Soirée Queer lors de la Semaine des fiertés 2016. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

Semaine des fier­tés LGBTI : un “anti­dote à la honte” contre l’homophobie

Semaine des fier­tés LGBTI : un “anti­dote à la honte” contre l’homophobie

FOCUS – La troi­sième édi­tion de la Semaine des fier­tés les­biennes, gays, bisexuelles, trans­sexuelles et inter­sexes, orga­ni­sée par le Centre LGBTI Grenoble-Cigale et sou­te­nue par la ville de Grenoble, bat son plein depuis le 17 mai. Si les asso­cia­tions saluent les évo­lu­tions légis­la­tives en la matière, elles déplorent que l’ho­mo­pho­bie soit encore très pré­sente, notam­ment sur les réseaux sociaux.

Un remède de cheval contre l'homophobie ! © Joël Kermabon - Place Gre'net

Un remède de che­val contre l’ho­mo­pho­bie ! (Cliquer pour agran­dir la photo) © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Sommes-nous libres de vivre nos droits ? », inter­roge Emmanuel Carroz, adjoint à l’Égalité des droits et à la Vie asso­cia­tive de la ville de Grenoble. Ce der­nier, qui s’est exprimé le 17 mai, lors de l’i­nau­gu­ra­tion de la troi­sième édi­tion de la Semaine des fier­tés les­biennes, gays, bisexuelles, trans­sexuelles et inter­sexes[1], n’est guère opti­miste. Et la ques­tion reste, selon lui, ouverte bien que la France fasse désor­mais par­tie des dix-sept pays ayant adopté le mariage pour tous et qu’elle ait ins­crit dans son droit l’a­dop­tion plé­nière pour les couples de même sexe.

« La fierté, c’est l’an­ti­dote de la honte »

Après le suc­cès ren­con­tré lors de ses deux pre­mières édi­tions, notam­ment celle de 2015, la Semaine des fier­tés orga­ni­sée par le comité Fiertés du Centre LGBTI de Grenoble-Cigale pro­pose jus­qu’au 29 mai un éven­tail d’activités infor­ma­tives, mili­tantes, spor­tives, cultu­relles et fes­tives, dans dif­fé­rents endroits de la ville.

Marche des fiertés 2015. © Joël Kermabon - placegrenet.fr

Marche des fier­tés 2015. © Joël Kermabon – pla​ce​gre​net​.fr

En point d’orgue, la Marche des fier­tés – enten­dez la Gay Pride, ou encore « LGBT Pride » – clô­tu­rera dix jours d’événements, ce der­nier samedi de mai.

« C’est un jour où nous mar­che­rons fiè­re­ment parce que la fierté, c’est l’an­ti­dote de la honte », explique le collectif.

Une manière, selon lui, d’in­ter­pel­ler « sur cet exer­cice encore périlleux qu’est la jouis­sance des droits de chaque indi­vidu à vivre ses choix de vie dans une société qui les hié­rar­chise, pro­dui­sant inéga­li­tés, rejet ou stig­ma­ti­sa­tion ».

« Des élus refusent de célé­brer des unions entre per­sonnes de même sexe »

De grands pas vers l’é­ga­lité des droits, arra­chés de haute lutte, sont certes désor­mais gra­vés dans le marbre de la loi, se féli­cite Emmanuel Carroz. Même si, constate-t-il amè­re­ment, rien n’est défi­ni­ti­ve­ment gagné et que le com­bat contre les « LGBTphobies » doit conti­nuer. « Je repose la ques­tion : sommes-nous libres de vivre ces droits quand cer­tains élus refusent encore de célé­brer des unions entre deux per­sonnes de même sexe, soit-disant pour des rai­sons de conscience ? » Quant à l’a­dop­tion plé­nière, elle reste, tou­jours selon l’élu, une entre­prise dif­fi­cile, longue et semée d’embûches.

« Il est temps, en 2016, de faire un bilan de l’a­van­cée des droits LGBTI acquis depuis 2012, d’au­tant plus que de nou­velles élec­tions majeures se pro­filent », s’in­quiète, quelque peu énig­ma­tique, Emmanuel Carroz.

Emmanuel Carroz lors de l'inauguration de la Semaine des fiertés. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Emmanuel Carroz lors de l’i­nau­gu­ra­tion de la Semaine des fier­tés. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Sommes-nous libres d’ai­mer qui nous vou­lons dans une société encore sclé­ro­sée par le rejet et la stig­ma­ti­sa­tion ? […] Sommes-nous libres d’a­voir des papiers conformes à notre iden­tité de genre lorsque nous sommes trans­sexuels ou inter­sexes ? » Pour le Centre LGBTI-Cigale, le che­min qui reste à par­cou­rir vers ces reven­di­ca­tions est encore long.

L’association en veut pour preuve le très édi­fiant rap­port annuel 2016 sur l’ho­mo­pho­bie qui dénonce « une homo­pho­bie ancrée dans le quo­ti­dien, au tra­vail, à l’é­cole ». Principaux vec­teurs de cet ostra­cisme selon SOS Homophobie ? Internet et les réseaux sociaux, « des viviers où l’on peut consta­ter de véri­tables déchaî­ne­ments de haine », s’in­surge Kentin Bonnefond de SOS Homophobie.

