FOCUS – Un ancien policier municipal révoqué en 2011 demande à cor et à cri sa réintégration au sein de la police de la ville de Grenoble qui l’a muté au service hygiène suite à la perte de son agrément. Ni plus ni moins qu’une mise au placard pour le quadragénaire qui envisage une nouvelle grève de la faim s’il n’obtient pas gain de cause. La Ville pointe de son côté, la mauvaise volonté de l’intéressé.
Curieux spectacle ce matin du 22 septembre pour les agents qui reprenaient le travail à l’hôtel de ville de Grenoble. Ils ont ainsi pu apercevoir une tente Quechua installée devant les escaliers menant au parvis. Sur un panneau proche, des affichettes : « Policier municipal mis aux oubliettes », « Toujours pas réintégré au sein de la police municipale malgré un jugement favorable à l’agent ».
Debout près de la tente, Sid Hamed Beldjenna, un ancien policier municipal syndiqué à Force ouvrière (FO), révoqué il y a déjà plus de cinq ans par l’ancienne municipalité socialiste. Et une seule personne à ses côtés – aucun autre policier municipal n’étant présent –, Philippe Candegabe, secrétaire général FO Ville de Grenoble.
Après moult démarches et recours judiciaires, Sid Hamed Beldjenna comptait sur cette nouvelle action pour enfin être réintégré dans ses fonctions.
« Ils m’ont dit qu’ils prenaient le dossier en charge, qu’ils feraient le nécessaire »
Voilà en effet plus de cinq ans que l’ancien policier municipal cherche à être réintégré dans son ancien poste. Le quadragénaire avait été mis à pied, sans salaire, pendant vingt-quatre mois en 2011 pour avoir répondu à une interview sans avoir fait état de sa qualité de représentant syndical ainsi que pour une altercation avec une collègue de travail.
« J’ai déjà fait en mars 2014 une première grève de la faim qui a duré vingt-et-un jours, durant laquelle j’ai rencontré le futur maire Éric Piolle. Tous ceux qui sont actuellement dans la majorité municipale étaient alors venus m’assurer de leur soutien », explique Sid Hamed Beldjenna, qui ne cache pas son amertume.
Et de poursuivre. « Une fois élus, ils m’ont dit qu’ils prenaient le dossier en charge, qu’ils allaient faire le nécessaire et même m’indemniser. Moi, j’y ai cru et j’ai arrêté ma grève de la faim », affirme-t-il.
« Aujourd’hui, je me sens trahi parce que, depuis qu’ils ont été élus, je suis au service d’hygiène et salubrité en qualité d’agent technique, dans l’attente de ma réintégration. » Rien de moins qu’une « mise au placard », assortie « d’une importante baisse de mes revenus », souligne Sid Hamed Beldjenna.
« La Ville avait jusqu’au 12 juillet pour revoir sa position »
Une position jugée intenable par le policier municipal qui a engagé un recours devant le tribunal administratif. Lequel a rendu son jugement au mois d’avril 2016. « Le tribunal a estimé que le détachement au service d’hygiène était illégal et que c’était un abus de pouvoir. Il a donné trois mois à la Ville, qui avait jusqu’au 12 juillet pour revoir sa position », explique Sid Hamed Beldjenna, selon lequel la municipalité a fait appel de cette décision.
De gauche à droite : Philippe Candegabe, secrétaire général FO Ville de Grenoble et Sid Hamed Beldjenna , ancien policier municipal FO. © Joël Kermabon – Place Gre’net
L’ancien policier municipal dit ne pas comprendre le changement de comportement de la mairie. D’autant qu’il aurait même retrouvé, selon ses dires, son agrément de policier municipal suite à une condamnation du préfet de l’Isère pour retrait illégal d’agrément. « Je veux juste qu’on me rende ma vie, mes fonctions, celles pour lesquelles j’ai passé un concours », revendique-t-il. « Pour l’instant, je plante ma tente pour alerter. Cela fait vingt-quatre mois que je patiente avec une baisse de salaire de 600 euros par mois, malgré des décisions de justice qui me sont favorables », explique Sid Hamed Beldjenna. Qui n’écarte pas l’éventualité d’une nouvelle grève de la faim.
« Nous lui avons fourni les meilleures conditions possibles »
C’est un tout autre son de cloche à la Ville de Grenoble. Cette dernière réfute les accusations de mise au placard portées par l’ancien policier. « Nous lui avons fourni les meilleures conditions possibles pour qu’il puisse réintégrer la collectivité. Il a choisi une autre voie, c’est très dommage mais sa responsabilité est pleine et entière », répond Pierre Mériaux, conseiller municipal délégué à la montagne.
Ce dernier, qui remplace pour l’occasion et au pied levé Maud Tavel, la conseillère municipale déléguée au personnel et l’administration générale, tient à remettre les pendules à l’heure et précise la démarche de la Ville sur ce dossier.
Joël Kermabon