EN BREF – Ces jeudi 14 et vendredi 15 avril 2016, le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes se prononcera pour ou contre la subvention de 4,7 millions d’euros au projet de Center Parcs à Roybon, dans le cadre du vote budgétaire de la Région. Un nouveau rebondissement dont s’est inquiétée l’association Pour les Chambaran sans Center Parcs, qui a publié une lettre ouverte aux élus.
Relancer l’économie touristique, certes, mais à quel prix ? La lettre ouverte que vient d’adresser l’association Pour les Chambaran sans Center Parcs (PCSCP) aux élus de la région Auvergne-Rhône-Alpes, vise à les amener à s’interroger sur la pertinence d’un tel projet, qui fait l’objet d’une vive polémique depuis plusieurs années déjà.
Pour rappel, le groupe Pierre & Vacances envisage de construire dans le massif des Chambaran un village vacances de 1000 cottages sur 200 hectares de forêts, pouvant accueillir jusqu’à 5000 personnes en pleine saison. Ce Center Parcs disposerait d’infrastructures commerciales et hôtelières. L’auteur de la lettre ouverte, Marc Revol-Buisson, président de l’association Pour les Chambaran sans Center Parcs, s’insurge : « On va créer une nature aliénée au profit d’une structure privée qui promeut une forme de tourisme “hors sol”, déconnecté du territoire sur lequel il s’implante, dans le seul intérêt de survivre. »
L’un des aspects les plus controversés du projet réside dans la construction d’une base de loisirs aquatiques sous une bulle tropicale chauffée toute l’année à 29 °C. En cause, les risques environnementaux qui y sont liés, dont « la destruction irrémédiable d’un écosystème fragile et protégé ».
« Exposez ouvertement les problématiques qui y sont soulevées, examinez attentivement les réponses et agissez à partir de là, en conscience et en toute liberté », demande aux élus cette lettre ouverte par la voix de Marc Revol-Buisson, qui souhaite, en l’état actuel du projet, que cette subvention ne soit pas accordée.
« Aucune réelle plus-value à l’offre touristique »
Financé en grande partie par des investisseurs et des aides publiques de l’État et des collectivités, « ce projet n’apporte aucune réelle plus-value à l’offre touristique », selon Marc Revol-Buisson, qui précise : « Le site convoité par le groupe Pierre & vacances est situé sur un territoire localisé en tête des bassins versants de l’Herbasse et de la Galaure, classés par le Sdage [Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux, ndlr] en réservoirs biologiques, et faisant l’objet d’un contrat de rivière. Les couches géologiques profondes du massif des Chambaran constituent un réservoir d’eau exceptionnel et fragile. De par sa situation géographique, et bien que situé en Isère, ce projet présente donc un risque majeur pour toute la Drôme des collines, qui n’a d’ailleurs pas été consultée. »
Au-delà des compensations environnementales qui seraient, selon l’association, trop faibles et mal pensées, notamment dans le cas de la reconstruction de zones humides, d’autres enjeux sont mis en lumière : manque de concertations, retombées économiques très discutables au regard des aides publiques versées et des risques environnementaux…
La partie est loin d’être gagnée pour les opposants. Le préfet a, en effet, déjà exprimé son soutien au projet, arguant du fait que la construction de ce Center Parcs créerait des emplois en générant un afflux touristique indispensable au dynamisme de la région.
Cassandre Jalliffier