TROIS QUESTIONS À – Erwann Binet, député socialiste de la 8e circonscription de l'Isère, était présent à Calais le 24 octobre dernier, premier jour du démantèlement de la fameuse “jungle”. « Ce qui se passe à Calais nous concerne tous », écrivait sur son blog, suite à cette visite, le rapporteur du projet de loi relatif aux droits des étrangers en France. Nous l'avons interrogé alors que les premiers migrants venaient d'arriver en Isère.
Place Gre'net – En tant que parlementaire, vous vous êtes rendu à Calais le 24 octobre dernier, soit le premier jour du démantèlement du camp. Qu'y avez-vous vu ?
Erwann Binet – J'ai vu la jungle : un amas désorganisé de tentes, de petites cabanes, et de lieux de vie, comme une église, une mosquée, des écoles improvisées… J'ai senti aussi une situation de jungle dans son sens originel : un lieu sans droits et sans protection, que cela soit contre les intempéries et le froid, mais aussi vis-à-vis des passeurs, des proxénètes parfois, des vols ou des violences qui peuvent avoir lieu sur le camp. Et c'est intolérable !
Quand j'entends des personnes considérer que le démantèlement de la jungle était une atteinte aux droits des réfugiés, j'avoue ne pas comprendre. Les réfugiés sont les premiers à se réjouir de la fin de la jungle.
On s'attendait à ce qu'il y ait un certain nombre de réfugiés réticents, qu'il faudrait déloger par la force en fin de semaine, et ce n'est pas arrivé. J'ai vu des gens totalement volontaires pour partir. Il y a eu un travail énorme de l'État et des associations de mise en confiance des réfugiés pour leur faire comprendre que la meilleure solution pour eux, pour leur protection et pour qu'ils puissent envisager leur vie loin de chez eux, c'était de déposer une demande d'asile en France. Ils viennent du Soudan, ils viennent d'Érythrée, ils viennent de Syrie, ils viennent d'Afghanistan, ils viennent d'Irak… Ils ont pratiquement tous le droit, rien qu'au vu de leurs nationalités, au droit d'asile.
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