FOCUS – La rentrée culturelle 2016 – 2017 du Conseil départemental veut mettre en avant le patrimoine et les paysages, à travers une série d’expositions et d’événements organisés sur l’ensemble de l’Isère. Une politique culturelle placée sous le signe du volontarisme et de la (re)découverte des “richesses” locales.
« Amener le grand public à s’emparer de “son local”, de ses territoires locaux. » C’est ainsi que Philippe Mouillon, directeur artistique du groupement Laboratoire, présente « l’opération » Paysage > Paysages, retenue par le Conseil départemental de l’Isère comme l’un des signes forts de sa rentrée culturelle.
Paysage > Paysages, ce sont 160 installations artistiques couvrant l’ensemble du territoire de l’Isère, sur le thème du paysage et du patrimoine. Sous-titré « L’Isère les yeux ouverts », l’événement fera pourtant appel à tous les sens puisque figurent au programme expositions, atelier cuisine, ou même des « paysages sonores ». Une notion de paysage bien élastique en somme, qui se confond au final avec celle de patrimoine.
« À l’époque de la mondialisation, il y a une perte de repères générale, car la mondialisation fabrique de l’uniforme. Il faut sortir de l’uniforme du monde et se réapproprier les spécificités du local. Ce n’est pas une posture réactionnaire : nous sommes tous égaux, mais tous plongés dans une réalité locale différente », estime Philippe Mouillon, largement approuvé par Jean-Pierre Barbier, président du Département.
Aux limites de l’Isère
Premier exemple : l’exposition « L’Isère, à la limite » qui se tiendra à l’extérieur du Musée de l’Ancien Évêché du 15 septembre au 15 décembre 2016. Le photographe Yann de Fareins propose ici des clichés réalisés aux différentes limites du département. L’occasion de montrer la richesse des paysages isérois tout en se jouant de cette frontière parfois invisible.
L’attachement très marqué de la majorité du Conseil départemental à la notion de patrimoine se confirme ainsi en cette rentrée culturelle 2016 – 2017. De même que l’intérêt tout particulier que porte Jean-Pierre Barbier à la culture sur l’ensemble du département. « J’ai fait la rentrée des collèges et visité plusieurs établissements. Quand vous voyez les différences entre les collèges et les collégiens, vous vous dites que nous avons une véritable responsabilité pour que la culture soit diffusée partout et pour tous ! »
Mais pourquoi la culture à travers cette notion de paysage ? « Les paysages sont ce qu’ils sont, mais l’homme les a transformés, a mis sa patte, il ne faut pas le nier, note Jean-Pierre Barbier. Des personnes ont vécu avant nous et ceci doit être respecté pour assurer l’avenir. Retrouver ses racines, ses traditions, c’est savoir d’où l’on vient et où l’on va. »
La culture et le fouet
Vice-président délégué à la Culture et au Patrimoine, Patrick Curtaud, avant de dresser un bilan culturel estival qu’il juge « positif », n’oublie pas de son côté de tacler la précédente majorité du Département. « Notre politique culturelle permet de faire de nombreuses choses qui n’ont pas été faites ou qui ont été abandonnées par le passé. Quand on a perdu 35 % sur le budget de la culture en quatre années, il était indispensable de donner un coup de fouet ! » Paysages et ambiance…
Un coup de fouet, autrement dit « un million d’investissement par an », indique le vice-président, dans le cadre du Plan patrimoine départemental. Ce qu’il appelle le « patrimoine de proximité » sera à l’honneur : « C’est l’église du village, le château d’une petite ville, une croix de chemin… Il est nécessaire de les restaurer, de leur redonner vie. Et en les restaurant, on donne du travail aux entreprises locales. »
Après avoir annoncé que les « laboratoires de l’innovation » – dans le cadre d’un observatoire de la lecture publique – prévus pour Saint-Martin-d’Hères en 2016 et Bourgoin-Jallieu en 2017 auraient quelques mois de retard, Patrick Curtaud révèle encore la volonté du Département de soutenir les résidences d’artistes sur l’ensemble du territoire, ainsi que les écoles de musique. « Le Département veut être pilote de tout ce qui peut se faire en matière de développement de formations de musique », insiste-t-il.
Et ce dernier de saluer le travail réalisé par les musées départementaux, tout en précisant que la politique de gratuité de ces musées sera bien maintenue. L’inverse, sur fond d’effervescence culturelle, aurait certainement fait tache… dans le paysage.