BLOG CULTURE – L’ensemble toulousain Dulci Jubilo sera de passage à Grenoble samedi 19 mars. Ce jeune chœur de chambre est programmé à l’auditorium du Musée de Grenoble par l’Association des étudiants du master Diffusion de la culture (Aémd), dans le cadre de son festival « Plutôt la vie ». A 23 ans tout juste, Christopher Gibert dirige cet ensemble qu’il a fondé… grâce aux réseaux sociaux ! De quoi faire mentir les préjugés qui voudraient que jeunesse et musique classique s’excluent.
Propos recueillis par Clémentine Maniguet
Comment devient-on un chef de chœur reconnu à seulement 23 ans ?
J’ai commencé la musique assez tard, à 15 ans, par le piano. Puis je me suis rapidement mis à l’orgue et suis entré au Conservatoire de Toulouse. C’est à ce moment-là que j’ai pris la direction du chœur, au chant grégorien. J’ai ensuite pratiqué l’écriture et l’analyse.
Aujourd’hui, je suis surtout directeur de chœur, ce qui est un mélange de toutes ces disciplines, finalement.
Bien sûr je débute, comparé à certains grands chefs. Mais je ne suis pas le seul chef à être jeune !
D’où vous est venue cette envie de fonder l’ensemble Dulci Jubilo ?
J’avais envie d’aller au-delà de mes deux heures de pratique chorale en licence de musicologie. Comme je suivais déjà une formation de chef de chœur au Conservatoire, je trouvais ça dommage de ne pas en faire plus. Un soir, sur un coup de tête, j’ai posté un message sur Facebook, en proposant de monter une pièce. Le soir même, j’avais environ 20 réponses positives ! Je ne m’attendais pas à un tel enthousiasme ! Alors on l’a fait. C’était il y a trois ans et on y est toujours !
Aujourd’hui, comment décririez-vous l’ensemble Dulci Jubilo ?
Il est composé de 25 chanteurs et musiciens, basés à Toulouse. Nous explorons essentiellement la musique baroque européenne et la musique contemporaine.
Globalement, les membres de l’ensemble ont une formation universitaire en musicologie ou sont chanteurs au Conservatoire. Parmi les chanteurs, beaucoup sont instrumentistes. D’où leur capacité d’adaptation aux différents morceaux.
Pour le programme de Grenoble, par exemple, une pièce sera accompagnée à la flûte traversière par une des chanteuses. Je trouve intéressant le fait d’entremêler un peu tout ça.
Vous êtes également compositeur…
Tout à fait. Le chœur a chanté une de mes composition l’an dernier. Une grosse pièce de quarante minutes, avec orchestre, chœur, orgue et soliste. C’était une belle aventure, mais plus difficile pour moi d’un point de vue technique. Entre écrire une pièce et la faire travailler, il y a deux mondes ! On essaie de coller au mieux à la partition, mais ce n’est jamais exactement ce que le chœur fait. Les notes y sont évidemment, mais le rendu sonore est souvent un petit peu différent. En tout cas, ça leur a bien plu et le public a été assez charmé, semble-t-il, au vu des retours qu’on a eus.
La musique classique n’attire pas tellement la jeunesse d’aujourd’hui. Vous cassez ce préjugé…
C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de jeunes qui s’intéressent à la musique classique. Mais c’est justement l’occasion pour nous de leur montrer qu’on peut faire de la musique classique et s’amuser. Évidemment c’est une pratique qui demande de la rigueur et une certaine maturité…
La jeunesse de cet ensemble n’est-elle pas un frein dans ce milieu ?
Pas du tout, au contraire, c’est même parfois un avantage ! Certains festivals aiment miser sur la jeunesse. La moyenne d’âge se situe entre 20 et 30 ans, ce qui nous apporte un certain dynamisme, qui transparaît assez immédiatement. On est un jeune ensemble, certes, mais qui a la volonté de devenir professionnel et qui s’en donne les moyens.
En quoi le programme que vous présenterez à Grenoble le 19 mars est-il inédit ?
C’est un programme que nous allons créer, autour de la musique européenne, essentiellement anglaise et française du XXe siècle. Le programme est un peu victime de l’actualité car, parmi les pièces que j’ai choisies, beaucoup ont été composées au début de la Seconde Guerre mondiale. Elles sont donc parfois très rudes, même si certaines mélodies sont pleines d’espoir. Ce n’est qu’un hasard, mais au final, ces pièces-là peuvent faire réfléchir sur notre actualité en France et dans le Monde.
Comment vous sentez-vous à l’approche de cette première ?
Ça va, ça pourrait être pire ! (rire) On a pas mal travaillé, donc on verra ! On a dû trouver une nouvelle manière de travailler tous ensemble afin d’obtenir le son le plus pur et le plus correct possible. Les chanteurs ont bien progressé grâce à cette nouvelle expérience.
Le chant a cappella requiert d’autres exigences que le chant accompagné par un instrument.
Là, le chœur est à l’état pur. Sur ce programme, on explore également de nouveaux répertoires, avec notamment des pièces de Benjamin Britten ou Francis Poulenc. On espère donc que ça plaira au public.
Clémentine Maniguet, étudiante en master Diffusion de la culture
INFOS PRATIQUES :
à l’Auditorium du Musée de Grenoble
Samedi 19 mars 2016
Tarifs : 8 à 15 euros