DÉCRYPTAGE - Alors que le projet de piétonnisation de Cœurs de ville, cœurs de métropole (CVCM) avance à marche forcée, la question du report des flux de circulation et, derrière, des nuisances, reste posée. Où vont aller les véhicules qui ne pourront plus transiter par les boulevards Sembat, Rey et Lyautey ? D'après les premiers éléments rendus publics, ils devraient s'éparpiller dans la ville, au risque de venir grossir le trafic des quartiers périphériques… CVCM, projet environnemental ?
On sait à peu près ce que les boulevards Sembat, Rey et Lyautey devraient gagner avec le projet de piétonnisation "Cœurs de ville, cœurs de métropole" (CVCM). Moins de voitures puisque ces trois axes seront fermés à la circulation automobile : 5 000 véhicules par heure en moins aux heures de pointe. Soit, à la louche, 15 000 véhicules par jour sortis du trafic.
À la place ? Un peu plus de bus, de vélos et de piétons. Combien exactement ? C’est encore très flou.
D’abord parce que bien malin qui peut anticiper les reports de modes de déplacement. Ensuite, parce que les études qui permettraient peut-être d’y voir un peu plus clair n’ont pas été rendues publiques. En tout cas, pas dans leur intégralité.
Aux élus, de l’opposition municipale comme métropolitaine et aux citoyens – groupe d’analyse métropolitain (Gam) en tête –, qui les réclament depuis plusieurs semaines, il a été opposé une fin de non-recevoir*. Nous avons obtenu la même réponse lapidaire de la Métro, sans plus d’explications. Même silence du côté des services de la ville de Grenoble qui n’ont jamais répondu à nos demandes d’interview. Circulez, il n’y a rien à voir ?
Si. Sur le site de la Dreal, des documents mis en ligne permettent déjà d’avoir un petit aperçu de ce projet de piétonnisation.
Il s’agit donc, moyennant 10 millions d’euros, de fermer certains axes à la circulation et d’élargir le centre-ville piétonnier en direction de l’Isère et de la place Victor-Hugo. Sur le fond, personne n’est vraiment contre.
Le constat, celui « d’apaiser le centre-ville » est même partagé. Mais en coupant la circulation sur trois axes nord-sud majeurs, la ville de Grenoble, la Métropole et le syndicat mixte des transports en commun (SMTC), les trois opérateurs du projet, ont-ils fait le bon choix ?
De prime abord, le gain à l’échelle de la ville ne saute pas aux yeux. Et là, ce n’est ni l’opposition, ni les unions de quartiers, ni les chambres consulaires, ni nous qui le disons. « La réduction de la circulation engendrée par le projet à l’échelle du centre-ville est évaluée entre 5 et 15 % », est-il mentionné dans le dossier soumis à l’instruction.
C’est évidemment une moyenne. Sur le boulevard Agutte-Sembat, d’après les simulations du cabinet d’études Transitec, la circulation devrait baisser de 92 %, l’axe restant ouvert aux bus, livraisons et riverains. Et sur les différentes extensions de la zone piétonne, soit les secteurs Millet, Béranger, Raoult, Chenoise, Grenette et Championnet, le trafic devrait diminuer de 97 %.
Piétonnisation : moins de voitures d'un côté, un peu plus de l'autre…
Selon le principe des vases communicants, une grande partie de ce trafic en moins devrait forcément se retrouver reporté plus loin… Dans quelles proportions ? Les initiateurs du projet espèrent délester le centre-ville du passage de 10 000 véhicules en transit. Mais ils espèrent aussi convaincre 5 000 automobilistes se rendant tous les jours dans le centre de Grenoble de changer leurs habitudes de déplacement.
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