EN BREF – Ce vendredi 29 septembre, pas moins de trois ministres sont venus au chevet de la vallée de l’Arve, dont l’air très pollué cause des morts prématurées et des maladies chroniques. Faisant montre de leur volonté d’agir, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn ministre des Solidarités et de la Santé et Élisabeth Borne, ministre chargée des Transports n’ont toutefois pas fait d’annonces tonitruantes.
Un nouveau plan de protection de l’atmosphère (PPA) est en cours d’élaboration dans la vallée de l’Arve, avec comme parties prenantes l’État, les collectivités et les associations.
Les ministres, venus ce vendredi 29 septembre rencontrer les entreprises, associations et collectivités locales, n’étaient pas là pour devancer les conclusions. Et pour cause, la feuille de route du futur PPA est en cours de co-construction d’ici le printemps 2018… Mais alors pourquoi cette visite ?
La Vallée de l’Arve sera « une terre pionnière »
Nicolas Hulot, ministre de la Transition s’est bien gardé de promettre quelque miracle que ce soit en matière de lutte contre la pollution, pour l’hiver prochain. Il n’a annoncé aucune nouvelle mesure par rapport aux bouquets d’actions déjà en place. Or si celles-ci s’avèrent montrer leur efficacité, il faudrait aller bien plus loin pour améliorer significativement la qualité de l’air.
Le ministre de la Transition écologique et solidaire a ainsi assuré, à l’ensemble des acteurs, la détermination de l’État à faire de la Vallée de l’Arve « une terre pionnière » pour « un sujet national [la lutte contre la pollution de l’air, ndlr] qui est l’une de [leurs] trois grandes priorités.
[…] En mars 2018, on aura franchi un pas de plus. On renforcera les actions là où on doit les renforcer », a‑t-il exhorté.
« Interdictions de circulation, augmentations de péages… »
En matière de transports, Élisabeth Borne a rappelé quelques éléments de contexte. Le trafic local génère davantage de pollution que le trafic international de transit. C’est donc sur ce premier point qu’il lui semble important d’accentuer les efforts (véhicules propres, covoiturage, etc). Les collectivités, en lien avec l’État, s’y emploient fort bien. Il faut poursuivre. Tel est en substance le message de la ministre.
Quant à la limitation de la circulation des routiers transfrontaliers, levier sur lequel seul l’État a la main, Élisabeth Borne se montre certes déterminée, mais emploie le futur sans précision de date : « Pour le trafic de transit, il faudra recourir à tous les dispositifs qui sont permis par la réglementation de l’Europe, y compris certaines interdictions de circulation, y compris des augmentations de péages sur les modes routiers, évidemment en concertation avec nos amis italiens. »
L’interdiction euro 3, un objectif atteignable… en 2019
À défaut d’engagement, la ministre des Transports a émis la proposition de réduire la vitesse de la circulation dans la vallée de l’Arve toute l’année et pas seulement en hiver. Elle compte également convaincre les Italiens d’interdire le trafic pour les poids lourds Euro 3, et a bon espoir d’y arriver « compte tenu du contexte favorable : la confirmation de l’autoroute alpine et le respect de l’engagement de la France sur le Lyon-Turin ». À Nicolas Hulot d’ajouter un peu plus tard : « L’interdiction euro 3 en 2019 [est] un objectif atteignable. »
La construction de Lyon-Turin sera « excessivement sobre »
Au sujet du Lyon-Turin, Nicolas Hulot a déclaré que la liaison transalpine se ferait bien, comme annoncé par Emmanuel Macron, le chef de l’État, « dans une version économique et écologique excessivement sobre, et tout cela assorti d’alternatives aux routiers… », a cru bon de préciser le ministre de la Transition.
Séverine Cattiaux
8 % DE DÉCÈS PRÉMATURÉS PAR AN
Selon les résultats de l’étude de Santé publique France présentée ce vendredi, les particules fines (PM 2,5 et PM 10) entraînent 8 % de décès prématurés par an dans la vallée de l’Arve. Un chiffre proche de ce qui peut être constaté dans les grandes agglomérations. On atteint même 13 % dans certaines régions de France encore plus polluées.
Le rapporteur de l’étude n’évoque toutefois pas le niveau de pollution moyen à l’année.
Un problème majeur, auquel il faut s’attaquer, en convient Agnès Buzyn, ministre de la Santé : « L’enjeu, et pas que dans la vallée de l’Arve mais dans les grandes villes aussi, est de réduire toute l’année les particules fines pour qu’à force elles soient moins nocives. Les pics, il y en aura toujours, mais si le niveau moyen baisse, ils seront davantage supportables. » L’étude permet aussi d’estimer le temps en moins à chaque âge de la vie, du fait des particules fines. Ainsi, la réduction de l’espérance de vie d’une personne de 30 ans habitant dans la vallée de l’Arve est de 9 mois.
Une bonne nouvelle, enfin, ressort des conclusions de l’étude : en baissant de 30 % la pollution des particules fines, 45 décès seront évités.