C’est la rai­son pour laquelle, le 15 mai der­nier, SOS Racisme, l’Union des étu­diants juifs de France (UEJF) et SOS Homophobie ont décidé de por­ter plainte conjoin­te­ment contre les pla­te­formes YouTube, Facebook et Twitter pour non-res­pect de leurs obli­ga­tions de modération.

Sensibiliser les plus jeunes pour évi­ter la stigmatisation

Sophie Vilfroy, du Centre LGBTI-Cigale en est convain­cue, c’est autant de rai­sons de ne sur­tout pas bais­ser la garde, de res­ter mobi­li­sés et de conti­nuer à « prô­ner l’é­ga­lité de tous et de toutes dans la société ».

Stand de l'association SOS Homophobie. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Stand de l’as­so­cia­tion SOS Homophobie. © Joël Kermabon – Place Gre’net

L’occasion pour l’as­so­cia­tion de rap­pe­ler ses prin­ci­pales reven­di­ca­tions poli­tiques et sociales : la sim­pli­fi­ca­tion des pro­cé­dures judi­ciaires, médi­cales, éco­no­miques et sociales de chan­ge­ment d’état civil pour les trans­sexuels et inter­sexes, l’arrêt de la stig­ma­ti­sa­tion des pra­tiques sexuelles, l’ouverture du droit au don du sang des gays sans période d’abstinence de douze mois, et celle – plus contes­tée – de la pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée (PMA) pour les lesbiennes.

Mais aussi une sen­si­bi­li­sa­tion, dès le plus jeune âge, à l’é­ga­lité et au res­pect des dif­fé­rences, dans le but d’éviter la stig­ma­ti­sa­tion des per­sonnes LGBTI. « Nos reven­di­ca­tions se veulent éga­li­taires et inclu­sives pour tous nos sem­blables. Ensemble, nous devons lut­ter contre toutes les exclu­sions et toutes les dis­cri­mi­na­tions », conclut Sophie Vilfroy.

Un sou­tien « sans faille » de la ville de Grenoble

Qu’en est-il de cette mobi­li­sa­tion au plan local ? « À Grenoble, nous sommes mobi­li­sés. Éric Piolle, son maire, a signé la Charte euro­péenne pour l’é­ga­lité des femmes et des hommes dans la vie locale. Cette charte com­prend un article qui impose la mise en place d’un dis­po­si­tif contre les vingt formes de dis­cri­mi­na­tion recon­nues par la loi, dont celles liées à l’i­den­tité de genre ou à l’o­rien­ta­tion sexuelle », explique Emmanuel Carroz.

Un remède de cheval contre l'homophobie ! © Joël Kermabon - Place Gre'net

Projection d’un court-métrage réa­lisé par l’as­so­cia­tion Le Refuge. © Joël Kermabon – Place Gre’net

La mai­rie de Grenoble s’im­plique en interne avec les agents de la Ville et du Centre com­mu­nal d’ac­tion sociale (CCAS) en adap­tant les pro­cé­dures d’a­lerte, de for­ma­tion et d’ac­com­pa­gne­ment, avec l’é­di­tion d’un livret sur l’é­ga­lité au tra­vail, assure l’élu. Qui pré­cise que « le sou­tien de la Ville de Grenoble aux par­te­naires ins­ti­tu­tion­nels et asso­cia­tifs lut­tant contre les “LGBTphobies” est sans faille ». Et pour cause : « J’ai été alerté à plu­sieurs reprises de cas de LGBTphobies subis sur­tout par des jeunes », témoigne-t-il.

« C’est pour cela que nous tra­vaillons conjoin­te­ment avec les asso­cia­tions du Centre LGBTI de Grenoble, SOS Homophobie ou Le Refuge, dont nous sou­te­nons la créa­tion d’une antenne à Grenoble. »

Joël Kermabon et Yuliya Ruzhechka

[1] Intersexe : être humain ou ani­mal dont les organes géni­taux sont dif­fi­ciles ou impos­sibles à défi­nir comme mâles ou femelles selon les stan­dards habituels.

Soirée Queer lors de la Semaine des fiertés 2016. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

Soirée Queer lors de la Semaine des fier­tés 2016. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’Net

QUEER : QUÈSACO ?

Le 19 mai der­nier, au nombre des ani­ma­tions pro­po­sées dans le cadre de la Semaine des fier­tés, l’association A jeu égal orga­ni­sait une soi­rée “queer”.

Ce mot anglais ne vous dit rien ? Apparu dans les années 80, ce terme, qui appar­tient à la ter­mi­no­lo­gie propre à l’u­ni­vers LGBTI, n’a pas de défi­ni­tion conven­tion­nelle, si ce n’est « étrange », « bizarre » ou encore « hors normes ».

Le tango queer per­met, par exemple, de revi­si­ter le tango argen­tin en réin­ter­pré­tant et en inter­chan­geant les rôles tra­di­tion­nel­le­ment assi­gnés aux hommes et aux femmes.

Comment les par­ti­ci­pants de la soi­rée défi­nissent-ils ce concept encore méconnu du grand public et en quoi la danse queer se dif­fé­ren­cie-t-elle de la danse clas­sique ? Éléments de réponse dans notre portfolio.

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Retrouvez le pro­gramme de la Semaine des fier­tés sur le site de l’as­so­cia­tion Centre LGBT Grenoble-Cigale.

Joël Kermabon

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