FOCUS – Absence de professions de foi dans les boîtes aux lettres, mise en ligne aléatoire sur le site du ministère de l’Intérieur, absence de bulletins dans les bureaux de vote… Face à ces dysfonctionnements, se pose une nouvelle fois la question de l’égalité des chances des candidats, et notamment des plus “petits” face au scrutin. L’Union populaire républicaine et le mouvement citoyen MaVoix demandent le report des élections, notamment dans les 1re, 4e et 9e circonscription de l’Isère.
Pour les petits candidats, pas vraiment au fait de la machine électorale, un scrutin c’est le parcours du combattant. L’organisation de ce premier tour des législatives n’a donc pas failli à la règle. Il s’est même corsé à la faveur d’erreurs et autres dysfonctionnements qui se sont à vrai dire accumulés…
Nous en avions fait l’écho quelques jours avant le premier tour : des professions de foi envoyées parfois en double, parfois inversées quand elles n’étaient tout simplement pas absentes des boîtes aux lettres. A l’origine de ce couac, un problème d’acheminement de documents, sous-traité à la société Koba en Rhône-Alpes.
Celui-ci ne peut toutefois invalider le scrutin. Car le ministère a la parade : le web. Les électeurs peuvent en effet accéder aux professions de foi par d’autres moyens que le papier. Enfin, en théorie…
Des ratés sur la Toile… aussi
Outre le fait que tout le monde ne surfe pas (encore) sur le web, la Toile a elle aussi souffert de ratés. Car le site du ministère de l’Intérieur est loin d’avoir mis en ligne toutes les professions de foi. Impossible, par exemple, d’y trouver les déclarations de La France insoumise comme du Front national, et ce sur toutes les circonscriptions. Comme celles d’EELV sur les 2e, 4e et 5e circonscriptions. Absent aussi le parti communiste sur la première. Jusqu’à La République en marche sur la troisième…
Les “petits” candidats ne sont donc pas les seuls à avoir souffert des ratés de l’organisation de ce premier tour. Mais, peu ou pas connus des électeurs, sans machine pour les mettre sur les rails, la course à tâtons s’est aussi transformée pour eux en course d’obstacles.
« Nous n’avions pas de liste précise des différents bureaux de vote », souligne Lauturo Labrin, candidat de Citoyens sur la première circonscription. « Il a fallu se lancer dans une véritable chasse au trésor pour trouver le bon bureau et la bonne adresse. » Trouver le bon banquier aussi prompte à lui ouvrir un compte de campagne. Là, même chemin de croix. Si en théorie, un candidat peut en cas de refus saisir la Banque de France pour qu’elle désigne d’office un établissement de crédit, dans la pratique, le chemin pour y parvenir est chaotique.
A ce jour, Citoyens n’a d’ailleurs toujours pas pu ouvrir de compte de campagne… « Non seulement on y perd beaucoup d’énergie mais on n’est pas tous logés à la même enseigne ! », pointe le jeune candidat d’un mouvement présent pour ce premier tour dans deux cent cinquante circonscriptions.
Les dysfonctionnements ont-ils pu obérer la sincérité du scrutin ?
Bref, le système a ses ratés et ses lacunes. Une situation dont s’est émue l’Union populaire républicaine, tout comme le mouvement citoyen MaVoix. Qui invitent à signer une pétition demandant le report des élections là où des « dysfonctionnements massifs de la distribution du matériel électoral ont été constatés ». Soit, pour l’Isère, d’après les premiers pointages de l’UPR, dans les 1re, 4e et 9e circonscriptions essentiellement.
Il est très peu probable que, pour ces seules raisons, la requête de l’UPR aille plus loin. A ce niveau, seule l’absence de bulletins dans les bureaux de vote peut en effet remettre en cause un scrutin. Mais encore faut-il que le nombre de bulletins concernés par une irrégularité soit tel que cela jette un doute sur le résultat de l’élection….
Patricia Cerinsek