C’est à guichets fermés et sans incidents que s’est déroulé, ce vendredi 28 octobre au Summum de Grenoble, le spectacle de Dieudonné intitulé La guerre. Une représentation en forme d’épilogue après une bataille judiciaire avec Éric Piolle, le maire de Grenoble, qui avait pris un arrêté pour que le spectacle soit interdit. La justice a finalement donné raison à l’artiste, l’autorisant à donner son spectacle. Pour le plus grand plaisir de ses fans.
« C’est parce que le maire a interdit le spectacle que j’ai appris que Dieudonné passait dans ma ville ! C’est top ! »
Ainsi s’exprime, retenant son envie de s’esclaffer, une jeune femme dans la file d’attente qui s’allonge devant le Summum de Grenoble, ce vendredi 28 octobre.
Tous sont impatients d’assister à La guerre, le spectacle du très controversé humoriste Dieudonné. Dans la queue, quelques quolibets fusent de ci et de là à la vue des caméras et des micros des journalistes. Les médias ne sont manifestement pas en odeur de sainteté dans les rangs des fans de l’humoriste. Pour autant, rien de bien méchant, l’ambiance reste somme toute bon enfant. Les spectateurs sont avant tout venus là pour rire et puis, après tout, « ceux qui n’aiment pas n’ont qu’à pas venir ». Tel est l’avis de beaucoup parmi les personnes que nous parvenons – tout de même – à interroger.
Aucun trouble patent de l’ordre public
Éric Piolle, le maire de Grenoble, l’avait craint mais à l’horizon, nulle banderole, aucun regroupement de manifestants ou autres opposants à la venue de l’artiste. Ce qui n’a pas empêché les autorités de déployer aux alentours un discret, tout autant qu’impressionnant, dispositif policier, celles-ci allant même jusqu’à positionner des personnels sur les toits environnants.
Ce déploiement aurait peut-être pu en énerver certains mais, du côté des fans, calme plat. Même si certains n’hésitent pas à utiliser le terme de snipers pour désigner les policiers postés en hauteur, ils se bornent à ce seul constat, désabusés.
Point de guerre toutefois, si ce n’est l’intitulé du spectacle. L’ordre public n’a pas du tout été troublé par la venue de Dieudonné dans la capitale des Alpes.
C’était pourtant l’un des motifs invoqués par Éric Piolle, le maire de Grenoble, pour prendre un arrêté d’interdiction du spectacle. L’humoriste n’avait quant à lui pas tardé à réagir en répliquant sur le terrain de la liberté d’expression via une vidéo mise en ligne le 26 septembre dernier.
Après une bataille juridique émaillée de rebondissements, la justice lui ayant finalement donné raison, c’est à guichet fermé et devant une salle comble que s’est finalement déroulé le spectacle de l’artiste.
« Je ne vois pas pourquoi Piolle s’est monté contre lui ! »
Dans la file d’attente, des fidèles de la première heure, bien sûr. Mais pas seulement. D’autres sont venus pour voir les sketchs de l’humoriste autrement que par vidéos interposées pour le voir bouger sur scène. Certains ne le connaissent pas du tout et, pour ces derniers, ce sera une totale découverte. Dans les motivations qui les ont guidés jusqu’au Summum, la politique n’est pas absente.
« J’aime sa sincérité. Celle de celui qui dit tout haut ce que d’autres ne pensent même pas ! », se confie un jeune homme. « Il n’a rien fait aux Verts ! Je ne vois pas pourquoi Piolle s’est monté contre lui », s’insurge un autre. Pour la plupart, un maître mot : la liberté d’expression. Mais aussi diverses autres considérations dont ils se font l’écho devant notre micro.
Joël Kermabon