TROIS QUESTIONS À – Grenoble ville exemplaire ? Pour la ministre de l’Environnement, la capitale du Dauphiné est, en matière de transition énergétique, sur la bonne voie. Ségolène Royal l’a répété jeudi 9 février lors de sa venue à Grenoble aux côtés du Premier ministre Bernard Cazeneuve. Visiblement emballée après sa visite au CEA, par les technologies déployées autour des transports propres, la ministre veut voir en Grenoble un exemple mondial de la nouvelle civilisation urbaine. Rien de moins…
Place Gre’net : Paris a finalement troqué la circulation alternée pour le dispositif mis en place à Grenoble de circulation différenciée au moyen de la pastille Crit’air. Grenoble est exemplaire ?
Ségolène Royal : C’est courageux parce que je sais que c’est difficile de restreindre la circulation. Ici, les élus ont pris l’initiative d’une part d’appliquer le principe des zones à circulation restreinte (ZCR), d’autre part d’inciter l’ensemble des automobilistes à s’équiper de vignettes.
J’ai été admirative de ce qui a été fait par la Ville de Grenoble et la Métropole sur la qualité de l’air. Et je rappelle qu’il y a aussi une prime à l’achat de véhicules propres : 10 000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique, 1 000 euros pour l’achat d’un scooter électrique, 200 euros pour l’achat d’un vélo électrique.
Il faut absolument déployer les nouvelles technologies des transports propres pour régler ce problème de pollution de l’air sans restreindre la circulation. En ce sens, ce territoire a tous les moyens pour devenir un territoire exemplaire, un laboratoire de la ville du futur. Je sens vraiment cette volonté.
C’est pour cela que j’ai signé la convention « Ville respirable »*, qui est un appel à projets que j’ai créé dans le cadre des territoires à énergie positive. Je suis sûre que Grenoble et son agglomération peuvent être un exemple mondial sur la nouvelle civilisation de la ville. On doit passer à une autre civilisation.
La pastille Crit’air est actuellement mise en place dans trois villes en France, Paris, Lyon et Grenoble, à chaque fois de manière différente. Un dispositif pas très lisible…
A terme, toutes les voitures devront avoir le certificat Crit’air. Toutes ! C’est pour cela que je demande aussi aux vendeurs de voitures, neuves comme d’occasion, de les équiper pour que le certificat soit sur le pare-brise. A terme, c’est le plus vite possible ! D’ailleurs, un certain nombre de marques automobiles vont le faire.
Dans les vallées alpines, on sait que, l’hiver, le chauffage au bois est davantage responsable de la pollution aux particules fines. Est-il, là aussi, prévu un dispositif plus coercitif ?
Normalement, le chauffage au bois au moyen d’un foyer ouvert n’est plus possible. Je rappelle qu’il y a un crédit d’impôt pour l’installation des inserts. Il y a aussi de nouvelles technologies de captages des particules et une aide financière pour changer de chaudières, remplacer les polluantes par des chaudières propres. Je ne suis pas vraiment pour les sanctions… Les technologies du futur, et notamment le déploiement du chauffage solaire, c’est la solution du futur.
Propos recueillis par Patricia Cerinsek
* La Métropole a, fin 2015, obtenu le label « Villes respirables en cinq ans » dans le cadre d’un appel à projets lancé par le Ministère de l’environnement. Un conventionnement qui lui permet de bénéficier d’une aide de l’État d’un million d’euros.