FOCUS – La qualité de l’air dans la métropole grenobloise peut être désormais mesurée en déplacement et à grande échelle, grâce à dix microcapteurs installés sur les toits de tramways de la ligne A depuis le 19 décembre. Une première en France. Mené par le Laboratoire d’expérimentation des mobilités de l’agglomération grenobloise (Lemon), ce projet nommé GreenZen Tag tombe à pic après les derniers épisodes de pollution dans l’agglomération.
Présentation de l’expérimentation. De gauche à droite : Yann Mongaburu (SMTC), Philippe Chervy (Semitag) et Francis Chaput (Transdev). © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Il ne faut pas relâcher l’effort. Tous les outils qui peuvent nous aider à atteindre une qualité de l’air qui respecte la réglementation européenne d’ici 2020 sont bons à prendre », explique Yann Mongaburu, le président du Syndicat mixte de transports en commun (SMTC).
Ce dernier présentait, le 19 décembre dernier, au sortir d’un dispositif anti-pollution qui avait duré treize jours, l’expérimentation GreenZen Tag – fruit d’un partenariat entre le SMTC, Transdev et la Semitag – confiée au Laboratoire d’expérimentation des mobilités de l’agglomération grenobloise (Lemon[1]).
Une première en France
Durant près de trois mois, dix capteurs mobiles – mis au point par la start-up EcoLogicSense –, installés sur le toit de dix tramways de la ligne A vont détecter simultanément, en temps réel durant le parcours des rames, les particules fines PM10 et PM2,5 en suspension dans l’air que nous respirons. Des valeurs dont l’exactitude sera vérifiée par deux stations fixes installées sur le parcours. Une première en France pour un test à grande échelle, après dix-huit mois de mise au point qui ont mobilisé huit partenaires[2] – dont deux startups – dans une démarche de coproduction.
L’emplacement du coffret contenant le capteur sur une rame en exploitation. © Joël Kermabon – Place Gre’net
C’est ainsi que, chaque jour, 5 700 mesures seront collectées, horodatées et géolocalisées via une application développée par la startup Zenbus tout au long de la ligne de tramway la plus longue de l’agglomération, reliant Fontaine à Échirolles.
Pourquoi cette ligne plutôt qu’une autre ? « Parce que c’est celle qui parcourt des territoires qui, aujourd’hui, ne sont pas équipés de capteurs fixes », explique Yann Mongaburu. Qui précise qu’il existe par ailleurs douze stations de mesures fixes gérées par Air Rhône-Alpes dans l’agglomération grenobloise.
Les données ainsi acquises seront ensuite hiérarchisées, classées et analysées pour être confrontées à celles fournies par le réseau des stations de mesures fixes de la métropole et aux modélisations de l’observatoire pour la surveillance et la qualité de l’air Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.
Affiner la modélisation des niveaux de polluants
Quid des objectifs de cette expérimentation ? En premier lieu, géolocaliser la qualité de l’air en offrant, à terme, une meilleure représentativité spatiale de la pollution atmosphérique et en améliorant la modélisation des niveaux de polluants.
Ensuite, le dispositif pourrait également devenir un outil stratégique en matière de mobilités pour mieux éclairer les collectivités et les gestionnaires de réseaux de transports en commun dans leurs prises de décisions.
Ces derniers pourraient notamment structurer leur offres et tarifs de transport en fonction de l’exposition aux particules polluantes de telle ou telle zone d’une agglomération. Une manière aussi de « compléter nos informations pour affiner les politiques publiques et pouvoir donner plus d’informations à la population », souligne Yann Mongaburu, le président du SMTC.
Le chauffage au bois, une source de diffusion des particules fines
« La Métropole et notamment le SMTC sont fortement engagés sur cette thématique de la qualité de l’air. D’autant plus en cette période de pics de pollution qui ont vu les seuils atteints pendant plus d’une dizaine de jours, explique Jérôme Dutroncy, vice-président délégué à l’environnement, l’air, le climat et la biodiversité à Grenoble-Alpes Métropole […] L’enjeu qui est devant nous, c’est de donner à comprendre à nos habitants quelles sont les problématiques liées à la qualité de l’air qu’ils respirent […] et comment on peut parvenir, collectivement, à régler la question. »
La Prime Air Bois bénéficie aux particuliers souhaitant renouveler leurs appareils de chauffage au bois. © Grenoble-Alpes Métropole
L’occasion pour Jérôme Dutroncy de rappeler que la Métropole s’est impliquée sur la question du chauffage au bois, source importante de diffusion de particules fines dans l’atmosphère en hiver. « Nous avons lancé l’année dernière la prime air bois. Nous sommes la première grande agglomération de France à le faire et il est important de savoir qu’au-delà des transports il existe aussi d’autres solutions ».
Quant à la fin de l’expérimentation, elle est programmée pour avril 2017, date à laquelle ses conclusions seront remises au SMTC. Si la fiabilité de GreenZen Tag est validée et que ses résultats s’avèrent pertinents, son portage sur smartphones sous la forme d’une application grand public pourrait être envisagé.
C’est du moins ce qu’appellent de leurs vœux les partenaires du projet. « En mixant les données mesurées et géolocalisées en temps réel avec celles issues de la modélisation, cette application pourra délivrer une connaissance susceptible d’influencer les modes de déplacement et de consommation des usagers », se prennent-ils à espérer.
Joël Kermabon
[1] Lemon est un laboratoire, un incubateur, au sein duquel le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) et Transdev, le partenaire industriel et commercial de la Semitag, l’exploitant du réseau du SMTC, travaillent de concert sur les problématiques de la mobilité.
[2] Transdev, Tag, SMTC, Lemon, Ecologicsense, Zenbus, Egis Environnement, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes