ENTRETIEN – Le procès du double meurtre de Kevin et Sofiane se déroule à huis-clos jusqu’au 11 décembre prochain. Rien, ou presque, ne filtre des débats. Doit-on pour autant renoncer à s’interroger sur la violence aveugle ? Celle qui a conduit à la mort de deux innocents, lynchés par un groupe de jeunes hommes pour un mauvais regard, le 28 septembre 2012 à Échirolles. Analyse de Laurent Bègue, professeur grenoblois de psychologie sociale.
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Professeur de psychologie sociale à l’université Pierre Mendès-France de Grenoble et directeur de la Maison des sciences de l’homme-Alpes, Laurent Bègue s’intéresse à la violence tous azimuts. Ne s’interdisant aucune interrogation, il a été récompensé en 2013 par l’Ig Nobel (visant à « récompenser les réalisations qui font d'abord rire les gens, puis les font réfléchir ») en psychologie, pour ses travaux originaux sur l’effet placebo de l’alcool sur la perception de soi.
Membre expert de conseils scientifiques et du conseil départemental de prévention de la délinquance en Isère, il est régulièrement consulté sur ce thème par des organisations comme l’Onu ou par des institutions telles que le Sénat en 2013. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, en particulier, L’agression humaine (Dunod, 2015) et Psychologie du bien et du mal (Odile Jacob, 2011).
Sa dernière étude, qui fait l’objet d’une publication dans la revue Psychology, Crime and Law de novembre 2015, est consacrée au port d’armes chez les adolescents.
Un élément central dans l’affaire criminelle d’Échirolles puisque les agresseurs ont utilisé couteaux, objets contondants – marteau, manches de pioche, bouteille de vodka - et un revolver à grenaille pour tuer Kevin et Sofiane, sans défense.
Quelle est la mécanique de cette violence inouïe pour un motif dérisoire ?
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