La ministre de la Culture Audrey Azoulay signe une Convention avec la Métro à Grenoble

La ministre de la Culture Audrey Azoulay signe une Convention avec la Métro à Grenoble

FOCUS – La ministre de la Culture et de la Communication Audrey Azoulay était pré­sente à Grenoble au matin du ven­dredi 3 mars. Raison de sa visite : la signa­ture avec Christophe Ferrari d’une Convention de coopé­ra­tion cultu­relle entre l’État et Grenoble Alpes-Métropole.

« C’est plié : sauf à être sui­ci­daire, la solu­tion c’est Juppé… » Les per­son­na­li­tés socia­listes locales ont beau être venues en nombre écou­ter et applau­dir Audrey Azoulay, c’est bien le “Pénélope Gate” qui ali­mente le brou­haha dans la Salle du conseil de Grenoble Alpes-Métropole. Face à une actua­lité poli­tique aussi char­gée, dif­fi­cile de par­ler d’autre chose en atten­dant la venue de la ministre de la Culture et de la Communication.

Discussions d'après-discours entre la ministre et ses amis politiques © Florent Mathieu - Place Gre'net

Discussions d’a­près-dis­cours entre la ministre et ses amis poli­tiques. © Florent Mathieu – Place Gre’net

C’est cepen­dant un tout autre sujet qui amène Audrey Azoulay à Grenoble ce matin du ven­dredi 3 mars. En l’oc­cur­rence, la signa­ture entre l’État et la Métro d’une Convention de coopé­ra­tion cultu­relle 2017 – 2019. Une signa­ture inédite, fera remar­quer la ministre : c’est en effet la pre­mière fois qu’un docu­ment de ce type est signé avec une métropole.

« Une nou­velle page de l’his­toire de la Métro »

Pour Christophe Ferrari, pré­sident de Grenoble Alpes-Métropole, c’est une « nou­velle page de l’his­toire de la Métro » qui s’é­crit, pla­cée sous le signe de la culture. La Métropole vient en effet de se voir trans­fé­rer de nou­velles com­pé­tences dans ce domaine, à com­men­cer par la ges­tion de la MC2, de l’Hexagone de Meylan ainsi que du Centre cho­ré­gra­phique natio­nal (CCN2).

L’objectif de la Convention ? « Assurer la pré­sence de l’État aux côtés de la Métropole, pour sou­te­nir la créa­tion artis­tique, favo­ri­ser la diver­sité cultu­relle et tra­vailler avec l’en­semble de la popu­la­tion », déclare Audrey Azoulay dans son discours.

Lecture publique, ensei­gne­ment artis­tique et art dans l’es­pace public

Les ambi­tions de la Métro en matière de poli­tique cultu­relle sont mul­tiples et s’ar­ti­culent autour de trois points essen­tiels. En pre­mier lieu, la lec­ture publique, à tra­vers une réflexion pra­tique sur les biblio­thèques, leurs horaires d’ou­ver­ture, la mise en place d’une carte unique de lec­teur, ou encore le déve­lop­pe­ment de l’offre numérique.

Audret Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication © Anaïs Mariotti - Place Gre'net

Audret Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication. © Anaïs Mariotti – Place Gre’net

En second lieu, l’en­sei­gne­ment artis­tique. Le texte de la Convention veut ainsi « favo­ri­ser l’ac­cès équi­table de chaque jeune métro­po­li­tain à un ensei­gne­ment et une pra­tique artis­tique d’ex­cel­lence ». Est évo­quée la valo­ri­sa­tion de struc­tures comme l’École supé­rieure d’art et de design (Esad) ou le Conservatoire, tout en favo­ri­sant « les pro­jets péda­go­giques inno­vants et par­ta­gés », y com­pris en lien avec le Département.

Enfin, en der­nier lieu, Christophe Ferrari insiste sur la place de l’art dans l’es­pace public, pour « que l’es­pace public devienne un espace d’ac­tion cultu­relle ». Le street-art et d’autres mani­fes­ta­tions cultu­relles sont ainsi mis en avant, le pré­sident de la Métro vou­lant « faci­li­ter l’ac­cès du citoyen à la culture et, à tra­vers elle, l’in­té­gra­tion sociale. »

« La culture est une res­pon­sa­bi­lité » pour la ministre

« Plus qu’une com­pé­tence, la culture est une res­pon­sa­bi­lité », estime pour sa part Audrey Azoulay. Qui n’ou­bliera pas de saluer une région gre­no­bloise où « rien ne se fait jamais comme ailleurs ». « Nous sommes dans un ter­ri­toire où l’ex­cep­tion est la règle, où les pion­niers sont très nom­breux, et où la moder­nité a un sens. »


Réalisation : Anaïs Mariotti

Et la ministre de sou­te­nir encore Christophe Ferrari dans sa volonté affi­chée de favo­ri­ser éga­le­ment la culture scien­ti­fique et tech­nique. « C’est un sujet qui inté­resse de plus en plus nos conci­toyens. Et qui est par­ti­cu­liè­re­ment per­ti­nent dans une époque où pour cer­tains la réa­lité et les faits semblent deve­nir des choses rela­tives, avec des faits alter­na­tifs qu’on pro­meut… », iro­nise Audrey Azoulay.

L’État met­tra la main à la poche pour le CCN2, la MC2 et l’Hexagone

Si les dis­cours et les pro­jets appa­raissent encore très géné­raux, la Convention n’en contient pas moins quelques élé­ments d’ores et déjà concrets. En l’oc­cur­rence, les ques­tions d’argent, quand l’État men­tionne les mon­tants de sa par­ti­ci­pa­tion au CCN2 (614 000 euros), à la MC2 (3 270 000 euros) et à l’Hexagone (393 000 euros) sur les années 2017 et 2018.

