FOCUS – Après 32 mois de chantier, le pôle d’échanges multimodal Grenoble gares a été inauguré ce mardi 14 février, révélant ainsi ses nouvelles fonctionnalités et équipements. Les objectifs poursuivis ? Améliorer les liaisons entre les différents modes de transport, proposer une nouvelle offre commerciale et augmenter la capacité d’accueil des bâtiments voyageurs, tout en ouvrant la gare sur la ville.
Il y avait du beau monde ce mardi 14 décembre devant l’un des tout nouveaux silos à vélos situé entre les bâtiments des gares routière et ferroviaire. Plus de cent cinquante invités dont de très nombreux élus se pressaient à proximité d’un stand où leur étaient remis des écouteurs.
Après plus de deux et demi de travaux – et une visite audio-guidée de ses équipements flambants neufs, donc –, le pôle d’échanges multimodal Grenoble gares a ainsi été inauguré.
Le résultat ? Un nouveau parvis piéton, une nouvelle gare routière, des parcs à vélos. Mais aussi un nouvel espace côté Europole et une Maison du vélo sur le parvis.
Ajoutez à cela le réaménagement du bâtiment de la gare, le prolongement du souterrain sud et, pour améliorer l’accessibilité, un escalier mécanique pour transiter entre le hall et le passage souterrain nord. Tels sont les principaux travaux réalisés et les nouveaux équipements mis à la disposition des voyageurs qui transiteront désormais par le pôle d’échanges Grenoble gares.
« Grenoble est probablement aujourd’hui notre plus bel emblème »
Cette inauguration consacre l’aboutissement d’un vaste projet partenarial de 34,5 millions d’euros d’investissements réalisé grâce au concours de sept partenaires. À savoir : l’État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de l’Isère, Grenoble-Alpes Métropole, le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC), la ville de Grenoble et les branches Gares et connexion et Réseau de la SNCF.
Un projet d’une importance majeure pour la Métropole grenobloise, comme nous l’explique Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole.
« C’est une belle transformation de gare assez emblématique de ce que nous voulons réaliser partout en France, à savoir des gares qui sont des hubs de mobilité où l’on trouve à la fois le vélo, le tramway, le train, les bus mais aussi un peu la voiture […] C’est ce qu’on appelle des gares “city booster”, c’est-à-dire des quartiers de ville qui viennent amplifier l’activité économique de la ville, et Grenoble est probablement aujourd’hui notre plus bel emblème », déclare Patrick Ropert, directeur des gares et connexions de la SNCF.
Un nœud d’échanges multimodal
Une transformation qui s’illustre d’abord à l’extérieur, notamment à travers l’ouverture sur la ville qu’offre désormais le parvis de la gare et l’installation d’un auvent de 234 mètres reliant les différents bâtiments. Autant d’améliorations qui « facilitent et fluidifient les parcours pour accéder aux différents modes de transport du pôle d’échanges Grenoble gares », assure la SNCF.
Quant à l’architecture intérieure de l’ancienne gare agrandie à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de 1968, elle a été complètement repensée « pour libérer des volumes et créer un espace plus lumineux », indique la SNCF. Qui estime ainsi « faciliter les déplacements des voyageurs et l’identification des services en gare ».
Avec 57 000 voyageurs par jour attendus en 2030, la gare de Grenoble devient donc un nœud d’échanges « connecté au territoire », permettant d’accéder aisément aux trains express régionaux (TER), aux trains à grande vitesse (TGV), au réseau de tramway de la Tag, aux cars de Transisère, aux taxis, à l’autopartage ainsi qu’au vélo. Et où est concentrée en un seul lieu la vente des différents titres de transport afférents, notamment des billets TER, Tag, Transisère ainsi que ceux des navettes vers les aéroports.
L’offre commerciale a également été renforcée, avec l’installation de quatre nouveaux commerces dont le premier Starbucks grenoblois dans l’espace situé côté Europole. L’idée ? « Faire en sorte que la gare ne soit pas qu’un lieu de transit mais devienne un lieu de vie », espère la SNCF.
Deux parcs à vélos, une première en France
Pour les cars, la gare routière, qui enregistre près de 130 000 rotations par an, a été complètement refondue. Elle offre aujourd’hui aux voyageurs un espace d’attente plus moderne, lumineux et confortable ainsi qu’un système d’information en temps réel. De plus, cinq quais ont été rehaussés afin de faciliter les montées et descentes des usagers, notamment des personnes à mobilité réduite.
Quant aux usagers du vélo, intermodalité oblige, ils n’ont pas été négligés, loin de là. Il pourront trouver sur le parvis la Maison du vélo qui accueille Métrovélo, le service de location de vélos de la Métropole de Grenoble.
Mais aussi, une première en France, deux parcs à vélos. Situés l’un place Robert Schuman et, de l’autre côté, rue Émile Gueymard, ils permettent de stocker au total 1 150 cycles. Ces deux consignes collectives qui s’ajoutent au quelques 800 autres emplacements disponibles sur la voie publique font ainsi passer à 2 000 places la capacité de stationnement pour les vélos sur le site. Ces deux parcs seront ouverts aux usagers courant mars aux tarifs de 2 euros par jour, 12 euros par mois ou encore 49 euros par an.
Pour autant, si Nathalie Teppe, la présidente de l’Association pour le développement des transports en commun, voies cyclables et piétonnes de la région grenobloise (ADTC), se félicite de la construction de ces silos, elle n’en estime pas moins que ce n’est encore pas suffisant.
Lionel Beffre, préfet de l’Isère : « Le plus facile a été fait ! »
« Je me réjouis de la réalisation de ce nouveau pôle gare et, en particulier, des silos à vélos. Grenoble est la deuxième ville cyclable pour les actifs ; en 10 ans, la circulation à vélo a augmenté de 40 % sur notre territoire ! Ils ont donc tout leur sens. Nul doute que les Grenoblois et les Métropolitains s’en saisiront rapidement ! Cette réalisation va dans le bon sens, vers plus de mobilités douces, vers plus de fluidité entre les différents modes de transports », a déclaré Éric Piolle, le maire de Grenoble.
Une satisfaction très largement partagée par l’ensemble des représentants des partenaires du projet, réunis à l’occasion de cette inauguration.
Dont Lionel Beffre, le préfet de l’Isère, qui a tout de même jeté une pierre dans le jardin de la SNCF.
Tout en s’excusant de paraître « l’esprit chagrin en ces moment et lieu où tout le monde se congratule », le haut fonctionnaire a voulu se montrer réaliste. « Le plus facile a été fait, mais il importe à s’attacher à ce que des progrès rapides, visibles, tangibles soient réalisés pour une ligne que certains hésitent à prendre, tant ils craignent des retards ». Dans sa ligne de mire, la ligne Lyon – Grenoble, pour laquelle Lionel Beffre invite tout particulièrement la SNCF « à trouver rapidement les voies et moyens pour sortir d’une situation ressentie par chacun comme étant insatisfaisante ».
Des propos qui ne seront pas démentis par Yann Mongaburu, président du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC). Pour ce dernier, c’est effectivement le chantier de la réorganisation de la desserte ferroviaire qu’il faut désormais lancer.
Joël Kermabon