TRIBUNE LIBRE – Retraité depuis une dizaine d’années, Denis Brossier, interpelle le philosophe Michel Onfray sur la problématique du transhumanisme, qui a notamment fait débat ces derniers jours à Grenoble. Pour cet ancien cadre d’administration, l’avenir de l’homme n’est pas l’homme-machine mais un homme qui, gardant ses attaches terrestres et matérielles s’ouvre à tous les champs qui l’emmène au-delà : immanence ou transcendance.
Monsieur Onfray,
J’espère que ce message vous parviendra et que vous pourrez lui réserver votre attention malgré l’immensité de vos tâches. Mais le sujet me paraît aussi immense car il ne s’agit pas moins que de la disparition de l’homme au profit de l’intelligence artificielle (IA) ou/et de l’homme augmenté.
Permettez-moi de me situer. Je suis un modeste penseur retraité qui a créé il y a six ans le site/blog Le Temple des Consciences ; Ce n’est pas le sujet direct de mon propos. Je veux en venir au problème de l’IA et du transhumanisme.
J’ai lu votre interview publiée le 29 septembre dans Le Figaro à propos de Michel Houellebecq et j’en tire ce passage :
« Une civilisation n’est possible qu’avec une spiritualité qui la soutient et qui, elle-même, découle d’une religion. Depuis que le monde est monde, c’est ainsi. L’Histoire témoigne.
Elle témoigne également qu’il n’y eut pas de civilisation construite sur l’athéisme et le matérialisme qui, l’un et l’autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d’une civilisation – je le sais au premier chef puisque je suis athée et matérialiste… On ne lie pas les hommes sans le secours du sacré. »
Transhumanisme : « un crime contre l’humain »
Je voudrais attirer votre attention sur des articles que j’ai publiés à propos de l’IA et du transhumanisme dont celui-ci sur le Manifeste des chimpanzés du futur. Au-delà de la présentation du livre l’article renvoie notamment à une lettre ouverte que j’ai adressée le 9 septembre 2017 au député Villani chargé d’une mission sur l’intelligence artificielle.
Le chercheur neuro-oncologue grenoblois François Berger a déclaré le 9 avril 2016 dans un colloque au Collège des Bernardins organisé par Sciences et Avenir que l’idée du post-humain était « un crime contre l’humain ».
La machine transhumaniste est maintenant bien en place, les labos « travaillent dur » comme savent le dire les Américains pour nous construire le surhomme, l’homme-machine.
« Le sacré transféré à la technique nous asservit »
Dans le passage de votre article du Figaro cité plus haut vous concluez : « on ne lie pas les hommes sans le secours du sacré ». J’ai mis sur ma page « transrationalité, critique de la modernité et de l’idéologie du Progrès » une citation de Ellul de 1973 :
« Ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique. »
Et bien justement, en réponse à votre article du Figaro et en réponse à Ellul nous apprenons dans La Croix du 5 octobre : « Anthony Levandowski, le père de la voiture autonome, a fondé aux États-Unis une organisation religieuse qui fait la promotion d’une « divinité » basée sur une intelligence artificielle. »
Désolé d’avoir été un peu long, mais j’espère beaucoup que vous vous emparerez du sujet car nous n’avons pour l’instant que les mots à jeter à la face des « inhumains » et je ne doute pas une seconde que le système économique mondial dévie de cette orientation. Avec notre nouveau Président, avec notre député mathématicien, avec des laboratoires et centres de recherche nous allons comblé notre retard… d’où la mission Villani et les suites attendues.
Merci de la part de tous « les chimpanzés du futur » pour la part que vous prendrez à ce débat et à ce combat.
Recevez les pensées cordiales d’un homme qui voit au-delà de notre monde matériel… sans verser ni dans le fondamentalisme ni même – du moins pour l’instant – dans le religieux.
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