de l’Économie, une délé­ga­tion de GE Hydro Grenoble, accom­pa­gnée d’une avo­cate, a plaidé la cause de la filière hydro­élec­trique et du main­tien de tous les emplois de l’en­tre­prise. La balle est désor­mais dans le camp de Bercy. Le gou­ver­ne­ment Macron va-t-il inter­ve­nir auprès de General Electric pour repor­ter le plan social, comme demandé ? Réponse en fin de semaine.

Pour empêcher un plan social menaçant 345 emplois, des salariés de GE Hydro sont montés à Paris ce lundi 13 novembre 2017. Une délégation de syndicalistes avaient rendez-vous à Bercy. DR

Pour empê­cher un plan social mena­çant 345 emplois, des sala­riés de GE Hydro sont mon­tés à Paris ce lundi 13 novembre 2017. Une délé­ga­tion de syn­di­ca­listes avaient ren­dez-vous à Bercy. DR

Ce lundi 13 novembre, une délé­ga­tion de syn­di­ca­listes et repré­sen­tants du per­son­nel de GE Hydro, qui compte pour l’heure encore 800 sala­riés, s’est retrou­vée, pour la troi­sième fois depuis l’an­nonce du plan social, dans les locaux de Bercy.

Et cette fois, ils ont joué le tout pour le tout, et abreuvé les haut-fonc­tion­naires d’élé­ments tech­niques, juri­diques et économiques.

L’objectif visé : empê­cher le plan social imposé par General Electric, qui se rap­proche à grands pas et devrait s’a­battre sur 345 sala­riés. Aux côtés de la délé­ga­tion de syn­di­ca­listes, des sala­riés de GE Hydro et d’EDF [lire enca­dré], venus en car lui prê­ter main forte, ainsi que des res­pon­sables poli­tiques de La France insoumise.

Le pôle gre­no­blois ne pour­rait pas se pas­ser de 345 salariés

« Nous avons abordé les choses dans l’autre sens », explique Nadine Boux, délé­guée syn­di­cale, rela­tant ce qui s’est dit lors de cette longue entre­vue. Les sala­riés ont en effet pré­senté à l’é­quipe de Bruno Le Maire, un pro­jet d’or­ga­ni­sa­tion pour GE Hydro, éta­bli avec les salariés.

© Joël Kermabon - Place Gre'net

© Joël Kermabon – Place Gre’net

A la dif­fé­rence de General Electric, ils sont par­tis des com­mandes actuelles de GE Hydro et de celles qui sont dans les tuyaux, avec l’Australie notamment.

Leur conclu­sion ? Le pôle gre­no­blois ne peut sérieu­se­ment pas se pas­ser de 345 sala­riés, avec une telle charge de travail.

À l’op­posé, General Electric a décidé d’un plan social, « sans pro­jet, sans feuille de route pour la suite », regrette Nadine Boux. Et d’a­jou­ter : « Nous n’a­vons plus confiance en Yves Rannou [le PDG de la branche Hydro Énergie du groupe GE, ndlr]. Ça fait deux ans qu’il nous parle de recen­trage sur ceci, sur cela… »

Jérôme Pécresse pointé du doigt 

Jérôme Pécresse, patron des activités énergies renouvelables de General Electric (GE Renewable) DR

Jérôme Pécresse, patron des acti­vi­tés éner­gies renou­ve­lables de General Electric (GE Renewable) DR

Par ailleurs, jus­qu’ici les sala­riés n’ont eu de cesse de cher­cher à com­prendre de quel cha­peau sor­tait le chiffre pré­cis de 345 sala­riés, prévu dans le plan social.

General Electric n’a jamais pipé mot à ce sujet, et Bercy affirme ne pas savoir. Ce lundi, la délé­ga­tion a donc livré un scoop aux membres du cabi­net ministériel.

« Ce chiffre vient de Jérôme Pécresse, pré­sident de GE Renewable Energy, dévoile Nadine Boux. Il a été prendre les 345 sala­riés GE Hydro pour consti­tuer une unité de 550 sala­riés consa­crée à la filière de l’éo­lienne en mer à Cherbourg ».

Bercy entend “véri­fier” cette thèse. Les délé­gués affirment quant à eux s’ap­puyer sur des docu­ments dont ils ont eu connaissance.

EDF génère 50 % de ses béné­fices grâce à l’hydroélectricité

Faire oeuvre de péda­go­gie était aussi l’un des objec­tifs pour­sui­vis par la délé­ga­tion de GE Hydro, lors de cette ren­contre avec Bercy. Avec le regret de ne pou­voir en faire autant auprès de Nicolas Hulot, ministre de la Transition éco­lo­gique et soli­daire, qui fait pour l’heure assez peu de cas du plan social.