Autre chiffre : le mon­tant de « la contri­bu­tion finan­cière aux équi­pe­ments décla­rés d’in­té­rêt métro­po­li­tain » de l’État, qui s’é­lè­vera à 4 285 000 euros pour les années 2017, 2018 et 2019. « Sous réserve, pré­cise le texte, de la dis­po­ni­bi­lité des cré­dits ins­crits dans les lois de finance. » Il n’a en effet échappé à per­sonne que des élec­tions allaient se tenir prochainement…

Une Convention his­to­rique, ou fragile ?

Alors, fra­gile cette conven­tion ? Pour Christophe Ferrari, enthou­siaste, elle s’ins­crit au contraire dans l’Histoire. « La signa­ture de cette Convention, c’est éga­le­ment l’oc­ca­sion de renouer avec la tra­di­tion de coopé­ra­tion entre l’État et le ter­ri­toire gre­no­blois, et pour la Métropole d’af­fir­mer son ancrage ter­ri­to­rial et his­to­rique. »

Et le pré­sident de la Métro de faire un paral­lèle entre cette signa­ture et l’i­nau­gu­ra­tion par André Malraux, le 13 février 1968, de la Maison de la culture de Grenoble, la deuxième à voir le jour en France. Ou encore la fon­da­tion en 1986 du Centre natio­nal d’art contem­po­rain (Cnac) le Magasin.

Audret Azoulay et Christophe Ferrari signent la Convention © Anaïs Mariotti - Place Gre'net

Audret Azoulay et Christophe Ferrari signent la Convention. © Anaïs Mariotti – Place Gre’net

La ministre ne dit pas autre chose pour conclure son pro­pos : « Je suis très heu­reuse de par­ti­ci­per au début de cette nou­velle his­toire, ici dans la métro­pole gre­no­bloise. Nous sommes dans un moment d’a­vant-garde, dans un ter­ri­toire d’a­vant-garde. Nous avons de grandes res­pon­sa­bi­li­tés mais aussi de grands leviers d’ac­tion. »

Le tout avant de déplo­rer l’ab­sence du thème de la culture au sein des débats accom­pa­gnant l’é­lec­tion pré­si­den­tielle. « La culture est un pou­voir, dit encore Audrey Azoulay. La culture peut trans­for­mer les choses, peut trans­for­mer la vie des gens, peut aussi entraî­ner la société dans un sens ou dans un autre. C’est une grande res­pon­sa­bi­lité, mais aussi une grande force. »

Florent Mathieu

LE DÉPARTEMENT REGRETTE DE NE PAS AVOIR ÉTÉ ASSOCIÉ

« La culture ne se paye pas que de mots », et la signa­ture d’une Convention de coopé­ra­tion cultu­relle entre l’État et la Métropole ne fait pas que des heu­reux. Au moment même où celle-ci avait lieu, le Conseil dépar­te­men­tal de l’Isère publiait un com­mu­ni­qué au ton pour le moins acide.

Le Département regrette ainsi de ne pas avoir été asso­cié à cette signa­ture, « alors même que son enga­ge­ment cultu­rel, notam­ment sur le ter­ri­toire métro­po­li­tain, est par­ti­cu­liè­re­ment impor­tant et reconnu ».

Une par­ti­ci­pa­tion refu­sée par l’État

Le pré­sident du Conseil dépar­te­ment Jean-Pierre Barbier fait en outre savoir que sa demande de par­ti­ci­pa­tion à cette démarche par­te­na­riale avec l’État a pure­ment et sim­ple­ment été refusée.

Jean-Pierre Barbier, président du Conseil Départemental. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Jean-Pierre Barbier, pré­sident du Conseil dépar­te­men­tal. © Florent Mathieu – Place Gre’net

En l’oc­cur­rence, pour des rai­sons bud­gé­taires. « Les pactes cultu­rels incluant des clauses finan­cières glo­bales ne peuvent être éten­dus aux régions et dépar­te­ments, au risque de rigi­di­fier trop for­te­ment les cré­dits de l’État ter­ri­to­ria­le­ment », a ainsi répondu le gou­ver­ne­ment.

Jean-Pierre Barbier n’en regrette pas moins de ne pas avoir été sol­li­cité, met­tant en avant les efforts bud­gé­taires déployés par le Département en faveur de la culture, notam­ment patrimoniale.

« Sur nos 10 musées dépar­te­men­taux, 6 sont sur le ter­ri­toire métro­po­li­tain et nous sommes les pre­miers par­te­naires d’un grand nombre d’acteurs cultu­rels métro­po­li­tains », s’a­gace le Département.

« Un brin de jalou­sie » pour le pré­sident de la Métro

« Sur 10,6 mil­lions d’eu­ros d’euros de sub­ven­tions annuelles enga­gées par le Département, 6 mil­lions sont consa­crés à l’agglomération gre­no­bloise, que ce soit sur le patri­moine, la mémoire, la lec­ture publique, l’éducation et la créa­tion artis­tique, l’aide à la dif­fu­sion, les aides ter­ri­to­ria­li­sées, la diver­sité cultu­relle… », pré­cise encore le communiqué.

Autant d’a­cri­mo­nieuses récri­mi­na­tions qui n’af­fectent guère Christophe Ferrari. Face aux décla­ra­tions du Département, le pré­sident de la Métro dit « ne pas com­prendre » avant d’é­vo­quer « un brin de jalou­sie » (cf. vidéo ci-des­sous). Il n’en demeure pas moins que des actions com­munes avec le Département sont bel et bien men­tion­nées dans le texte de la Convention, sans que per­sonne ne soit chargé de le repré­sen­ter durant sa signature…


Réalisation : Anaïs Mariotti

Florent Mathieu

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