EN BREF – Le débat fait rage au sein de la majorité du conseil municipal, à Saint-Égrève. En cause : la nomination au poste de maire de Daniel Boisset qui, depuis le 26 juin, est entré en fonction pour remplacer Catherine Kamowski, élue députée de l’Isère pour La République en marche. Dénonçant « un problème de jeux de succession », Dominique Paulin et Laurence Froissard, deux conseillers municipaux du groupe de la majorité Priorité Saint-Égrève, ont présenté leurs démissions.
Dominique Paulin, conseiller municipal délégué à l’information et aux services numériques, et Laurence Froissard, conseillère municipale déléguée à l’accès au logement pour tous, viennent de quitter le conseil municipal de Saint-Égrève.
La raison ? Un désaccord politique lié aux « jeux de succession » au poste du maire. Présenté comme son successeur par la maire sortante Catherine Kamowski, l’ancien premier adjoint à Saint-Égrève Daniel Boisset a été élu maire de la commune en juin dernier. Une décision qui a toutefois suscité de vifs débats au sein de la majorité municipale.
« Ce n’est pas avec lui qu’on devrait préparer les élections municipales de 2020 », affirme Dominique Paulin, en se faisant porte-parole du mécontentement de huit autres élus du même groupe. Au lieu de ce représentant de la « vieille génération de politiciens » (Daniel Boisset siège au conseil municipal de Saint-Égrève depuis 1995), ces derniers auraient en effet préféré « mettre des personnes beaucoup plus jeunes que lui à la place de maire pour cette année ».
Un maire élu « avec une unanimité de façade », d’après les deux conseillers
Lors des élections, deux autres candidats étaient en lice pour ce poste. En l’occurrence, Benjamin Coiffard, actuellement adjoint en charge des travaux, de la qualité de l’espace public et des interventions de proximité, et Évelyne Cassanelli, qui a démissionné en juin dernier.
« Il [Benjamin Coiffard, ndlr] était sûr de ne jamais recueillir la majorité des voix des élus pour se présenter comme maire le jour des élections au conseil municipal. Donc il a retiré sa candidature pour laisser la voie libre à Daniel Boisset », raconte Dominique Paulin.
L’élection du nouveau maire se serait ainsi faite « avec une unanimité de façade », poursuit-il. « Car une division dans la majorité de la municipalité par rapport à l’opposition et aux habitants n’était pas possible ».
Depuis cette nomination, les deux conseillers municipaux ne décolèrent pas. « Nous n’avons jamais eu un dialogue avec le nouveau maire. Et même quand nous avons donné notre démission, il n’a rien fait pour la retenir. Il a prévenu directement les autres élus », affirme Dominique Paulin.
Des propos auxquels Laurence Froissard, à la fois sa collègue et compagne, fait écho. « Avec les élections, on s’est mis au vert avec la mairie pour réfléchir et pour ne pas prendre des décisions sur le coup de la colère. Nous avions demandé de rencontrer le maire puisqu’on n’était pas d’accord. Un rendez-vous qu’on attend toujours à l’heure actuelle […] On s’était donné un mois et la date d’échéance arrivant, nous avons démissionné », précise-t-elle.
« On ne donne pas une démission comme ça, à la légère »
Et celle-ci d’expliquer les raisons de son choix : « Concernant ma délégation, c’était la troisième et dernière fois que je mettais en jeu mon poste ». En fonction depuis 2008, au cours de son deuxième mandat (débuté en 2014) elle a, à maintes reprises, montré son inquiétude envers la gestion du service du logement social. Notamment, le passage d’un contrat à temps plein à un poste à 80 % pour une personne employée au CCAS.
« Avec Catherine Kamowski, on a pu discuter à ce sujet de façon libre. Elle a su me retenir en me disant « Patiente, tu verras, ça ira mieux » », se souvient Laurence Froissard. Et de préciser : « On ne donne pas une démission comme ça, à la légère quand on touche au social, car c’est des êtres humains qui sont en face de nous. »
À présent, Dominique Paulin et Laurence Froissard attendent toujours une réaction de la part de Daniel Boisset. Lequel, par la voix de son cabinet, déclare n’avoir rien à ajouter pour l’instant.
Les deux conseillers démissionnaires tiennent toutefois à souligner leur soutien à la majorité municipale concernant les projets en cours. Sauf sur un point : « la fermeture des deux bibliothèques de Fiancey et de Rochepleine pour la création de la médiathèque de Barnave », affirment-ils.
Initié à l’époque de Catherine Kamowski, le projet de modernisation de Barnave se poursuit malgré les contestations des élus de l’opposition et d’habitants de Saint-Égrève. Ces derniers demandent en effet que les deux bibliothèques satellites restent en fonction même après l’ouverture de la nouvelle médiathèque, prévue en 2020.
Giovanna Crippa, correspondante à Saint-Égrève
LES 25 ÉLUS DE LA MAJORITÉ RÉAFFIRMENT LEUR SOUTIEN À DANIEL BOISSET
Par le biais d’un communiqué signé ce jeudi 14 septembre par les vingt-cinq élus* de Priorité Saint-Égrève, la majorité municipale a voulu préciser sa position par rapport aux propos tenus par les deux anciens conseillers dans cet article, paru le matin même.
Ils « réaffirment leur soutien au maire Daniel Boisset élu le 26 juin dernier et lui accordent toute leur confiance pour mener à bien les projets portés par la majorité au service de tous les Saint-Égrèvois ».
* Ridha Ben Kaab, Yves Bertrand, BernardBreso, Caroline Bruno, Mireille Cheinet, Benjamin Coiffard, Pascal deFilippis, René Descombat, Gilles Eymery, Jeanne Forestier, AntoineFrisari, Roger Genevois, Catherine Haddad, Véronique Jaubert,Evelyne Joyaud, Catherine Kamowski, Corinne Meunier, PierrePaillardon, Jacqueline Paulhan, Adeline Perroud, Geneviève Reynier,Emmanuel Roux, Sibyle Roy, Peggy Solinas, Michel Telmon.