DÉCRYPTAGE - Les communes composant la Métropole de Grenoble ont décidé, à une très large majorité, d'abaisser progressivement la vitesse à 30 km/h sur leur territoire, à partir du deuxième semestre 2016. Une première en France à l'échelle d'une grande agglomération. Objectifs : améliorer la sécurité et réduire la pollution. Une décision qui ne fait toutefois pas l'unanimité, notamment dans le monde économique.
En 2016, l'exception deviendra la règle. © Joël Kermabon - Place Gre'net
Les panneaux de limitation de vitesse à 50 km/h situés à l'entrée des communes de l'agglomération grenobloise devront tous être remplacés. A compter du deuxième semestre 2016, il ne sera en effet plus possible de rouler au-delà de 30 km/h, sauf sur certains grands axes qui conserveront la limite à 50 km/h. Dès lors, on ne parlera plus de “zones 30” mais bien de “zones 50”, ces dernières devenant l'exception.
Un dispositif réglementaire pour une « Métropole apaisée » qui vise notamment à améliorer la cohabitation entre les voitures et les usagers les plus vulnérables que sont les piétons et les cyclistes.
Réduire le risque de blessures en cas de choc avec un piéton
Pour Yann Mongaburu, vice-président de Grenoble-Alpes Métropole en charge des déplacements, la sécurité, particulièrement celle des enfants et des personnes âgées, est au cœur des enjeux d'une métropole apaisée. « Quand on traverse nos villes et nos villages, il faut que chacun puisse être respecté et se sentir en sécurité dans ce qui est un espace public », explique-t-il. Bien évidemment, souligne l'élu, les usagers de l'automobile doivent y avoir leur place, tout comme les autres modes de déplacement.
Conférence de presse du 15 septembre 2015. © Joël Kermabon - Place Gre-net
Notamment la marche, « trop souvent oubliée et qui représente actuellement 30 % des déplacements dans l'agglomération », précise-t-il.
« C'est une mesure pragmatique pour ne pas dire de bon sens. La modération de la vitesse permet de diviser par neuf le risque de blessures en cas de choc entre une voiture et un piéton », explique Yann Mongaburu. Et de compléter : « Une voiture qui roule à 50 km/h et qui heurte un piéton provoque un décès une fois sur deux. Si elle roule à 30 km/h ce risque est divisé par neuf ». Un élément déterminant pour la sécurité des usagers dans l'espace public, selon l'élu.
Les accélérations responsables de 30 % des émissions polluantes
Quid des incidences sur la pollution ? Hormis le fait qu'une voiture atteint rarement la vitesse de 50 km/h en ville, l'idée est de jouer sur les effets d'accélérations et de décélérations plus que sur la vitesse réelle tout au long du parcours. En effet, les limitations de vitesse dans l'agglomération sont trop complexes et accentuent le phénomène des changements de régime. « En harmonisant et en simplifiant la règle, tout en jouant sur ces paramètres, non seulement nous améliorons la sécurité, mais nous jouons aussi sur la pollution.
Un schéma plus lisible et plus logique. © Métro
Nous savons que les accélérations sont responsables de 30 % des émissions de polluants liés à la circulation routière », affirme Yann Mongaburu. Le vice-président de la Métropole est cependant bien conscient qu'il pourrait y avoir des résistances. « Pour qu'une règle soit acceptée, encore faut-il pouvoir la comprendre », tempère-t-il. « Ce que nous permettons c'est de rendre la règle de modération de vitesse plus lisible, plus simple pour nos concitoyens. Nous faisons donc le pari qu'ils la respecteront mieux parce qu'ils la comprendront ».
Six communes “dissidentes” sur l'agglo
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 68 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous