REPORTAGE – Le nouveau président de la République à peine élu, entre deux et trois cents Grenoblois se sont rassemblés place de Verdun pour faire entendre leurs voix, autrement que dans les urnes. Alors qu’Emmanuel Macron n’a pas caché sa volonté de gouverner par ordonnances, notamment pour réformer le droit du travail – remake du 49 – 3 de Manuel Valls –, les manifestants ont, dimanche soir, entamé leur premier tour de chauffe…
Rassemblement contre la haine et la finance dimanche soir place de Verdun © Patricia Cerinsek – placegrenet.fr
Emmanuel Macron à peine élu, les premiers coups de semonces sont tombés. Dimanche soir, ils étaient entre deux cents et trois cents rassemblés place de Verdun à Grenoble à l’appel des Jeunes communistes de l’Isère.
Essentiellement des jeunes, au milieu desquels flottaient les bannières du NPA, de Solidaires précaires ou du Parti de gauche, autour d’un mot d’ordre : « contre la haine et la finance ». A quelques mètres de la préfecture, se relayant au micro, ils annoncent que c’est l’abstention qui a recueilli le plus de suffrages. « 26 % : un record depuis 1969 ! 4,2 millions d’abstentionnistes ! [En fait, de votes blancs ou nuls, les abstentionnistes étant plus de 11 millions, ndlr] Ce scrutin ne fait que valider notre analyse : il ne représente strictement pas le vote de Français ! »
« Ces élections sont une supercherie ! »
Ils l’ont dit et répété. Beaucoup ne voulaient pas de Marine Le Pen. « C’est un jour historique !, clame un manifestant. On se retrouve pour la deuxième fois avec un Front national qui continue d’augmenter et obligé de voter Macron pour faire rempart… »
Manifestation lors de la soirée du second tour de l’élection présidentielle. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net
Beaucoup ne voulaient pas du leader d’En marche non plus. « Macron n’est pas le rempart du FN. Il n’a fait que mettre le feu et accentuer la misère, l’exclusion et le racisme. »
« Ces élections sont une supercherie. Macron est un candidat sorti de nulle part, impulsé par les médias, et sa légitimité est extrêmement faible ! »
De futures mobilisations en perspective
Aux urnes, la majeure partie d’entre eux a préféré la rue pour faire entendre sa voix. Et ils se préparent d’ores et déjà à de futures mobilisations, alors que le nouveau président de la République n’a pas caché, durant sa campagne, sa volonté de gouverner par ordonnances. Notamment pour réformer rapidement le droit du travail, dans le droit fil du 49 – 3 choisi par Manuel Valls au printemps dernier. Pour les Grenoblois rassemblés dimanche soir, il flottait ainsi comme un air de déjà vu…
Au soir du second tour de cette présidentielle, et avant le “3e tour” des législatives, beaucoup sont d’ores et déjà prêts à battre le pavé, faute d’être entendus, spectateurs circonspects de ce qu’ils perçoivent comme une mauvaise pièce de boulevard. « Le vernis de la Ve République est en train de s’écailler. Cette monarchie présidentielle n’a pas de sens. »
Dimanche soir, le rassemblement autorisé place de Verdun s’est transformé en un cortège « sauvage » – comprendre pas autorisé. Avant d’être pris en chasse, et dispersé à coups de grenades lacrymogènes, par les CRS… Simple tour de chauffe ?
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Texte : Patricia Cerinsek
Photos : Yuliya Ruzhechka