FOCUS – Depuis plusieurs années, les Grenoblois du Studio Chahut développent Post Human War, un jeu vidéo de stratégie au tour par tour. Disponible sur Steam en accès anticipé, la version définitive du jeu devrait être accessible à l’automne. Retour sur un projet qui n’a cessé de prendre de l’ampleur au fur et à mesure de son évolution.
Un univers post-apocalyptique dans lequel l’humanité a cédé la place à des animaux mutants, des singes en survêtements et des robots ménagers belliqueux. Tel est l’univers de Post Human War, un jeu vidéo de stratégie au tour par tour développé par les Grenoblois du Studio Chahut, dont la sortie définitive est prévue pour l’automne 2017.
En 2013, Place Gre’net avait déjà rencontré les développeurs de Post Human War, qui assuraient alors que la sortie du jeu était… imminente. Quatre ans après, celui-ci est donc toujours en développement, mais désormais en accès anticipé* dans sa version quasi-définitive sur la plateforme Steam.
« Nous avons revu nos ambitions à la hausse »
Pourquoi un tel retard ? « Au fur et à mesure de la production, nous avons préféré revoir nos ambitions à la hausse pour toujours faire mieux, en termes de contenu comme de commercialisation », explique Gabriel Wink, programmeur et “Game director”.
De fait, le jeu a bien évolué depuis sa mouture originale : prévu pour tourner en mode multijoueur sur un navigateur Internet, il est aujourd’hui un programme à part entière, toujours multijoueur mais enrichi d’une campagne solo d’une dizaine d’heures.
Les Grenoblois se sont également alliés à un éditeur, Plug In Digital, qui assure la diffusion internationale du jeu et se chargera de sa promotion. « Le projet a pris de l’ampleur, et forcément plus de temps ! », résume Gabriel Wink. Avant de noter que le jeu a rencontré un beau démarrage lors de sa diffusion en accès anticipé, quand bien même les ventes se sont un peu essoufflées par la suite.
Un univers iconoclaste pour un jeu de niche ?
Il faut dire que Post Human War sort des sentiers battus. Alors que les “streameurs” (personnes qui jouent devant un public)** semblent en ce moment n’avoir d’yeux que pour des jeux de type Battle Royale***, la petite équipe propose pour sa part un jeu de stratégie au tour par tour, plus proche des échecs que du massacre collectif. Tout est par ailleurs dédié à la réflexion, le facteur chance n’entrant pas en ligne de compte.
Un programme de niche ? « De grande niche », nuance Gabriel Wink. Les retours des joueurs sur Internet mais aussi, et surtout, des personnes rencontrées sur les salons de jeux vidéos rassurent le programmeur. « Je ne garantis pas un succès fulgurant mais, oui, il y a un public. Des personnes nous disent : “Enfin un nouveau jeu de stratégie au tour par tour !” Parce que la stratégie de type échecs n’est pas retrouvable dans les jeux d’aujourd’hui. »
Post Human War s’adresse toutefois à un public plus large que les seuls amoureux de stratégie. Des règles « complexes mais pas compliquées », un univers décalé, un humour omniprésent… Autant d’éléments susceptibles, espère l’équipe, de séduire des joueurs adeptes d’autres genres.
Humour et absurde assumés
L’ambiance absurde de ce monde post-apocalyptique n’est pas née par hasard, ni d’une révélation soudaine. Elle a vu le jour « à grands coups de brainstorming », explique Gabriel Wink. « On voulait vraiment se détacher des designs Heroic fantasy, des elfes avec de grandes épées et de gros seins… On a testé plusieurs types de direction et nous sommes arrivés à quelque chose avec une certaine cohérence interne. »
Quant à l’humour, qui se fait rare dans les jeux vidéos, il est ici totalement assumé. « On pense que la stratégie n’empêche pas l’humour. On peut combiner les deux et avoir un univers qui permet de ne pas s’ennuyer dans des règles sérieuses ! », précise encore Gabriel Wink. « Mais le gameplay [l’expérience de jeu, ndlr] a vraiment précédé l’univers. Nous avions l’essentiel avant même de savoir où cela allait se passer. »
Tout comme dans un jeu de stratégie, les concepteurs de Post Human War ont su ne pas se précipiter et poser leurs pions les uns après les autres. Une tactique payante ? Réponse cet automne, sans doute en octobre. Nous saurons alors si le jeu a reçu les faveurs du public, de la presse spécialisée ou encore de blogueurs ou de streameurs, plus ou moins influents.
Florent Mathieu
* La plateforme de vente de jeux en ligne Steam permet aux développeurs de proposer leurs jeux en version anticipée, c’est-à-dire non définitive. L’acheteur dispose ainsi du jeu durant sa phase de développement, plus ou moins avancée, et suit son évolution et ses mises à jour jusqu’à la version définitive.
** Les streameurs jouent devant un public, à travers des plateformes vidéos telles que le site dédié Twitch. Certaines vidéos des streameurs les plus populaires, tels que Fantasio et Bob Lennon, Benzaie ou encore l’équipe du Joueur du grenier, peuvent atteindre des dizaines de milliers de vues. Ci-dessous, un youtubeur suédois s’essayant à Post Human War.
*** Inspirés par le film Battle Royale, ces jeux proposent aux joueurs de s’affronter sur un vaste terrain de combat jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un survivant. Actuellement, le jeu Playerunknown’s Battlegrounds, pourtant encore en développement, rencontre un grand succès sur Steam et compte parmi les jeux les plus “streamés” et regardés sur Twitch.