FOCUS – Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement et présidente du Rassemblement Citoyen – Cap 21 était en visite à Grenoble ce mercredi 19 avril. Une visite de soutien à Emmanuel Macron, quelques jours avant le premier tour de la présidentielle. L’occasion pour Corinne Lepage de rencontrer des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), de la santé et de l’environnement ainsi que les comités et les militants du mouvement En Marche !
Il fallait se serrer et jouer des coudes pour assister à la réunion qui s’est déroulée ce mercredi 19 avril au Gazzetta Caffé, le restaurant italien situé à deux pas de la gare de Grenoble. La raison de ce rassemblement de près de 100 personnes ? La venue de Corinne Lepage, en soutien à Emmanuel Macron dans le cadre de la présidentielle.
Une rencontre avec la présidente du Rassemblement Citoyen – Cap 21, ancienne Ministre de l’environnement et députée européenne, qui s’est faite à l’initiative de Stéphane Gemmani, conseiller régional Cap 21 et de Didier Rambaud, porte-parole isérois d’Emmanuel Macron.
L’occasion de répondre aux questions de potentiels électeurs sur le programme d’Emmanuel Macron concernant le social, la santé et l’environnement. Mais également de prendre la température du terrain à travers les retours des comités locaux du mouvement En Marche !
Des échanges sur l’ESS, la santé et l’environnement
Dans la salle bondée, des acteurs de l’Économie sociale et solidaire (ESS), de la santé ou de l’environnement côtoient des membres de comités locaux isérois. D’autres représentants ont fait le déplacement depuis des localités ou départements limitrophes. Notamment les collectifs de défense des droits de la femme Elles marchent.
Également présents en nombre, des citoyens pour la plupart déjà acquis à la cause. Ou encore des indécis venus là pour en savoir plus, ainsi que quelques personnalités politiques locales. À commencer par Olivier Véran, candidat PS aux législatives sur la première circonscription de l’Isère, qui a rallié le camp Macron au courant de ce mois de février.
Une rencontre en deux temps dont le premier – consacré aux échanges sur les thèmes de l’économie sociale et solidaire, de la santé et de l’environnement – a constitué l’essentiel.
Prudent, Stéphane Gemmani a désamorcé d’emblée toute velléité d’entrisme ou de vouloir ratisser large.
« Il y a ici des personnes qui votent pour Mélenchon ou qui vont voter pour Hamon que je n’ai aucune intention de convertir. L’idée c’était qu’ils puissent poser les bonnes questions parce que ces préoccupations liées à l’environnement leur paraissent importantes. »
« Le mouvement doit évoluer vers quelque chose de concret »
Différentes thématiques ont ainsi été abordées pendant près de deux heures d’échanges parfois vifs, notamment sur le nucléaire. Au nombre des questions posées à Corinne Lepage, l’alimentation bio à l’école, la politique agricole, la place des femmes en politique, les questions internationales, la santé avec les perturbateurs endocriniens… Avant que les différents représentants des comités de “marcheurs” ne prennent la parole à leur tour et fassent part de leurs expériences respectives du terrain à Corinne Lepage.
« Je crois que c’était important que Corinne Lepage qui a une place importante dans le dispositif échafaudé par Emmanuel Macron [déléguée nationale du mouvement En marche !, ndlr] puisse entendre et faire remonter ces échos du terrain au niveau national auprès d’Emmanuel Macron directement », explique Stéphane Gemmani.
Qui est convaincu qu’il ne faut pas en rester là. « Il ne faut pas que ce soit un “one shot”, le mouvement doit évoluer vers quelque chose de concret », estime-t-il encore. Dans sa ligne de mire : la structuration du mouvement, afin de construire, dès la fin de l’élection présidentielle, la majorité parlementaire solide dont a besoin Emmanuel Macron.
Pour cela, haro sur les cumulards ! « On ne peut pas courir plusieurs lièvres à la fois, il faut nous appliquer à nous mêmes le non-cumul des mandats, dans le nombre et dans le temps », souligne le conseiller régional, persuadé que cette promesse est pour beaucoup dans la dynamique du mouvement.
