FOCUS – Grenoble École de management (Gem) et EM Lyon Business School ont annoncé leur alliance, fin mars. Si l’heure n’est pas à la fusion, la création d’Alliance Lyon-Grenoble Business School devrait entraîner de profonds changements. Et faire de cette nouvelle entité un acteur majeur au plan national et international.
« La force de nos deux écoles est telle que, si on les rassemble, on obtient la meilleure école française en matière de résultats », affirme Loïck Roche, directeur de Grenoble École de management.
Et d’ajouter : « C’est une alliance, ce n’est pas une fusion. L’idée est de trouver comment améliorer encore ce que l’on fait déjà chacun de notre côté, et de trouver comment faire, ensemble, des choses nouvelles que l’on n’aurait pas pu faire tout seul. » Une alliance selon des logiques territoriales et académiques qui sait faire fi de la concurrence entre ces deux écoles.
« Nos écoles seront un point d’appui pour le développement de la région », se réjouit Loïck Roche. Entendez pour les entreprises de Rhône-Alpes. L’objectif est notamment de redonner de la valeur au territoire, tant au plan économique qu’académique, en mutualisant les forces de façon progressive.
Stratégie de recherche et d’innovation commune
Quels sont les intérêts pour les étudiants ? D’abord, la spécialisation des contenus, qui s’appuiera sur les domaines de prédilection de chacune des écoles. Selon ce que les étudiants recherchent, l’orientation se fera ainsi à Grenoble, pour une spécialisation à l’innovation, ou à Lyon pour une spécialisation entrepreneuriale.
Second avantage : le développement académique. Les directeurs comptent déployer une stratégie de recherche et d’innovation commune, qui passera notamment par la création d’une fondation Innovation-entrepreneuriat. Effective dès septembre 2016, le rapprochement de ces deux écoles devrait voir émerger un corps professoral composé de 200 permanents. Et permettre d’accueillir 10.000 étudiants en formation initiale.
Autre point marquant de ces changements : le programme des formations. « Ce n’est pas encore décidé, mais les deux écoles pourraient développer ensemble les programmes au lieu de les développer de façon isolée. On va en muscler un certain nombre, surtout les programmes MBA [Master in business administration, ndlr], ainsi que le programme des Bachelors, pour l’essentiel. On va peut-être créer un MBA commun, pour le top management. Et il se peut que, demain, on mette d’autres programmes dans cette alliance pour accélérer leur croissance. »
Et au plan économique ? Le changement majeur réside dans l’offre de formation continue, qui sera désormais développée à Grenoble. Mais pas seulement. Lyon Business School et Grenoble École de management comptent également proposer du conseil en entreprise.
« Une force de frappe extrêmement importante »
Avec près de 120 millions d’euros de budget additionnés, nul doute qu’Alliance Lyon-Grenoble Business School va peser dans le milieu des grandes écoles. Et augmenter sa visibilité après la récente fusion de Sup de Co Lille et Nice (Skema), ou celle de l’Institut européen d’administration des affaires (Insead) et de Wharton.
« En additionnant nos ressources, on aura une force de frappe extrêmement importante, avec davantage d’argent. Nous allons ainsi créer un corps professoral qui pourra rivaliser avec les meilleurs, comme HEC [École des hautes études commerciales de Paris, ndlr]. On sera quasiment à égalité », se félicite Loïck Roche.
D’ici 2021, l’Alliance compte attirer quelque 14.000 étudiants et 250 professeurs, pour un budget à la hauteur de ses attentes : 180 millions d’euros.
Cassandre Jalliffier
GEM ET EM LYON : DEUX BONNES ÉLÈVES
Gem et EM Lyon jouent dans la même cour : même nombre d’étudiants (5.000) et de professeurs, budget équivalent (environ 50.000 euros).
Selon le palmarès Challenges, Gem se classe neuvième et EM Lyon quatrième dans le tableau des meilleures écoles de commerce françaises. Au plan européen, Grenoble occupe la vingtième position, soit neuf places devant l’école lyonnaise.
Par ailleurs, Grenoble et Lyon font partie des treize écoles de commerce françaises détenant la triple accréditation AACSB (Association to Advance collegiate schools of business), Equis (European quality improvement system) et AMBA (Association of masters of business administration). Ces accréditations répondent à des critères très sélectifs et rigoureux concernant les formations et les programmes.