DÉCRYPTAGE – Chaque année, les particules en suspension dans l’air causent la mort d’une centaine de personnes dans l’agglomération grenobloise. Alors qu’une nouvelle étude précise l’impact sur la santé de la pollution atmosphérique, la lutte, elle, patine. Les certificats qualité de l’air – vignettes apposées sur les pare-brise des véhicules pour réglementer l’accès au centre-ville en cas de pollution – que Grenoble voulait la première expérimenter sont au point mort. Mauvaise nouvelle ? Pas sûr…
Une nouvelle étude sur les impacts sur la santé de la pollution de l’air enfonce le clou. Chaque année, entre 3 et 7 % des décès survenant dans l’agglomération grenobloise seraient dus à la pollution atmosphérique. En cause : les PM 2,5, ces particules fines dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns et qui s’insinuent au plus profond de l’appareil respiratoire. Ces micro-poussières causeraient 114 décès par an.
Une pollution qui serait également responsable de 3 à 10 % des nouveaux cas de cancer du poumon. C’est la conclusion d’une étude menée par l’équipe d’épidémiologie environnementale de l’Institut pour l’avancée des biosciences (IAB)*, anciennement Institut Albert-Bonniot.
On s’en doutait mais ces nouveaux travaux viennent confirmer les résultats de la précédente évaluation menée il y a une quinzaine d’années par l’Institut national de veille sanitaire dans quarante communes autour de Grenoble**. Les affiner aussi, grâce aux données d’exposition développées par Air Rhône-Alpes, l’observatoire de la qualité de l’air dans la région.
Sans surprise, ce sont les quartiers défavorisés de Grenoble (proches des principaux axes de circulation notamment) qui sont les plus touchés. « C’est dans les quartiers les moins favorisés que les bénéfices d’une amélioration de la qualité de l’air se feraient le plus sentir », notent les auteurs de l’étude.
Grenoble, toujours au point mort
Les risques que font peser les particules fines sont connus. Répétés. Repérés. Ils pourraient être facilement réduits aussi. En Europe et au Japon, des villes ont depuis longtemps mis en place des plans d’action. A Tokyo, les autorités sont ainsi parvenues à diminuer de 50 % les concentrations en particules fines entre 2001 et 2010.
« Les niveaux de particules fines sont probablement le principal levier qui peut être actionné pour améliorer significativement la santé des populations de zones urbaines comme Grenoble ou Lyon, où la pollution est sensiblement supérieure aux valeurs recommandées par l’OMS, et ceci bien que nous soyons proches et souvent en-dessous des seuils réglementaires en vigueur en Europe », explique Rémy Slama, l’épidémiologiste grenoblois qui a coordonné l’étude.
Y a plus qu’à ? Mais Grenoble est au point mort. Alors que Paris a, depuis le 1er juillet 2016, mis en place des restrictions de circulation pour tous les véhicules mis en circulation avant 1997, et que le décret d’application permettant d’instituer les zones à circulation restreinte (ZCR) a été publié le 29 juin 2016, R.A.S sur le front de la lutte contre la pollution de l’air à Grenoble…
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