« En Marche ! avec 250 000 personnes est le premier parti de France »
À quelques jours du scrutin, l’optimisme règne dans le camp des marcheurs convaincus d’une victoire prochaine. Didier Rambaud, maire du Grand-Lemps désigné par Emmanuel Macron comme référent départemental pour son mouvement en Isère, ne cache pas son enthousiasme. « Je revendique aujourd’hui, au nom du mouvement, plus de 4 000 adhérents en Isère. Avec plus de 50 comités locaux constitués nous sommes les seuls à être aussi présents partout, ce qui fait de nous la première force politique du département. »
Corinne Lepage ne dira pas autre chose pour ce qui concerne l’échelon national. « En Marche ! aujourd’hui avec 250 000 personnes est de très loin le premier parti de France », se félicite la déléguée nationale. Un succès qui ne doit rien au hasard, selon elle persuadée que « la méthodologie choisie est tout à fait remarquable ». Et de s’en expliquer. « C’est un parti qui repose sur ses comités et ses militants qui ont organisé d’innombrables réunions partout en France, des milliers par semaine. »
« Les partis politiques traditionnels sont très desséchés, ce sont généralement des partis de cadres avec peu de militants. Avec En Marche, c’est tout le contraire, peu de cadres et beaucoup de militants. L’idée c’est qu’on n’attend pas les instructions d’en haut mais on fait comme on l’entend, en bas ! », tacle l’ex-ministre.
« C’est un formidable bol d’oxygène pour les femmes qui nous ont rejoints »
Une envie de faire et de s’investir dans laquelle les femmes on su trouver leur place souligne encore Corinne Lepage. « C’est un formidable bol d’oxygène pour énormément de femmes qui nous ont rejoint et qui considéraient que la politique ce n’était pas pour elles. L’idée de la parité et de la place de la femme dans cette campagne est quelque chose de très important. »
« Les femmes se sont lancées, elles se sont structurées et on ne peut plus les arrêter », témoigne Aline Kozma à l’origine de la création, avec Pascale Modelski et Nathalie Benhamou, du collectif Elles marchent 38. Qui nous explique la démarche employée par le collectif pour que les femmes aient encore plus de poids dans cette campagne électorale.
Quid des actions entreprises par la vingtaine de collectifs Elles marchent recensés en France ? « Nous avons organisé des débats sur l’égalité professionnelle, sur la conciliation vie privée – vie familiale, sur les violences faites aux femmes ainsi que sur la place des femmes en politique », explique Aline Kozma.
Pour qui mutualiser les compétences est également l’un des objectifs poursuivis par les collectifs « afin de pouvoir répondre au mieux à toutes les questions qui se posent dans la vie quotidienne des femmes ».
Le général De Gaulle à la rescousse
Corinne Lepage estime que la victoire est à portée de main. Le dépassement du clivage droite-gauche ? « Quand on voit que des gens de centre droit, de gauche, de centre gauche appellent à voter pour Emmanuel Macron […] on voit bien que ça répond à une vraie demande de nos concitoyens », estime-t-elle. « Nos concitoyens en ont ras le bol […] Nous ne sommes pas dans un système binaire où tout est bien d’un côté et tout est mal de l’autre », répond encore Corinne Lepage.
Et d’appeler le général De Gaulle à la rescousse qui, sur ce thème de la cohésion nationale, a déclaré un jour « Je prends le meilleur de la droite et le meilleur de la gauche », pour affirmer qu’Emmanuel Macron « est tout à fait dans cette ligne là ». Tout en réfutant les assertions selon lesquelles En Marche ! ferait figure de girouette.
C’est Stéphane Gemmani qui monte au front en utilisant un subtil distinguo : « le mouvement n’est pas centriste mais central ! » Quant au programme du candidat à la présidence, Corinne Lepage n’y va pas par quatre chemins, ce qui l’a séduite c’est avant tout son côté concret, pragmatique.
Joël Kermabon