FOCUS – Lionel Beffre, le nouveau préfet de l’Isère, a pris ses fonctions ce lundi 30 mai. Il succède à Jean-Paul Bonnetain, en poste depuis février 2015. Le nouveau préfet affiche sa volonté d’aller à la rencontre d’un département qu’il avoue, avec une certaine humilité, ne pas encore connaître.
« Il paraît qu’il n’est pas commode… », entend-on dans les couloirs de la préfecture de l’Isère. Ce lundi 30 mai, Lionel Beffre vient officiellement de succéder au préfet Jean-Paul Bonnetain, qui ne sera resté en fonction que dix-huit mois.
Un nouveau préfet, c’est toujours un peu d’inconnu et, dans le cas de Lionel Beffre, l’inconnu est réciproque : « Je ne connais pas le département de l’Isère, confie-t-il. Je n’ai jamais eu l’occasion d’y servir dans ma carrière et ne le connais pas non plus en tant que touriste, mais j’ai hâte d’en découvrir et les forces, et les charmes, et les atouts. »
Une carrière mouvementée
Chevalier de la Légion d’honneur, de l’Ordre national du mérite, des Palmes académiques et du Mérite agricole, ce licencié en droit compte dans son parcours plusieurs titres de sous-préfet et d’administrateur civil. Conseiller en 2004 pour les affaires financières au cabinet du ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin, il a par la suite été nommé préfet de Lot-et-Garonne, d’Eure-et-Loire et des Pyrénées-Atlantiques.
Enfin, Lionel Beffre arrive en Isère après avoir été, durant trois ans, haut-commissaire de la République en Polynésie française. Un poste où les enjeux et les compétences sont souvent bien différents de ceux de la Métropole. Ainsi, la Polynésie n’est-elle pas concernée par l’état d’urgence, et son statut d’autonomie du territoire change considérablement le rapport aux élus.
À en juger par le ton général de la presse polynésienne, Lionel Beffre aura laissé – et gardé – un bon souvenir de son passage en Polynésie. La plume est plus mordante quant à sa précédente affectation comme préfet des Pyrénées-Atlantiques, de février 2012 à septembre 2013.
Les nationalistes basques n’ont, en effet, pas apprécié que Lionel Beffre s’oppose à la construction d’une Iskalota (école où l’enseignement se fait en basque) dans la ville de Hendaye. Ainsi, le journal “patriote” Enbata n’a pas manqué d’égratigner le préfet Lionel Beffre et de moquer son départ pour la Polynésie.
Se rendre sur le terrain
Autant de mésaventures qui ne devraient pas se présenter en Isère, sauf improbable ouverture d’une école en arpitan (francoprovençal). Rien d’étonnant, dès lors, que les trois lignes directrices fixées par le nouveau préfet restent dans la lignée des compétences habituelles de l’État.
Lionel Beffre insiste ainsi, en premier lieu, sur la sécurité, et notamment la sécurité routière, à laquelle il se dit « particulièrement attaché ». Viennent ensuite les questions du développement économique et de la cohésion sociale. « L’un ne va pas sans l’autre ! », insiste le préfet. Dernière priorité, l’aménagement du territoire, « parce qu’il m’importe de ne laisser aucun territoire à l’écart du progrès ou des services publics ».
Des territoires que le préfet compte bien visiter. « Il ne suffit pas de rester dans son bureau pour comprendre un département. Il faut aller à la rencontre des autres, ce que je ferai dans le cadre de visites de courtoisie, comme fait tout préfet. Mais en me rendant également sur le terrain pour comprendre l’Isère et rencontrer des gens qui vous disent des choses qui ne sont pas forcément dans les fiches. »
« La richesse de notre démocratie »
Quand on demande à Lionel Beffre comment la préfecture va se situer par rapport aux disparités politiques qui marquent le territoire de l’Isère, notamment entre une Grenoble écologiste et un Conseil départemental marqué à droite, le nouveau préfet évoque l’intérêt général.
« J’ai bien noté qu’il existait des divergences politiques initiales. Mais les uns comme les autres ont le même objectif de faire en sorte que cela aille mieux pour la population. Seuls les moyens d’y parvenir sont différents. Le rôle de l’État, c’est de faire en sorte que chacun aille dans le sens de l’intérêt général en travaillant côte à côte. Je ne dis pas que cela va marcher à tous les coups, mais nous nous y efforcerons. »
Le préfet affirme travailler avec tous les partenaires, dès lors qu’ils sont élus et issus du suffrage universel. « Je ne choisis pas mes interlocuteurs : tous sont légitimes dans leur domaine respectif, et nous allons essayer de faire avancer le train », assure Lionel Beffre, avant de conclure sur une petite pointe d’ironie : « Mais j’ai bien noté qu’il y avait effectivement une diversité d’approche… qui traduit bien la richesse de notre démocratie. »