L’Agence d’urbanisme de la région grenobloise (AURG) présentait ses vœux, ce lundi 23 janvier, en compagnie des différents acteurs de la métropole. L’occasion de fêter ses 50 ans en retraçant l’histoire et les raisons de sa création en 1967. L’agence a par ailleurs exposé une partie de la maquette du Plan Bernard, un projet de renouvellement urbain fortement contesté à l’époque.
« L’agence d’urbanisme, à chaque fois qu’elle a pu s’inscrire dans le débat, a toujours été un lieu de réflexion, de prospective, et d’inventivité au service des territoires. »
C’est ainsi que Jean-Paul Bret, président de l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise (AURG), a défini les valeurs de cette dernière ce 23 janvier 2017, à l’occasion de la présentation de ses vœux pour la nouvelle année, mais aussi des 50 ans de l’agence. Des principes de coopération et de transdisciplinarité remontant à sa création dans les années 1960.
Le plan Bernard, cet inconnu
L’agence a par ailleurs profité de l’événement pour dévoiler une partie de la maquette du Plan Bernard, projet de renouvellement urbain très contesté à l’époque. « Dans les années 60, l’agglomération grenobloise est marquée par une forte hausse de la population, explique Dorian Martin, chargé d’étude à l’AURG, au cours de la présentation de la fameuse maquette. « Il y a, entre 1954 et 1962, une croissance de la population de 37 %. On observe un développement urbain peu maîtrisé par les politiques publiques et qui se fait de manière plutôt autonome, porté par des opérations privées. »
Face à ces problématiques, l’État propose alors une solution. « En 1958 – 1959, un décret rend obligatoire les plans directeurs d’urbanisme dans les villes de plus de 10 000 habitants. En 1961, l’État crée la zone d’urbanisme prioritaire de la partie sud de Grenoble, le nord d’Échirolles et une partie du nord de la commune d’Eybens. » Il faudra ensuite attendre 1962 pour que le ministre de la Construction choisisse Henry Bernard pour élaborer le plan directeur.
Le ministre considère qu’il faut alors faire sauter des “verrous”, afin de permettre le développement urbain de l’agglomération. Par exemple, la petite taille des communes ou la nappe phréatique. « Henry Bernard propose treize grandes actions qui visent à développer l’agglomération, dont l’élément fort était le déplacement du centre de l’agglomération vers le Sud, au niveau actuel de la MC2 », explique Dorian Martin. Le projet gagnera ensuite en importance, avec « un coup d’accélérateur » lié au choix de Grenoble d’accueillir les Jeux olympiques de 1968.
Cependant, la nouvelle municipalité élue en 1965, avec à sa tête Hubert Dubedout, souhaite s’affranchir de la tutelle de l’État en matière d’urbanisme. Elle critique vivement les propositions d’Henry Bernard et lui reproche de ne pas prendre en considération le tissu urbain existant.
La ville de Grenoble crée alors sa propre structure d’urbanisme en 1966 et met fin à la collaboration avec ce dernier. L’Agence municipale d’urbanisme (Amu) devient l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise en 1973, dans l’idée de coopérer avec les différents acteurs du territoire.
« Rassembler des intérêts divergents »
L’esprit n’a pas changé. Les vœux du président Jean-Paul Bret et les prises de parole d’Éric Piolle, maire de Grenoble, et de Christophe Ferrari, président de l’agglomération, ont été l’occasion de rappeler les valeurs de coopération, de transdisciplinarité de l’AURG. « Face aux défis de l’époque, l’agence se doit d’entrer en mobilisation, en interaction et de sortir de ses murs. Il faut pouvoir avancer ensemble en rassemblant des intérêts divergents », a affirmé Jean-Paul Bret.
« Alors que nous entrons dans une période électorale, l’agence n’a qu’un seul parti pris : celui d’alimenter les débats, de contribuer à l’intelligence collective et à la connaissance, par ses analyses, ses capacités à mobiliser les acteurs, qu’ils soient publics ou privés, et peut-être même en s’ouvrant plus aux habitants. Le moment est plus que jamais venu de penser à l’avenir », a‑t-il ajouté.
Une volonté de mobiliser l’ensemble des acteurs et des disciplines qui est partagée par le maire de Grenoble. « L’agence est un espace de réflexion transdisciplinaire. Il nous faut mobiliser cette transdisciplinarité avec des expertises techniques, politiques, mais aussi des expertises venant des usagers, des habitants ou parfois de regards extérieurs sur notre territoire. C’est cela qui peut nous permettre d’engager une transition vers la ville de demain », a expliqué Éric Piolle. « Ces innovations, ces réflexions sont au service de l’humain, au service de la planète », a‑t-il précisé.
Quant à Christophe Ferrari, il a également souligné l’intérêt de coopérer avec l’agence. « Pour nous, métropole, l’agence d’urbanisme est un édifice qui apporte tout son sens et sa plus-value à ce que nous essayons de construire aujourd’hui. […]
La métropole n’est pas un objet qui dévore. Elle ne fait sens qu’avec son environnement, qu’avec ce qui l’entoure. L’avenir est au coopératif. Coopérons et sachons regarder ce qui est au-delà, transfrontalier. Sachons chercher ces interrelations et trouver notre développement de demain », a‑t-il conclu à l’issue de la cérémonie.
Prochain rendez-vous pour maginer la ville de demain : la Biennale des Villes en Transition, qui se tiendra à Grenoble du 9 au 12 mars 2017.
Corentin Libert