FOCUS – Le sympathique café Zimmerman accueille jusqu’au 1er juillet l’exposition « Azul » de la photographe espagnole Jessica Calvo. Des clichés qui relèvent tout à la fois de l’intime et du documentaire puisqu’ils prennent pour cadre trois villages andalous régulièrement fréquentés – et adorés – par la photographe. En noir et blanc ou en couleur, les photographies numériques – essentiellement des portraits de pêcheurs – capturent joliment les traits de ces visages sculptés par le soleil andalou.
Depuis son arrivée en France en 2010, la photographe espagnole Jessica Calvo s’est peu à peu distinguée dans le domaine du spectacle vivant. Elle exerce d’ailleurs ses talents de photographe de concerts au sein de la salle de musiques actuelles grenobloise La Belle électrique.
« Mais au départ, j’ai pris des photos de spectacle vivant un peu partout à Grenoble, de manière bénévole, pour faire connaître mon travail », se souvient Jessica. De ces multiples clichés, elle a déjà tiré quelques expositions, dont une dédiée aux femmes dans le rock.
Avec « Azul », visible au café Zimmerman jusqu’au 1er juillet, c’est la première fois qu’elle expose des photographies qui n’ont pas fait l’objet de commande. C’est aussi la première fois qu’elle aborde un sujet qui la touche d’aussi près. De fait, ces clichés-là ont été pris pour la plupart à Marbella, le petit port andalou où vivent ses parents.
Des photos « volées »
« Même quand j’étais petite et que j’utilisais des appareils photos jetables, je n’aimais pas les photos posées. Je faisais toujours des photos volées », plaisante la photographe.
L’époque où un Doisneau pouvait capturer à leur insu un couple de tourtereaux s’embrassant à pleine bouche étant révolue, l’adjectif « volées » est à entourer de chastes guillemets. C’est d’autant plus vrai que Jessica connaît les pêcheurs et autres figures locales du petit port qu’elle fréquente régulièrement. Elle a aussi bénéficié de l’aide du patron du café qui jouxte le port de Marbella. Via son entremise, tous les pêcheurs ont eu tôt fait d’accueillir plus que favorablement l’idée d’être immortalisés par la portraitiste.
Car ce sont bien de portraits qu’il s’agit. « Je m’intéresse surtout aux gens. Et particulièrement à ce genre de visages marqués par la vie, par le travail. Ce sont des « gueules », comme vous dites en français ! », s’enthousiasme la jeune femme, visiblement émue par le regard de l’un ou le sourire de l’autre. Sous son œil, ces visages burinés par le soleil sont en effet de toute beauté.
« J’aime salir les photos »
Après des études de photographie à Saragosse, l’univers de la mode semble le chemin tout tracé de Jessica Calvo. « Mais je n’aimais pas cet univers superficiel où on me demandait de retoucher les photos pour qu’elles soient le plus lisses possible. Quand j’interviens sur une photo, c’est plutôt pour faire l’inverse, pour la salir, lui rajouter du grain. »
Le spectacle vivant lui permet de retrouver son goût pour la spontanéité, le mouvement. Elle regrette toutefois n’avoir pas vécu une époque antérieure où l’éclairage via les leds, trop propre, n’avait pas encore cours. « Sur les photos des années 1970, on voit les artistes transpirer ! J’aurais tellement aimé photographier les Rolling Stones à ce moment-là. »
En attendant, sur les clichés de son exposition Azul, la vie et le mouvement sont bien présents donnant à l’ensemble une dimension aussi documentaire – sur les mœurs de ces petits villages andalous rythmés par la pêche – que réellement touchante.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Exposition photographique Azul
Café Zimmerman
1 rue de Lionne, à Grenoble
Du 3 mai au 1er juillet