FOCUS – Si Jean-Charles Colas-Roy, de La République en marche, est arrivé nettement en tête dans la 2e circonscription de l’Isère au premier tour (cantons d’Échirolles, Saint-Martin-d’Hères, Eybens et Vizille), avec 39,60 % des suffrages exprimés, devant Alexis Jolly du Front national, crédité de 12,59 %, l’abstention s’est, elle, établie à 53,83 %. Les deux candidats occupent le terrain pour capter une partie de ces abstentionnistes au second tour.
Sauf incroyable renversement de situation au deuxième tour le 18 juin, Jean-Charles Colas-Roy, candidat de La République en marche, devrait succéder au socialiste Michel Issindou comme député de la deuxième circonscription de l’Isère. Au premier tour, le conseiller municipal d’opposition de la Ville de Saint-Martin-d’Hères a obtenu trois fois plus de voix qu’Alexis Jolly, le représentant du Front National (13 927 contre 4 426).
Pour autant, Jean-Charles Colas-Roy ne considère pas le succès comme acquis. « Vous savez, tant que l’élection n’est pas passée, je ne crie pas victoire. Je suis heureux de ces résultats de premier tour. Je veux encore accentuer ce résultat pour que notre position au second tour soit claire et nette », annonce-t-il.
Jean-Charles Colas-Roy veut « convaincre les abstentionnistes »
Face à lui, Alexis Jolly est conscient que la tâche sera plus que compliquée pour l’emporter. Comme Jean-Charles Colas-Roy, le conseiller régional et municipal d’opposition à Échirolles multiplie les déplacements sur le terrain : marchés, sorties d’écoles, d’usines, comme Caterpillar le 13 juin, etc. à la rencontre des électeurs.
« Ce n’est pas parce que nous sommes arrivés à 12,5 % des voix que nous plions bagage. Nous faisons campagne. L’objectif est de mobiliser les personnes qui ne se sont pas déplacées pour aller voter. C’est grâce à elles que nous pouvons gagner, en tout cas augmenter notre score. De toute façon, je pense que nous allons progresser dans ce second tour. Nous allons essayer de le faire le plus largement possible. »
En plus de convaincre ses électeurs de continuer à le soutenir au deuxième tour et de « faire barrage au Front national », Jean-Charles Colas-Roy cherche, lui aussi, à faire reculer la forte abstention du premier tour. « Je veux convaincre les abstentionnistes, qui ont été trop nombreux à mon grand désarroi, de venir voter pour notre programme, appuyer notre démarche », dit-il. 53,83 % des électeurs inscrits dans cette circonscription ont boudé les urnes au premier tour, contre 50,97 % en Isère. À Saint-Martin-d’Hères et Échirolles, les deux plus grandes villes, l’abstention s’est élevée à 58 %. Elle a même atteint 60,96 % à Vizille !
Pour Alexis Jolly aussi, « les réserves de voix sont dans l’abstention »
« Les réserves de voix sont dans l’abstention », résume pour sa part Alexis Jolly. Côté soutien politique, le candidat frontiste pourra sans doute compter sur une grande partie des électeurs de Debout la France du premier tour. Mais les 1,71 % de son candidat Bruno Lafeuille, dont Alexis Jolly espère un soutien officiel, ne pèsent pas très lourd.
Et peut-être aussi sur une partie des 8,62 % d’électeurs qui ont voté pour Magalie Vicente. La candidate des Républicains/UDI nous a toutefois indiqué qu’elle ne donnerait pas de consigne de vote au deuxième tour. « C’est à mon sens dépassé », juge-t-elle.
France insoumise et Parti communiste contre le FN
Arrivé en troisième position avec 11,12 %, Taha Bouhafs de la France insoumise fait désormais campagne pour Raphaël Briot, qualifié pour le deuxième tour sur la 3e circonscription. Taha Bouhafs est sur la ligne de Jean-Luc Mélenchon par rapport au FN. « Si je peux me permettre une consigne, ce sera celle de n’offrir aucune voix au parti de Marine Le Pen », a indiqué le candidat isérois de la France insoumise par voie de communiqué. Pour autant, il pose des conditions strictes à une consigne de vote en faveur du candidat d’En marche. Il veut notamment que Jean-Charles Colas-Roy s’engage à s’opposer « au projet de réforme brutale du code du travail par ordonnance » et « à l’utilisation du 49.3 ».
Du côté du Parti communiste, Annie David, sénatrice de l’Isère, a lancé dès le 11 juin un appel aux « électrices et aux électeurs de notre département à se rassembler pour empêcher l’élection de députés Front national dans notre département ». Le comité de campagne de David Queiros, arrivé quatrième avec 10,45 %, nous a précisé que le maire de Saint-Martin-d’Hères partageait cette position.
Le PS appelle à voter pour le candidat de La République en marche
Au Parti socialiste, dont le candidat Pierre Verri a recueilli 6,72 % des voix, la prise de position en faveur du candidat de La République en marche est aussi claire. « Face au FN, le Parti socialiste appelle à voter Jean-Charles Colas-Roy sur la deuxième circonscription », a indiqué Christophe Bouvier, premier secrétaire fédéral du PS en Isère, par communiqué le 12 juin. « J’accueille tous les soutiens avec ouverture et bienveillance mais je ne suis dans aucune tractation ni négociation d’appareils », tient de son côté à préciser Jean-Charles Colas-Roy.
Si Alexis Jolly ne peut pas se prévaloir de soutiens de partis, il se réjouit de ce duel face au candidat de La République en marche pour, dit-il, « lever le voile que s’est mis Emmanuel Macron ». « Il y a deux France qui s’opposent, estime le candidat frontiste : la France ultralibérale, de la gauche libérale, un peu la gauche Clinton, qui est incarnée par Jean-Charles Colas-Roy, et nous la France du travail, du social, des valeurs, des traditions et de la liberté. »
Laurent Genin