FOCUS – Pour renouveler ses abris de bus et de tram et connaître les besoins des usagers, le syndicat mixte des transports en commun consulte à tout-va. Mais, le SMTC ne semble visiblement pas prêt à emprunter la route suivie par le maire de Grenoble en 2014 en donnant un grand coup de balai dans l’affichage publicitaire.
Le maire de Grenoble avait démantelé les mobiliers urbains pour faire tomber l’affichage publicitaire © Joel Kermabon
Alors que le marché de mise à disposition des abris de bus et de tram conclu avec JCDecaux arrive à échéance, le syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise (SMTC) n’emboîtera pas le pas à la ville de Grenoble.
Fin 2014, le maire Eric Piolle avait en effet décidé de ne pas renouveler le contrat passé avec un publiciste, en l’occurrence le numéro un mondial JCDecaux. Exit l’affichage publicitaire dans la capitale des Alpes sur les sucettes, panneaux et colonnes qui avaient été démontés dans la foulée. Et place à l’affichage libre ! Le coup de balai s’était toutefois arrêté là. Impossible de toucher à la publicité sur les abris de bus et de tramways, du ressort, eux, du SMTC.
Depuis 2004, le millier d’abris voyageurs* que compte le territoire de la Métropole est la propriété de Decaux. Le publiciste a toute latitude pour y apposer ses publicités, moyennant le versement d’une redevance annuelle d’environ 500 000 euros au SMTC, et l’obligation d’entretien et de maintenance.
Consultation des entreprises en 2018 et nouveau mobilier urbain en 2019
Le contrat arrivant à échéance en mai 2019, un nouveau marché va être lancé, et les entreprises consultées dès 2018. L’occasion rêvée de faire le ménage dans l’affichage publicitaire ? Pas vraiment… Le nouveau contrat, de dix à quinze ans comprendra, outre la mise à disposition de l’abri voyageur ainsi que l’entretien et la maintenance, la régie publicitaire.
« Il y aura une réduction de la publicité », nuance Yann Mongaburu, le président du syndicat de l’agglomération grenobloise.
« Mais nous avons d’abord besoin d’analyser les besoins des usagers. Notre volonté est de partir des besoins, les définir pour les vingt prochaines années. Après, on confrontera le souhaitable au possible ».
Le grand public consulté en ligne
Alors, depuis début 2017, le syndicat consulte tous azimuts. Questionnaires, enquêtes, consultations des comités de déplacement comme d’associations travaillant sur l’accessibilité, tout y passe. Jusqu’à un « focus groupe » (comprendre un petit groupe d’usagers) chargé de mener une réflexion approfondie.
Dernière en date, une consultation a été ouverte à destination du grand public sur Internet. Jusqu’au 1er décembre, tout le monde peut donner son avis et y aller de ses propositions. C’est sur la base de cette concertation que sera défini le cahier des charges de la consultation sur lequel le SMTC délibèrera en février prochain.
Alors que le marché de mise à disposition des abris de bus et de tram conclu avec JCDecaux arrive à échéance en 2019, le SMTC consulte pour mieux cerner les besoins des usagers en matière de mobilier urbain. © Patricia Cerinsek
Avec ou sans relais de téléphonie ? Avec ou sans panneaux photovoltaïques ? Avec quel type d’éclairage ? Quels matériaux ? Du bois ? Des plantes ? Des messages informatifs ? Des vidéos ? Les usagers ont donc la parole. Bref, on ne pourra pas dire que le SMTC ne concerte pas…
Des abris de bus connectés, durables et économes
Ce manque de concertation, c’est ce qui était justement reproché à Eric Piolle en 2014. Comme il lui avait été reproché de ne pas prendre le train en marche : celui d’adopter un nouveau mobilier urbain intelligent. Le SMTC, lui, entend y sauter à pieds joints.
Boulevard Ampère, la station Cémoi sur la ligne C5 fait d’ailleurs figure de prototype et permet d’ores et déjà de tester les nouveaux services. En l’occurrence, trois prises USB pour recharger les smartphones et un écran “e‑paper”, le tout alimenté par les panneaux photovoltaïques installés sur le toit.
Demain, les abris de bus seront connectés, durables et économes. Plus de services donc, et tant pis si aucune nouvelle ligne ou extension de tram ne se dessine à l’horizon…
Patricia Cerinsek
- * Plus 600 à 800 autres mobiliers urbains concernés par l’actuel marché.