REPORTAGE – Si l’incendie – a priori accidentel – du campement Flaubert à Grenoble n’a fait aucune victime, il plonge plusieurs familles roms dans des conditions d’hébergement encore plus précaires. En particulier celles qui n’auront bénéficié que de quatre nuitées dans des chambres d’hôtel et se voient aujourd’hui contraintes de les quitter sans qu’aucune solution de logement ne leur soit proposée.
« On ne peut pas rester dehors comme ça avec les enfants ! Moi et ma famille, je ne peux même pas dire que nous vivons comme des chiens, parce que les chiens sont bien protégés en France ! »
La jeune femme qui s’exprime ainsi s’appelle Zorina. Elle est Rom et réside dans l’agglomération grenobloise depuis huit ans. Elle est mariée et a deux enfants scolarisés, dont elle ne peut payer la cantine. Elle était à Esmonin. Elle était à Flaubert. Elle est à la rue.
Et tandis qu’elle parle, un passant, la tête enfoncée dans les épaules, maugrée à son intention avant de continuer son chemin d’un pas vif : « Tu n’as qu’à rentrer chez toi. » Elle ne l’entend même pas. Peut-être par habitude.
L’incendie qui, le 28 décembre 2015, a ravagé une partie du campement Flaubert, pose une nouvelle fois, une énième fois, la question de l’hébergement ou du logement des familles roms vivant sur le territoire grenoblois.
La petite centaine de personnes qui occupait ce campement a été, en premier lieu, hébergée dans un gymnase mis à disposition par la municipalité.
Une solution temporaire avant que les services du CCAS et ceux de la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale, qui dépend de la préfecture) ne proposent des nuitées d’hôtel aux différentes familles.
Des tensions manifestes entre la mairie et l’État
Mais une fois encore, les tensions entre la municipalité grenobloise et l’État sont manifestes. « La proposition de la préfecture a été de prendre en charge vingt personnes, pour quatre nuits d’hôtel. La ville de Grenoble a donc fait le choix de prendre en charge les soixante-quatre autres personnes, en ayant le souhait d’assurer cette prise en charge sur une durée plus longue que quelques semaines », explique Alain Denoyelle, président du CCAS, qui rappelle cependant que le logement des personnes sans-abris relève de la compétence de l’État.
C’est ainsi que le lundi 4 janvier, plusieurs familles ont été priées de quitter les chambres d’hôtel qu’elles occupaient, la préfecture ayant fait savoir qu’elle ne les financerait plus. Le mardi 5 janvier au matin, ce sont les personnes logées à l’hôtel Alizé, à proximité de la gare de Grenoble, qui devaient subir le même sort. Dans l’indifférence générale ? Pas vraiment : soutenus par le Collectif hébergement-logement, ces Roms mis à la rue ont décidé de faire connaître leur colère et leur désarroi en manifestant dès midi devant les portes de l’hôtel.
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