DÉCRYPTAGE - Face à l'impact du réchauffement climatique sur l'économie de la montagne, bon nombre de gestionnaires de stations font le choix d'investir dans la neige de culture. Car moins de neige, c'est moins de touristes… Un choix stratégique dans la droite ligne du Plan montagne initié par Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et soutenu par le département de l'Isère.
« Soixante pour cent des domaines skiables de nos concurrents européens sont équipés en canons à neige, alors qu'en France, on est à peine à 30 % », assène Didier Beuque, directeur général de la Société d'équipement de Villard-de-Lans et Corrençon-en-Vercors (SEVLC).
« Quand il manque de la neige, nous ne pouvons donc ouvrir que 30 % des pistes ! Tant que ce chiffre n'arrivera pas à 60-70 %, on ne sera pas compétitifs. »
Et Didier Bic, président de l'Association des fournisseurs de matériels et services pour la montagne (Afmont), d'ajouter : « L'Autriche, où le développement de la neige de culture est plus important, est devenu le premier concurrent de la France en termes d'aménagement de la montagne et du nombre de touristes dans les stations. »
« La moitié du chiffre d'affaires avec la neige de culture »
Le réchauffement climatique a indéniablement un impact direct sur l'enneigement, notamment dans les stations de moyenne montagne. D'où le recours à la neige artificielle. « Lors de la saison 2015-2016, nous avons fait la moitié de notre chiffre d'affaires uniquement avec la neige de culture, confie ainsi Éric Chambon, chef des pistes de l'Espace Villard-Corrençon. Sans elle, la station aurait été ouverte une quinzaine de jours seulement. »
Et de préciser les avantages de cette neige : « Elle est quatre à cinq fois plus solide que la neige naturelle, car ce ne sont pas des flocons mais des billes de neige. Elle résiste mieux aux abrasions et au vent, et fond donc moins vite. Pour les stations de moyenne altitude, c'est une sécurité pour toute la saison. »
Mais le coût de ces équipements est élevé : il faut compter environ 20.000 euros pour un enneigeur, sans compter la maintenance, la main-d'œuvre et la consommation d'énergie. La station de Villard-Corrençon, qui s'est équipée de ses premiers canons à neige en 1982, affirme toutefois avoir divisé par dix ses besoins énergétiques grâce aux « progrès technologiques », notamment les retenues colinéaires au sommet de la station. De grandes retenues d'eau aménagées à coups de pelleteuses, dont les associations environnementales dénoncent l'impact sur le milieu naturel.
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