Parmi la liste des personnes n’ayant pas apprécié la vidéo que Dieudonné a adressée au maire de Grenoble, vient de s’ajouter le Planning familial de l’Isère. Dans un communiqué, celui-ci dénonce le sketch que le polémiste dévoile en fin de message, extrait de son nouveau spectacle intitulé La Guerre.
Dieudonné y campe le passager d’un métro qui assiste à un viol caractérisé mais refuse d’intervenir, justifiant sa lâcheté auprès de sa voisine en usant d’arguments aussi absurdes qu’hypocrites. Un sketch dans lequel Dieudonné n’oublie pas son fonds de commerce, en faisant du passager un franc-maçon et en glissant une (laborieuse) référence à la Shoah.
« Un sketch participant à la culture du viol », juge le Planning familial
Un extrait « particulièrement violent et abject » pour le Planning familial de l’Isère, dans lequel il estime que « le viol semble n’être qu’une blague, et [où] le malaise est amplifié par les rires des spectateurs ». Pour le Planning, ce sketch participe à la « culture du viol qui gangrène notre société », et dont les « blagues sont l’un des rouages ».
Le Planning familial dresse toutefois un portrait particulier du passager incarné par Dieudonné dans ce sketch. « Le personnage n’a pas peur, il ne semble pas ou peu choqué de la situation : il ne souhaite tout simplement pas réagir. » Il apparaît pourtant que c’est bien la peur qui l’amène à ne pas réagir, et le fait osciller entre gène, déni et culpabilité. Que penser dès lors d’un Coluche incarnant un violeur sans remords dans Le Viol de Monique, près de quarante ans plus tôt ?
Seuls 1 % des violeurs sont condamnés, rappelle le Planning familial
Allant au-delà du cas Dieudonné, le Planning familial rappelle dans son communiqué que « seuls 10 % des viols sont portés à la connaissance de la justice et [que] la majorité d’entre eux sont classés par les Parquets ou reclassifiés en agressions sexuelles ». Au final, seuls 1 % des violeurs sont condamnés, et la moitié des victimes de viol sont mineures*.
Le Planning familial revient ainsi sur la décision du tribunal correctionnel de Pontoise de ne pas retenir la qualification de viol dans le cas d’une fillette de onze ans agressée sexuellement par un homme de 28. « Sous prétexte qu’il n’y a eu ni violence, ni contrainte, ni menace et ni surprise de la part de la personne majeure, la fillette a été considérée comme “consentante” », dénonce-t-il.
FM
* Le Planning familial de l’Isère cite les chiffres, d’une part de la sociologue Véronique Le Goaziou obtenus suite à des enquêtes de victimation, et d’autre part du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dans un avis rendu le 5 octobre 2016.