FOCUS – Après l’élection du nouveau maire de Meylan Jean-Philippe Blanc, l’élection de ses adjoints était à l’ordre du jour du conseil municipal de ce vendredi 27 octobre. La liste du nouveau maire l’a emporté contre celle des “loyalistes” de Jean-Claude Peyrin et de l’opposition de gauche, le groupe AiMeylan, conduite par Philippe Cardin. Mais faute de nette majorité, Jean-Philippe Blanc se retrouve dans la situation, paradoxale, d’un maire sans aucun pouvoir.
C’est dans une ambiance électrique que s’est déroulé, ce vendredi 27 octobre, le conseil municipal de Meylan. Principale délibération : l’élection des adjoints du nouveau maire, Jean-Philippe Blanc, fraîchement élu dimanche 22 octobre.
D’emblée, la soirée s’est annoncée compliquée, chacun pressentant que le blocage de la gouvernance de la commune – déjà perceptible lors de l’élection du maire – allait encore se préciser. Un sentiment confirmé par plusieurs signes, notamment les sièges vides de onze des trente-trois élus que compte l’assemblée. Dont celui de Damien Guiguet, le maire sortant.
Trois listes en présence
En lice, trois listes (cf. encadré) s’affrontaient. Celle du maire – les ex-frondeurs – menée par François-Xavier Wanhem, la liste des “loyalistes” de l’ancienne majorité conduite par Jean-Claude Peyrin et celle de Philippe Cardin du groupe d’opposition AiMeylan
Fait peu coutumier, les listes de François-Xavier Wanhem et de Jean-Claude Peyrin comportaient quatre noms en commun (cf. encadré) ! Ce que permet la loi, a affirmé Jean-Philippe Blanc, en précisant que si les intéressés en avaient bien été informés, ils n’avaient pas pour autant « donné leur accord ».
En préliminaire au vote, Philippe Cardin s’est inquiété de l’éventuelle présence, dans la liste favorable à Jean-Philippe Blanc, de l’un des quatre élus récemment suspectés de prise illégale d’intérêts. L’opposant a des biscuits puisqu’il fait des recherches avec son groupe en remontant près de deux ans de factures.
Lesquelles recherches tendraient à étayer ses dires. « Si tel était le cas, bien évidemment je lui demanderais de donner sa démission d’adjoint, ça me paraît tout à fait naturel », a rétorqué Jean-Philippe Blanc.
Qui, sur une autre injonction de Philippe Cardin lui demandant de communiquer les noms des élus mis en cause, a après Damien Guiguet invoqué le secret d’instruction et la présomption d’innocence. Motus et bouche cousue donc… pour l’heure. Car il y a fort à parier qu’avec les avancées de l’enquête préliminaire, le sujet se retrouvera dans un très proche avenir au cœur du débat communal.
Trois des adjoints fraîchement élus démissionnent
« Nous n’allons pas transformer Meylan en village gaulois », a tenté de rassurer Jean-Philippe Blanc juste avant le scrutin. Lequel, une nouvelle fois, s’est déroulé en trois tours, aucune majorité n’ayant pu être dégagée.
Tout fol espoir de ralliement d’un ou plusieurs “loyalistes » ayant été définitivement écarté, la liste de François-Xavier Wanhem l’a emporté avec les seules 13 voix des fidèles au nouveau maire. Qui, de fait, se retrouve toujours minoritaire et dans l’incapacité de gouverner la commune.
Autre épine dans le pied pour le maire : trois des adjoints, tout juste élus, figurant en commun sur deux des listes ont démissionné de leurs fonctions. Ce dont s’explique Thierry Féret, l’un d’entre eux.
Pour ce qui concerne le quatrième, François Poline, absent lors des débats, sa position reste encore inconnue.
Une seule délégation accordée au maire
Un maire sans pouvoir, donc ? Presque car celui-ci pourra seulement délivrer et reprendre les concessions du cimetière communal. Ainsi en a décidé le vote d’un amendement sur une délibération concernant les délégations accordées au maire par le conseil municipal.
Un amendement arraché aux forceps grâce à une coalition de circonstance des loyalistes de la liste de Jean-Claude Peyrin, associés aux élus d’opposition conduits par Philippe Cardin. Au titre de l’urgence « pour ne pas pénaliser les citoyens dans la peine », sera-t-il expliqué.
Un maire pieds et mains liés
En tout état de cause, voilà qui en dit long sur une situation bloquée, plus verrouillée que jamais, avec, certes, un maire à la tête de la commune de Meylan, mais un maire pieds et poings liés. Ce dont convient sans ambages Jean-Philippe Blanc, visiblement très déçu.
Estimant se retrouver dans une « impasse insurmontable », celui-ci compte bien, en désespoir de cause, s’en remettre au préfet de l’Isère.
Pour l’opposition, en l’occurrence Philippe Cardin, l’affaire est entendue. Preuve est une nouvelle fois faite, à l’issue de ce conseil municipal, que Meylan n’est pas gérable en l’état. Dès lors, l’élu ne voit qu’une seule solution : retourner devant les électeurs, ce que son groupe réclame à corps et à cris depuis le début de la crise.
Joël Kermabon
La composition des listes en présence
Liste de François-Xavier Wanhem : François Xavier Wanhem, Arslan Soufi, Thierry Féret, Françoise Balas, Jean-François Roux, Catherine Allemand-Damond, Anne-Laure Husson, Hélène Viard-Gaudin, François Poline.
Liste de Jean-Claude Peyrin : Jean-Claude Peyrin, Chaza Hanna, Thierry Féret, Hélène Viard-Gaudin, Jean-François Roux, Joëlle Hours, Laurent Vadon, Catherine Lecoeur et François Poline.
Liste de Philippe Cardin (groupe AiMeylan) : Philippe Cardin, Mélina Hérenger, Christophe Bathail, Antoine Jammes, Christel Refour, Marie-Odile Novelli et Éric Cheminot.
Les noms en commun : Jean-François Roux et Hélène Viard-Gaudin, Thierry Féret et François Poline.