ENTRETIEN – Que se passe-t-il dans les hôpitaux publics français et plus localement au Centre hospitalier universitaire de Grenoble (Chuga) ? Le Pr Philippe Halimi, président de l’Association nationale Jean-Louis Mégnien qui lutte contre la maltraitance et le harcèlement à l’hôpital s’est rendu ce lundi 6 novembre à Grenoble pour y rencontrer la direction du centre hospitalier. L’objectif de cette visite ? Assister une collègue néphrologue de l’hôpital victime de harcèlement alors même que l’établissement est secoué par plusieurs drames. L’occasion pour Place Gre’net d’en savoir plus sur la maltraitance et le harcèlement au sein de l’hôpital public.
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Signalements toujours plus nombreux, multiplication des plaintes pour maltraitance et harcèlement, succession de suicides à l’hôpital public… Les établissements publics de santé ont-ils oublié leur responsabilité d’employeur, forcés qu’ils sont aujourd’hui d’obéir aux lois du marché qui gouvernent tout et exigent toujours plus de rentabilité ?
Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (Chuga). © CHU de Grenoble – Service Communication
C’est du moins ce que pense le président de l’Association nationale Jean-Louis Mégnien, du nom du cardiologue qui s’est défenestré le 17 décembre 2015 depuis son bureau de l’Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris (XVe). L’objectif de cette association : lutter contre la maltraitance et le harcèlement au sein de l’hôpital public. Ainsi depuis près d’un an et demi, le Pr Philippe Halimi, chef du service de radiologie de l’hôpital européen Georges Pompidou exhorte-t-il jusqu’au pouvoir politique, à ne pas rester insensible et à réagir.
Il était présent ce lundi 6 novembre au centre hospitalier universitaire de Grenoble Alpes (Chuga) pour y soutenir auprès de la direction de l’hôpital, une collègue néphrologue, victime de harcèlement moral. Ce, alors même que l’établissement est secoué par plusieurs drames. À commencer par le suicide d’un jeune neurochirurgien de 36 ans la semaine dernière près du bloc opératoire Michallon. Ce à quoi s’ajoutent cinq dépôts de plaintes pour harcèlement moral par des médecins du Chuga.
C’est dans ce contexte très particulier que Place Gre’net a tenu à en savoir plus sur les tenants et aboutissants de ces comportements qui se répandent dans les hôpitaux publics.
Place Gre’net – Hasard du calendrier, vous vous êtes rendu ce lundi au Centre hospitalier universitaire de Grenoble Alpes (Chuga) alors qu’un drame vient de frapper l’hôpital Albert Michallon avec le suicide jeudi 2 novembre d’un neurochirurgien sur son lieu de travail. Selon vous, ce drame est-il pour partie lié aux conditions de travail dans l’hôpital ?
Philippe Halimi – Malheureusement, quand survient un suicide sur un lieu de travail, le premier réflexe de la structure où travaillait cette personne est de se mettre à l’abri en affirmant qu’il avait des problèmes personnels.
Pour autant, bien que nous ne connaissons pas encore la teneur exacte de la lettre manuscrite de cinq pages [actuellement entre les mains de la police, ndlr] que ce collègue neurochirurgien a adressée à sa mère, les informations qui nous sont remontées semblent montrer que les facteurs sont multiples et qu’il y a des facteurs professionnels.
Ces informations ont d’ores et déjà été transmises par nos soins au ministère de la Santé.
Le Chuga ne semble pas épargné par les risques psychosociaux…
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