Fabrication de turbines hydrauliques sur le site Alstom Hydro à Grenoble - chaire industrielle Hydro'like avec Grenoble INP © Alstom Hydro

Fabrication de tur­bines hydrau­liques sur le site Alstom Hydro à Grenoble – chaire indus­trielle Hydro’like avec Grenoble INP © Alstom Hydro

Et démon­trer par A + B en quoi les tur­bines fabri­quées à Grenoble relèvent d’un savoir-faire pré­cieux, qu’elles peuvent être per­fec­tion­nées et donc ont un ave­nir, pour­quoi le sec­teur de l’hy­dro­élec­tri­cité est stratégique…

Parmi les chiffres élo­quents qui ont ainsi été rap­pe­lés aux col­la­bo­ra­teurs du ministre de l’Économie, ce lundi après-midi : le fait qu’EDF génère 50 % de ses béné­fices grâce à l’hy­dro­élec­tri­cité. Seule éner­gie renou­ve­lable à être mobi­li­sable à tout moment, elle ali­mente les réseaux lors des pics de consom­ma­tion. Raison pour laquelle elle est ven­due plus cher et rap­porte autant.

Enfin, der­nière requête du jour, la plus impor­tante à court terme : la délé­ga­tion réclame un délai sup­plé­men­taire de deux mois avant le démar­rage du plan de sau­ve­garde de l’emploi. Ce qui le repor­te­rait à jan­vier pro­chain, per­met­trait de gagner du temps et de « trou­ver des inves­tis­seurs », espère Nadine Boux. Or seul l’État peut obte­nir ce délai auprès de General Electric. Bercy a pro­mis des réponses aux sala­riés d’ici la fin de la semaine.

Une restruc­tu­ra­tion encore plus dras­tique se pro­file à GE, mais GE Hydro serait épargnée

Au cours de leur ren­dez-vous, les délé­gués syn­di­caux ont décou­vert par la presse, en consul­tant les réseaux sociaux, qu’un « nou­veau plan d’é­co­no­mies encore plus dras­tique » se tra­mait à General Electric, avec des ces­sions d’ac­ti­vité à la clé.

Les salariés de GE Hydro reconnaissables à leur casquette GE - 345. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Les sala­riés de GE Hydro recon­nais­sables à leur cas­quette GE – 345. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Bercy nous a assuré que la branche Hydro ne fai­sait pas par­tie des ventes », déclare Nadine Boux. 

Et pour cause : céder GE Hydro n’est pas pos­sible pour le moment, la branche appar­te­nant encore, en par­tie, à Alstom et ce, pour quelques mois. 

Après l’ex­pi­ra­tion de la joint-ven­ture, en sep­tembre 2018, l’Américain aura en revanche tota­le­ment les mains libres. L’État n’aura alors plus aucun moyen de pression…

Séverine Cattiaux

LES SALARIES D’EDF DANS LE MEME BATEAU QUE GE HYDRO

Pour empêcher un plan social menaçant 345 emplois, des salariés de GE Hydro sont montés à Paris ce lundi 13 novembre 2017. Une délégation de syndicalistes avaient rendez-vous à Bercy. DR

Pour empê­cher un plan social mena­çant 345 emplois à GE Hydro, des sala­riés de GE Hydro et d’EDF sont mon­tés à Paris ce lundi 13 novembre DR

Ont grimpé dans le car, ce lundi, pour venir sou­te­nir GE Hydro à Bercy, une cin­quan­taine de sala­riés du lea­der mon­dial de la construc­tion de tur­bines ainsi que des sala­riés d’EDF. Pour les syn­di­cats des entre­prises res­pec­tives, la cause est enten­due : les sala­riés de GE Hydro et d’EDF ont en com­mun d’être diri­gés par des mana­gers qui cherchent avant tout à faire du pro­fit, au détri­ment des sala­riés et aux dépens de la tran­si­tion énergique.

« Il faut unir nos forces pour avoir une chance de ne pas les lais­ser tout détruire dans nos métiers, pour­tant indis­pen­sables à la réus­site d’une tran­si­tion éner­gé­tique urgente », exhor­tait, la veille de la ren­contre à Bercy, les syn­di­cats CGT, FO et SUD, dans un com­mu­ni­qué s’a­dres­sant aux sala­riés d’EDF.

L’État « brille par son silence »

Dans l’en­tre­prise EDF, les syn­di­cats dénoncent, de leur côté, un plan social de « 6 000 emplois sup­pri­més en quatre ans sur 65 000 […], notam­ment dans l’hydraulique et à la R&D. […] EDF pro­fite de la tran­si­tion éner­gé­tique pour en faire une tran­si­tion sociale », vili­pendent les syndicats.

Barrage et centrale hydroélectrique du Monteynard. Site EDF

Barrage et cen­trale hydro­élec­trique du Monteynard. Site EDF

Et de son­ner éga­le­ment le toc­sin à la vue des filiales low cost d’EDF dans l’éo­lien et le solaire « payant ses sala­rié-e‑s 35 % de moins ». Quant à l’hydro-électricité, elle est « siphon­née pour la petite hydrau­lique vers des filiales EDF low cost. Et sera, redoutent les syn­di­cats, « bra­dée à la concur­rence dès que Bruxelles et la Commission euro­péenne auront gagné leur bras de fer sur les renou­vel­le­ments de conces­sions des bar­rages, pri­vant de fait EDF (qui n’aura même pas le droit de pos­tu­ler à sa suc­ces­sion !) de val­lées entières qu’elle exploi­tait jusque-là ». Deux stra­té­gies délé­tères et un seul res­pon­sable aux yeux des syn­di­cats : l’État « qui brille par son silence ».

Séverine Cattiaux

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